Aperçu quelques fois dans ma timeline Twitter, j’ai craqué et acheté The girls d’Emma Cline. Sans rapport avec Girls, la série de Lena Dunham. Que j’ai détestée pour les trois épisodes matés. Ce qui m’avait intriguée : pas l’histoire vu que je m’en savais rien mais quelques phrases méchamment stylées.

Sortir de l’ennui
L’histoire (maintenant que je l’ai lu, le roman) : Evie Boyd est une femme quelconque… En apparence. Occupant la maison d’un ami pour la surveiller, elle croise l’enfant de celui-ci qui connaît son passé. A 14 ans, alors que son été débutait dans un ennui poisseux, à traîner avec une camarade de classe qu’elle n’apprécie plus vraiment, fantasmant sur le frère de celle-ci, elle rencontre Susan, une jeune femme qui va faire basculer sa vie. Evie va se retrouver dans une espèce de secte où le sexe occupe une grande partie. Evie, dans sa passion pour Susan, va s’investir dans cette folle aventure, jusqu’au drame.

Une plume délicieuse
Alors pourquoi j’ai aimé ce livre ? Le style d’abord. J’ai dit par le passé que le style n’était pas un critère en soi mais quand la plume est jolie, j’admire, je déguste. Même si à certains moments, le tic de coller un adjectif pas forcément attendu à un nom commun ou une métaphore un peu hors sujet, finissait par me lasser un petit peu. Mais le roman est parfaitement écrit et se lit avec plaisir d’autant que… Il est magnifiquement orchestré.

Mais comment en est-on arrivé là ?
Ici, je vais pouvoir faire un parallèle avec mon roman horribilus, notamment la notion d’auto-spoiler. Dans the Girls, l’histoire est un souvenir remémoré par Evie. Donc dès le début, on a droit à la fin de l’histoire. Le roman est donc de savoir comment on en est arrivé là. Et c’est sincèrement prenant. Surtout qu’en déroulant l’histoire, tu as l’impression que le parcours d’Evie l’éloigne de ce que nous savons être la fin. Tu essaies de comprendre comment on va raccrocher les wagons. Donc quand c’est bien écrit, tu peux donner des éléments de résolution sans que ça nuise au plaisir de lire.

On s’en fout du présent !
En fait, le seul point noir, à mon sens, de ce roman, c’est la partie “dans le présent” qui n’apporte pas énormément. Voire pas du tout. Je comprends sa présence. Essentiellement nous faire respirer dans l’histoire assez crasse du roman. Mais je m’en foutais un peu. J’étais à la limite de sauter les pages même si ça apportait quelques micro éléments supplémentaires au récit et mettait en exergue une question : comment Evie avait réussir à ne pas se faire prendre. Mais sinon…

Un roman crasse
Bref, The girls est un roman qui ne respire pas la joie de vivre. Il évoque des images sales et poussiéreuses mais je le conseille de tout mon coeur. Car si l’histoire narrée n’est que de l’ordre du fait divers, fortement inspirée de l’assassinat de Sharon Tate par la clique de Manson, Emma Cline manie ses personnages avec brio. Et même si Evie a des réactions des fois un peu stupides, ça ne donne pas envie de lui hurler dessus car les rapports entre les personnages sont admirablement bien tissés. A ne pas lire à la plage parce que c’est pas le lieu. Mais dans un train avec la pluie au dehors (assez facile en ce moment), ce sera parfait.