Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

La mécanique des sentiments

J’aime bien ce titre, je pourrais presque l’utiliser pour mon projet Audrey qui en est… toujours à la page zéro. Mais j’ai commencé un document note à ce sujet, quand même. Peu importe, ce n’est pas le sujet. Aujourd’hui, discutons un peu écriture et surtout parlons d’un fail qui me hérisse le poil et fait que je vais avoir un mal fou à m’impliquer dans une histoire. Le manque d’empathie. Comment créer de l’empathie pour les personnages ? C’est ce que j’appelle pompeusement La mécanique des sentiments.

La mécanique du coeur

Je lis beaucoup de romans. Certains dans lesquels j’ai du mal à entrer, même quand j’arrive sur la fin. Et ceux que je dévore. Est-ce une question de suspense ? Ces fameux romans “page turner”, comme on dit chez LinkedIn ? Et bien pas forcément. Il y a des romans que l’on lit  en sachant très bien comment ça va se terminer mais on a un réel attachement aux personnages. Ah ! Voilà le point. La fameuse empathie dont j’ai déjà parlé mais qui est cruciale. Car un simple suspense ne suffit pas à nous impliquer.

Lectrice assoupie

Je vais prendre pour exemple The signal, une série allemande à base de cosmonautes qui auraient entendu un signal extraterrestre dans l’espace. La série est courte, 4 épisodes mais… j’en ai eu rien à faire. Pourtant, il y avait matière à suspense. Les aliens vont-ils débarquer ? Mais surtout l’héroïne a-t-elle vraiment crashé un avion de ligne ? Quel est son secret ? Le premier épisode pose beaucoup de questions, pose son suspense. Sauf que… Je ne comprends pas la motivation de la plupart des personnages. Les rebondissements sont parfois absurdes. Mais surtout, je n’ai aucun attachement pour les personnages. Alors qu’il y a quand même une petite fille de 5-6 ans qui est sourde avec une petite tête mignonne. Mais elle n’est juste pas crédible. Un coup super intelligente et perspicace, un coup totalement stupide et premier degré. Bon, c’est pas la seule incohérence, je pourrais en lister une bonne dizaine mais c’est pas le sujet.

The signal, une série nulle

La série prend le parti de nous faire suivre Paula, une scientifique qui part dans l’ISS faire des expériences qui auraient parfaitement pu se faire sur Terre vu que l’apesanteur ne sert à rien. Pas le temps de commenter les incohérences, on passe. Le souci, c’est que Paula n’est pas un personnage très expansif. Elle disparait dès le premier épisode et on va suivre son veuf et leur fille sauf que… tout le monde s’en fout. Dans la série, j’entends. Certes, la série essaie de me montrer des moments de connivence entre Paula et son mari et des moments avec leur fille mais tout est survolé, faux. Du coup, je n’ai jamais été émue, jamais intriguée. J’ai fini la série parce que ça prenait pas tant de temps. Et j’ai carrément cru que la série se foutait de ma gueule en prime à l’heure du reveal.

the signal, une fin qui se fout de nous

Le problème n’est pas tant de mettre en scène un personnage froid. On peut avoir de l’empathie avec un personnage froid à partir du moment où je peux m’identifier. Pas sur la personnalité mais un ressenti. Un personnage mal écrit, c’est une boite que l’on n’arrive pas à ouvrir. C’est juste frustrant. Dans The signal, on ne peut pas me donner des clés sur Paula car ça me spoilerait la suite de la série. Même si je dois saisir des attachements qu’elle a envers des personnages spécifiques. Notamment Hadi, une sorte de milliardaire mentor. Comment m’explique-t-on le lien qui existe entre l’héroïne et cette personne ? Un travelling sur la dame avec la petite fille qui explique qui est cette dame, une ou deux vidéconf entre Paula et elle. Un échange en direct qui doit durer une minute. Qu’est-ce que ? Pareil avec le mari, paraît qu’ils sont amoureux mais ça ne me saute pas tant à la gueule que ça…

The signal sur Netflix

Quand je faisais de la comédie musicale, j’avais travaillé sur les liens d’affection. En gros, je prenais tous les personnages de la comédie et je décrétais ce que je ressentais pour eux en notant mon niveau d’affection pour eux, sur une échelle de +20 à -20. Le but étant d’avoir en tête ce point pour interagir avec les autres personnages sur scène quand on se croise. Et j’ai souvent l’impression que ce point est un peu oublié par les scénaristes, qu’on doit accepter que X aime Y parce que c’est dit alors que rien ne le montre. Je veux bien faire des efforts, hein, mais à un moment, c’est quand même difficile d’éprouver un peu d’empathie ou de compassion avec des personnages qui ne semblent pas être habité du moindre sentiment. 

Les liens d'affection

Bref, avoir une bonne idée est un peu court si tu crées des personnages qui n’ont aucune profondeur. Et ne regardez pas The signal,  c’est pas fou. Même si le foutage de gueule du reveal est assez légendaire…

Nina

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