Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

Intellectualité dans des fictions nulles

Ou quand tu as du mal à trouver un titre satisfaisant. J’ai capté un phénomène dont je voulais vous parler. Ca m’a interpellée alors que je matais Ange ou Démon. Parfois, dans des productions mièvres ou de faible qualité, je trouve comme une volonté d’intégrer une certaine culture. Ange ou démon ou After, aussi, beaucoup. Ou Casa del Papel. Même si j’ai l’impression qu’ils se moquent du cliché quand un mec se montre un peu érudit et que les autres se foutent de lui. Je ne comprends d’ailleurs pas l’engouement sur cette série mais ce n’est pas le sujet. Donc faut-il intégrer une patine culturelle, une « intellectualité » dans une fiction mièvre ? C’est parti !

Veronica joue les intellos dans Riverdale

J’aime pas trop les mièvreries…

Alors je n’aime pas beaucoup les histoires d’amour et tout ça en fiction. Je l’ai déjà dit mais je me dois de me répéter pour que vous compreniez que je ne serai peut-être pas tout à fait objective. Des romans mauvais, j’en ai lus. Des séries ou films ou téléfilms moisis, j’en ai consommés. Parfois à dessein sur les productions audiovisuelles, espérant me marrer au second degré. Comme la connasse méprisante que je peux être parfois. Ou aussi parce que j’aime avoir une culture un peu décalée. J’espérais devenir la spécialiste des telenovelas, j’ai pas tenu plus de 30 épisodes en cumulé… Ai-je même tenu vingt, je ne suis pas sûre. Peu importe. Tout ceci ne fut pas tout à fait vain car j’ai trouvé un petit sujet d’écriture : l’intellectualité. Intégrée avec plus ou moins de finesse dans des productions qui n’ont pas forcément vocation à être majeures.

You, le libraire fou

Regardez notre grosse intellectualité !

Je vous avais déjà parlé de Ares et sa volonté d’implanter son histoire dans une esthétique rappelant les tableaux du siècle d’or néerlandais. Mais, là, à la limite, ça faisait partie d’un propos global, poursuivons. Dans de nombreuses fictions, on essaie d’enrichir un personnage en lui donnant une marotte culturelle, un peu. Bernard Minier n’arrête pas d’écrire que son personnage, Servaz, écoute du Mahler en s’estimant plus intelligent et raffiné que le reste du monde. Casa del Papel adore nous montrer le Professeur écouter des vinyles de musique classique ou traditionnelle. Même si je ne comprends pas trop les goûts musicaux de ce personnage. Pourquoi pas, ça donne un peu de profondeur. Certains baignent même dans l’art comme Rodrigo, chef d’orchestre dans La vengeance de Veronica. Ca donne toujours un cocktail un peu détonant : un pur moment de grâce avec une scène de musique classique avec une envolée de la soprane puis on retombe dans les petits dramas des personnages… toujours un peu grand guignolesques dans leur interprétation.

Rodrigo, chef d'orchestre de telenovela

Trait de caractère du personnage ou prétention ?

Ca, je peux le comprendre. Dans un roman écrit dans ma jeunesse, j’avais fait de mon héroïne une violoniste. C’était pas tellement le coeur, c’était une histoire de Lucifer, d’ange déchu… L’héroïne préparait un concert et j’étais là “oui, on va jouer l’hymne à la joie de Beethoven, lululu”. Bon essentiellement parce que j’adore cette symphonie. Mais ce n’est pas tellement de ça dont je parle. Parfois, tu essaies de faire de ta modeste prose quelque chose de plus grand. Exemple : After, cette série de bouquin si honnie que j’ai jamais réussi à dépasser la “saison 2”. Déjà “saison”… Pendant toute la “saison” 1, Tessa suit des cours de littérature anglaise et TRES clairement, elle compare son histoire à Orgueil et Préjugés et aux Hauts de Hurlevent. Tranquille ! Ca va, Tessa, tu la vis bien ton intellectualité ? Et pareil dans Ange ou Démon. Valeria kiffe la poésie anglaise et prend un air très pénétré dès qu’on effleure le sujet. Alors qu’on nous explique régulièrement que c’est une mauvaise élève. Mais elle aussi, elle a sa petite « intellectualité touch »

Donner de l'intellectualité à son oeuvre
Je sais pas pourquoi, j’ai automatiquement donné le visage de Lea Michele à Tessa. Alors qu’elle est décrite comme blonde et que j’ai vu qu’un épisode de Glee dans toute ma vie

Mais pourquoi ce bagage culturel ?

Je suis toujours turlupinée par cette volonté d’inscrire sa fiction dans un grand mouvement littéraire. Surtout quand c’est pas une oeuvre ouf. D’ailleurs, j’ai jamais repéré ça dans un roman qui m’avait emballée, coïncidence ? Nicolas Mathieu n’a pas glissé de référence subtile à Zola. Elena Ferrante ne fait pas genre qu’elle est un monument de la littérature italienne alors même que son personnage est écrivaine… Ca me questionne. Est-ce que les personnes qui font ça ont la prétention d’écrire une grande oeuvre ? Anna Todd se rêvait l’égale de Jane Austen ou Emily Brontë ? Ce n’est pas gratuit de donner un bagage culturel à son personnage. C’est pas juste “Mon personnage écoute de la musique, il va écouter comme moi… ah merde, c’est Wrecking ball…” En vrai, j’aime bien cette chanson. Mais le fait qu’une héroïne se compare carrément à des personnages de la littérature, j’ai l’impression que c’est l’astuce du pauvre pour donner un peu de profondeur à un personnage qui n’en a aucune. Donner un bagage culturel, ok mais réfléchis au pourquoi…

Miley Cyrus dans Wrecking ball
I came in like a wrecking ball, I never hit so hard in love, All I wanted was to break your walls

Et à propos d’étudiants et tout ça, les prochaines semaines, je vous propose une quadralogie (au moins) d’oeuvre sur le lycée. A base de quaterbacks, cheerleaders et tout ça. 

Nina

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