Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

De la fétichisation des actrices dans les fictions

Un problème narratif qui commence à légèrement me gonfler. A la base, je voulais écrire un petit pavé sur une fiction rigolote. Type telenovela ou série coréenne où ils sont tous trop intenses mais je n’ai rien de tel dans ma besace. En fait, si, j’ai Un oeil indiscret, une telenovela mais je ne trouve pas qu’elle mérite un article à part entière. Par contre, en la regardant puis en l’enchaînant avec Dévoré par les flammes, une série espagnole, j’avais trouvé un sujet. Celui que je vous propose aujourd’hui : la fétichisation des actrices. Et ça m’agace parce que ça influe sur la narration de façon absurde.

Usurla Corbero ou la fétichisation des actrices

Une voisine voyeuse et un scénario compliqué

Résumons ces deux séries, ça va un peu poser le truc. Dans Un oeil indiscret, Miranda, une informaticienne spécialisée dans la sécurité, passe ses soirées à mater sa voisine de vis-à-vis, une prostituée de luxe très active. Un soir, la prostituée demande à Miranda de garder son chien et là, un client débarque et comme il est très beau, Miranda se laisse culbuter. Mais suite au beau monsieur arrive un papy moins sexy qu’elle bute par accident, avec l’aide du beau monsieur. Puis la voisine prostituée se retrouve mêlée à des trucs chelous à base de soirées coquines ambiance eyes wide shut et Miranda est aspirée dans tout ça. Avec en point de mire le beau et mystérieux Heitor, même si elle se retrouve plus ou moins en coupable avec le beau monsieur.

Un oeil indiscret

Une histoire de femme vénéneuse

Dans Dévoré par les flammes, Rosa Peral est fâchée avec son copain Pedro qui ne donne plus signe de vie. Alors qu’elle décide de poursuivre la sienne en attendant qu’il revienne, elle apprend qu’on a retrouvé son corps dans une voiture carbonisée. Plot twist : en fait, c’est elle qui l’a tué avec son amant Albert et la série va nous raconter le passé trouble de Rosa, une femme infidèle qui a couché avec la moitié de ses collègues. Une histoire de femme vénéneuse tirée d’une histoire vraie. Ah, les femmes criminelles… Le rôle de Rosa est jouée par Ursula Corbero qui jouait Tokyo dans Casa de Papel. Et j’avoue que j’aurais percuté que c’était elle, je n’aurais pas lancé la série tellement la fétichisation autour d’elle dans Casa m’exaspérait. Et là, paf, c’est la même. Pour dire, dans le générique, la moitié des images, ce sont ses cuisses et son cul. Notez qu’ici, ce n’est pas Ursula Corbero que je critique mais bien la façon dont le réal (ou la, ils étaient deux dans l’histoire) la fétichise avec des plans et des poses érotisées. 

Une température élevée

Pour situer ce que je veux dire, je vais repartir de la base : le cas Rosa Peral. Dans la série, on insiste assez sur une photo qui existe dans la réalité. Dans la vraie vie : une photo qu’on pourrait tous prendre en soirée avec des personnes au niveau hormonal normal. Et une écharpe La version de la série : Rosa a la chatte qui pique. Et une tenue caliente. Clairement, l’histoire insiste sur le côté vénéneux et séducteur de Rosa, je l’ai bien. Dans Un oeil indiscret, on est dans de la telenovela sexy et on se retrouve avec une Miranda qui prend pas mal de poses et des scènes graphiques un peu surréalistes. Alors oui, l’actrice est très belle, je dis pas. Pas bonne du tout puisqu’elle ne dégage aucune émotion mais elle est belle. Mais de lui faire prendre des poses improbables juste pour me montrer qu’elle est belle et sexy ça casse le sens du réel, l’immersion. Je ne peux pas croire à ce personnage car il se comporte de façon irréaliste.

Deux versions de Rosa Peral

C’est le moment pub pour parfum

Et j’ai souvent cette sensation, dans les histoires où l’héroïne est belle. J’en avais parlé pour un roman de fantasy où la moitié des qualificatifs utilisés pour la princesse avaient trait à sa beauté. Alors que c’est censée être une guerrière de folie, qu’elle est très courageuse mais on s’en fout, elle est BELLE. Et dans les films et séries, ça se matérialise souvent par des scènes façon pub de parfum, très langoureuse avec une très belle robe, tout ça. Je n’ai pas de souci à ce que la beauté des actrices soit surexploitée dans une pub parce que y a pas d’histoire. On veut juste me vendre du parfum. Mais dans un film, je suis censée croire à un personnage, je suis censée créer une empathie pour elle. Or dans la vraie vie, personne ne se comporte comme dans une pub de parfum. Du moins pas au premier degré. 

Rose dans Game of thrones, une actrice surtout mise en scène rapport à son physique

Tu me montre un personnage ou l’actrice ?

A partir d’un moment, je viens à me poser la question. Que veut-on me raconter ? L’histoire d’une femme ou me montrer que l’actrice est bonne ? Non parce que déjà, les goûts et les couleurs mais tu peux aussi me montrer que l’actrice est belle subtilement, hein. Je me souviens d’une critique assez drôle du remake de Total Recall. Un film assez nul avec un Colin Farrell qui n’en avait visiblement pas grand chose à faire et Kate Beckinsale. Enfin le cul de Kate Beckinsale puisque comme disait l’avis : le réal filme sa femme et semble bien décidé à nous montrer qu’elle est bonne. Ok gênant. Surtout que plus tu vas me montrer que l’actrice est belle, plus ça va finir par me crisper. Parce que déjà je vais avoir des plans chelous, les plans parfum, qui me font douter de qui je suis en train de regarder. L’héroïne ou l’actrice ? Non parce que si je vois l’actrice derrière le personnage, ça va être problématique. Non parce que quand on regarde régulièrement des fictions, on finit par croiser des acteurices déjà vus par ailleurs. Si je n’arrive pas à oublier le qui joue au profit du personnage, c’est qu’il y a un souci. Dans l’acting pur, la réalisation ou la direction des acteurs mais y a un souci. 

Kate Beckinsale dans Total recall

Iconiser, oui, fétichiser, bof

On est toujours tentés d’iconiser un peu les personnages. Les plans un peu badass façon BD ou manga, par exemple. On veut montrer que le héros ou l’héroïne est forte, sans peur, déterminée, classe. Ou de beauté supérieure. Je peux l’accepter mais faut pas abuser. J’expliquais récemment que le cadrage sur Tokyo dans Casa de Papel m’avait un peu agacée car j’avais l’impression qu’à chaque apparition du personnage, le réal me parlait de son physique. T’as vu, elle est bonne, hein ? Et regarde ce nez bien droit qui amène vers un regard acéré. Je vais la filmer un peu en contre-plongée pour accentuer. Tu vois, tu vois ? Alors moi, je veux bien qu’elle soit belle, Ursula Corbero mais un, je ne crois pas que ce soit le sujet et surtout… Ca n’en rend pas son personnage moins stupide et antipathique. Ou alors tu veux me dire que son physique, c’est un peu tout ce qu’elle a, dans la vie, et elle capitalise à balle dessus ? C’est la même dans Dévorés par les flammes avec toujours ce même cadrage sur son visage. Certes, la série sous-entend pas mal que Rosa multiplie les aventures elle a besoin de se rassurer quant à sa féminité. Mais j’ai envie de croire qu’Ursula Corbero a autre chose à proposer au monde que son visage.

Rosa Peral incarnée par Ursula Corbero
C’est une vraie scène de la série, pas un shooting photo

Pourquoi tu n’arrives pas à filmer cette belle femme normalement ?

Et vous pouvez observer le même phénomène pour Charlize Theron, Monica Bellucci… Amanda Seyfried avec ses grands yeux aussi. Il y a des actrices qui ont droit à des plans particuliers sans réelle justification. Si tu prends l’iconisation de Meera dans Aquaman, il y a un côté volontairement comique. D’ailleurs, j’ai dit Meera, pas Amber Heard. Je déteste quand le cast influe sur la façon de narrer une histoire. J’en avais parlé sur les guests et c’est le même délire. Surtout que ça va, je pense que je peux remarquer seule que ces femmes sont belles voire très belles, hein. Et surtout que du coup, ça annihile votre personnage pour mettre en avant l’actrice. Qui pourrait offrir autre chose que son corps, si vous la laissiez faire.

Nina

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