Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

La baise, c’est l’ennui

Ah tiens, ça reparle de cul par ici ? Serais-je retombée dans le célibat et repartie aussi sec dans mes histoires de fesses ? Non. Pour les deux parties de la phrase précédente. Je ne vais pas vous parler de sexe en tant que tel mais sexe dans la fiction parce que… il arrive à un moment où la baise m’ennuie.

Scène de baise nulle dans Marseille sur Netflix

Scènes de cul inutiles et puritaines

Je ne sais pas bien par quel exemple commencer tant il y en a. Donc je choisis How to get away with murder puisque je suis en train de le regarder pendant que j’écris ces quelques lignes. Je suis pas hyper convaincue par cette série mais elle a le mérite de bien occuper mes dimanches après-midi. Bref, je pense que 90% des épisodes commencent et/ou finissent par des scènes de cul. Ce qui m’a fait rire au départ. On a droit à des moments soit-disant torrides mais juste après, la jeune femme impliquée s’enroule avec soin dans les draps. Ok, on laisse voir les épaules nues mais les seins, c’est non. Alors je sais que les Américains sont mi-coquins mi-puritains et ce n’est certes pas la première fois que je vois une scène de cul où les seins sont soigneusement dissimulés. Dans Sex and the city, elles baisent neuf fois sur 10 en soutien-gorge… Est-ce que des femmes font vraiment ça dans la vraie vie, hors cas très spécifique d’un quicky ? Sauf que… ces scènes de cul sont globalement inutiles. Remplacez les par une ellipse et vous ne perdez rien de rien sur l’histoire. Juste quelques minutes du show.

How to get away with murder : des scènes torrides ratées

Pourquoi cette scène de cul gratos ?

Et je parle de cette série mais je pourrais en citer des milliers d’autres. Un autre exemple, tiens, Altered Carbon, série que j’ai bien aimée dans l’absolu. Victor a lu le roman et m’a rappelée un personnage : Sarah. Qui est Sarah ? La fille de la scène du début dont on ne parlera plus jamais alors qu’elle est assez centrale dans le roman. Roman que je n’ai pas encore lu donc je ne vais pas en parler plus que ça. Victor m’en parle et soudain, je me souviens de cette première scène. Takeshi et cette inconnue, Sarah donc, sont en train de baiser. Et on n’entendra plus jamais parler d’elle. Alors pourquoi pas si c’est un parti-pris, elle a manifestement été fusionnée avec un autre personnage. Mais du coup… A quoi servait cette première scène ?

Sarah dans Altered Carbon

Les scènes de sexe ne me dérangent pas, si…

Et à l’inverse, nous avons Jane the plus trop virgin (oui, j’adore cette série). A un moment, Jane et son prétendant (pas de nom pour ne pas spoiler) se retrouvent sous la douche dans une scène qui promet d’être torride, il y a de la vapeur, des baisers… Et le narrateur qui coupe “hé ho, on n’est pas sur HBO, ici !”. Et voilà le problème. Je n’ai aucun souci avec les scènes de sexe en soit. Je peux vous écrire un panégyrique sur quasi toutes les scènes de cul de Sense8… Alors que ça va bien plus loin qu’un remuage de cul sous des draps. Mais je trouve que la plupart, que ce soit dans les films, séries, ou romans, passent à côté de leur sujet.

Sense8, scène torride

Une bonne scène de baise, ce n’est pas un comment

Une scène de baise, on s’en fout en soit. Que John et Annabelle aient baisé ensemble en missionnaire, amazone, levrette ou poirier indonésien n’a aucune espèce d’importance. Même si, dans les séries américaines, la position est souvent symptomatique de certains clichés. Le couple qui s’aime baise en missionnaire. la femme dominatrice en amazone et personnages qui ne voulaient que du cul en levrette. Ce qui compte, c’est le pourquoi et non le comment. Et ça peut être quelque chose de très beau, la concrétisation d’une tension érotique montée peu à peu au fil de l’histoire. Quand John et Annabelle concrétisent enfin, vous êtes limite tout aussi excités qu’eux.

Un pourquoi au sexe ? Il est vrai que “dans la vraie vie”, une partie de jambe en l’air n’a d’autres raison qu’une envie commune. Chaque partie de sexe n’est pas fondamentale… sauf que, du coup, ces scènes-là n’ont rien à faire dans une histoire à laquelle elles n’apportent rien. Vous écririez/tourneriez une scène où il ne se passe rien de remarquable ? Un héros qui se prépare un café sans penser à rien de spécifique ? Une héroïne qui beurre sa tartine en se demandant comment s’habiller parce que l’hiver s’en vient ? Ca n’intéresse personne dans l’absolu. Alors pourquoi on nous impose des scènes de cul finalement assez creuses ? Pour le racolage, évidemment… Mais finalement, je me rends compte que le sexe, c’est un piège grossier dans lequel chaque “créateur” ou “créatrice” a tendance à tomber. Parce que ça paraît un passage incontournable. J’ai souvent dit que j’avais du mal avec les scènes de cul et je pense qu’on touche là le souci : elles sont souvent mal amenées et non nécessaires, une case dans la to do de la fiction.

Ecrire un roman est-il une longue to-do list ?

Et ça soulève des tas de questions qu’on va étudier les prochaines semaines. Si j’oublie pas…

PS : Evidemment, cet article ne concerne pas toute fiction à caractère érotique totalement assumé.

Nina

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