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Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

La cocaïne, le nouveau “mauvais signe” des fictions

Peut-être que j’exagère un peu et que vous allez me trouver des tas de contre-exemples. Mais là, de suite, c’est très précisément mon feeling. Et quand j’ai un feeling (houhou), j’aime le partager. Il y a quelques années, j’avais formulé un théorème de série télé : toute série télé avec du cul dès le pilote est une mauvaise série. Aujourd’hui, je vous présente son petit frère, le théorème du “les séries qui mettent en scène de la cocaïne s’annoncent mal”. Les deux mamelles du cancer du subversif à outrance.

The idol, sexe, cocaïne et musique

La cocaïne peut être un sujet intéressant en soi. Cf Les affranchis ou Scarface. Deux films que je n’ai pas vus mais j’en ai beaucoup entendu parler. Merci les Youtubeurs ciné. Je peux rajouter La doublure de Mélissa Da Costa que j’ai déjà évoqué et qui contient pas mal de scènes impliquant de la cocaïne. Ca passe parce que le roman décrit une descente aux enfers dont la prise de coke est un ingrédient clé. On pourrait éventuellement parler d’Euphoria… Même si je n’ai vu que la saison 01 et je ne suis pas certaine de me souvenir d’une prise de coke. De tout un tas d’autres drogues, oui, mais de la coke, je doute. Et je n’ai toujours pas d’avis tranché sur Euphoria, de toute façon. Même dans Archer, série qui mériterait un article, j’accepte l’utilisation de cocaïne parce que c’est aussi ravageax que le reste de la série.

Pam et la cocaïne dans Archer

Et puis y a la cocaïne en mode “ouais, trash, regarde”. Oh non, la fatigue. Je vais vous parler vite fait d’une série, j’ai pas réussi à aller au bout de l’épisode 01. Faudra que je retente pour écrire un article pour ma catégorie “saison 01, épisode 01” pour dire pourquoi c’est tout nul. Mais je manque de temps pour m’adonner au hate watching. Pas sûre que ce soit une mauvaise nouvelle en soi. Bref, cette série s’appelait Preacher. Un truc de démons que je vais avoir du mal à résumer parce que je ne m’en souviens déjà plus ou à peu près. Sauf une scène. Ca se passe dans un avion genre jet privé et ça se la colle dur avec option coke à même le bar. Puis tout le monde se fout sur la gueule, je crois que parce qu’il y a des anges et des démons. Mais au moment où j’ai vu les rails, j’ai lourdement soupiré. Ok, ça va être de la marde. On avait ça aussi dans le premier épisode du Tailleur pour montrer que Dimitri, c’est un gros déglingo sans limite. Ce qui m’a bien irritée et j’ai bien failli arrêter là. Heureusement que mon goût des gens beaux m’a aidée à aller au-delà ce cette première demi-heure bien cliché.

Preacher, une série qui se veut subversive

Au cinéma, la coke illustrant une certaine trashitude a débarqué dans les années 90. Evidemment, on pense tous à Pulp fiction avec la fameuse overdose. Une façon de filmer la cocaïne qui a été pas mal repompée. Il y avait aussi Cruel Intention ou Sex Intention dans la langue de Molière avec Buffy Merteuil qui avait son petit gramme caché dans sa croix. Une façon originale de se faire un rail, ceci dit. Par contre, je ne sais plus bien depuis quand la cocaïne a débarqué dans les séries. Si je pense à Six feet under qui était un peu la première série subversive HBO. Oui, certes, y avait les Sopranos avant mais j’ai jamais regardé. Dans Six feet under, j’ai des souvenirs d’histoire de drogue. Claire prend pas mal de trucs chimiques, ça fume pas mal de pet’ mais je ne me souviens pas d’histoire de cocaïne. Il me semble que pendant longtemps, la drogue “on montre qu’un personnage se drogue sans que ce soit le coeur de l’intrigue”, c’était le cannabis. D’où on est passé à la poudreuse ?

Cruel intention, Kathryn se prend un petit remontant

C’est toujours le même sujet : est-ce que ça a un intérêt ? On peut assez facilement mettre en scène une impression de déchéance sans avoir un gros plan d’un mec qui se prend une grosse ligne, je veux dire. Comme les scènes de cul gratos où on montre le héros niquer en levrette parce que ça, c’est subversif, yeah. Les séries ou les films sont des médias visuels et ce que tu montres est censé avoir du sens. Sauf que ce type de clichés me fait douter de la finesse d’écriture. Le souci, ce n’est pas tant de parler de drogue ou de sexe mais bien de le faire en utilisant toujours le même type de plan, sans autre réflexion “Mmm, du trash ? OK, balance un plan coke”. Original…

La drogue dans la fiction

Quand je dis qu’un rail de cocaïne dans un pilote sent mauvais, c’est un manque d’imagination totale du réal que je souligne. Coller un plan vu 1000 fois dès les premières minutes de ton histoire, ça sent mauvais. Sur toute une série, je peux admettre quelques plans mal inspirés, déjà vus. Mais si tu démarres direct là-dessus, je ne vois pas pourquoi je vais consacrer du temps à ta série alors que, manifestement, ça va être un copié-collé de trucs vus trente fois ailleurs. Est-ce que vous avez idée du nombre de séries qui sort par semaine ? Moi non mais ce doit être colossal. Donc me prouver ton manque d’originalité d’emblée… Bah non, désolée, je ne signe pas. Il existe mille façons de parler de drogue, de montrer la drogue, sans se contenter de la prise. Surtout que dans le fait de consommer de la drogue, l’intérêt, c’est pas l’ingestion mais l’effet. Pour le coup, Euphoria a bien compris ce point puisqu’on met plus en scène le trip que l’ingestion de substances.

La drogue dans les séries télé

Bref, tu veux que ton personnage se drogue pour montrer que c’est un gros déglingo. Même si on peut être un gros déglingo sans drogue ni alcool mais tel n’est pas le sujet. Le souci, c’est que si ton gros déglingo ressemble à tous les gros déglingos que j’ai pu voir dans différentes fictions, je ne vais pas beaucoup m’intéresser à lui. C’est compliqué de créer des personnages crédibles. Si tu commences direct en repompant ce qu’on a déjà vu, je ne vois pas à quel moment je serai surprise par ton récit. Et puis bon, la cocaïne, ça fait trop start-upper sorti d’école de commerce. C’est censé faire rêver quelqu’un ?

Nina

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