Pendant mon voyage en Egypte, j’ai assisté à un débat très intéressant dans les couloirs de l’aéroport de Marsa Alam, alors que je jouais au sudoku. Deux de mes camarades de voyage parlaient du film « L’écume des jours ». L’une étant pressée de le voir, l’autre répondant que bon, vu qu’elle a pas lu le livre… Et là, elles devisent sur ce qui est le mieux. Lire un livre avant de voir le film ou voir le film avant de lire le livre ? Cet article se détachera désormais de l’exemple de L’écume des jours. Je souffre beaucoup du choix des acteurs. Oui, j’aime toujours pas Audrey Tautou.
Team lire le livre
Plutôt mon école. Genre je me tape l’intégrale de Game of Thrones avant de regarder la série. Alors que j’aime même pas tellement l’histoire, finalement. On m’a spoilé plein de trucs, par accident la plupart du temps, mais je persiste et signe. Pourquoi ? D’abord parce que je ne veux pas qu’on me pollue mon imagination. Dans le roman, la génération des parents ont entre 30 et 40. Forcément, ils se marient tous vers 15, 16 ans, les femmes se reproduisent rapidement derrière. Or d’après les images que j’ai vu de la série, la génération des parents tourne plus vers la quarantaine bien tapée. Et on finit par se retrouver avec une Natalie Dormer, actrice de 30 ans, fiancée avec un pré adolescent de 12… Heuuuuuu… Ca va, ça choque personne ? Apparemment, il y a aussi énormément de scènes de cul, ce qui n’est pas vraiment le cas dans le roman. Bon, après, c’est du HBO mais voilà. Bref, en lisant, je veux rester pure de toute image mais aussi conserver le suspense intact. Je suis ce genre de fille qui n’aime pas relire un livre parce que je n’a·ime pas déjà connaître l’histoire.
Cet·te acteurice ne correspond pas à ce que j’avais imaginé
Le souci, c’est que du coup, on peut rejeter parfois un livre parce que les acteurs choisis ne correspondent pas du tout à ce qu’on imaginait. L’écume des jours dont je parlais, La délicatesse ou le Da Vinci Code, tous avec Audrey Tautou, par exemple. Bon ok, j’exagère un peu, je voulais pas voir le Da Vinci Code quoi qu’il arrive. Au passage, peut-on m’expliquer à quel moment Tom Hanks peut prétendre être un prof d’université charismatique ? Prenons un autre film : L’Ennui de Cédric Kahn avec Charles Berling. Je choisis ce film à dessein car le processus est intéressant. Je voulais aller voir le film mais personne ne voulait m’accompagner. Oui, il faut que j’apprenne à aller au ciné toute seule ! Donc je me suis résignée à acheter le roman signé d’un certain Moravia. C’était le premier roman que je lisais de lui, le début d’une histoire d’amour littéraire. Du coup, quand j’ai vu des extraits du film, j’étais révoltée ! Sophie Guillemin est à des milliards d’années de Cecilia, décrite comme une femme au corps d’enfant, ne dévoilant ses formes que nue. Ca correspond pas trop, là… Et puis elle joue comme une patate en plus ! Bon, finalement, en voyant le film, ça passait bien et je n’ai pas trouvé le roman « trahi ». Le spectateur qui a lu le livre est le plus exigeant. Il vient confronter son imagination à celle d’un autre. Celui qui a collé des images sur une histoire, coupée, remontée pour la faire coller au format film. Cette adaptation pourrait-elle faire l’unanimité, même si le réalisateur respectait à la lettre le roman ? Même s’il choisissait des acteurs physiquement ressemblants à la description de l’auteur ? Non, je ne pense pas.
Team voir le film
Vous l’aurez noté, je suis plutôt de l’école « le livre avant le film ». Mais un argument intéressant a fusé dans la conversation que j’épiais. « Oui mais quand tu vois le film avant, lire le livre ensuite te permet d’approfondir, d’en découvrir plus sur les personnages… » Ah , tiens, je n’avais pas vu les choses sous cet angle là. Une sorte de bonus à ce que tu as regardé et aimé. Après tout, si tu regardes Harry Potter, les livres te permettent d’avoir la trame principale mais ont dégagé tout un tas d’histoires annexes qui raviront les fans. Et puis voir un film avant de lire le livre n’offre-t-il pas la possibilité d’atteindre une sorte de lecture éclairée. L’intrigue étant connue, on se rattache plus aux détails, à ce qui fait le sel d’un personnage. Après tout, pourquoi pas…
Si un film me donne envie de lire le livre, c’est une réussite
D’ailleurs, je trouve qu’un film qui donne envie de lire le livre est forcément réussi. Même si parfois, je dois avouer que j’aurais dû me contenter de la version filmée. Exemple : I am Dina. Film qui m’a plu pour trois raisons essentielles. Ca se passe en Norvège donc paysages magnifiques. L’héroïne joue du violoncelle. Et la BO contenait quelques titres de Jorane. Film sympa mais peu clair dans les rapports de Dina avec la mort. Je me précipite donc acheter le livre et je me retrouve à m’enfiler un roman de Hebjorg Wassmo, le Livre de Dina et … Pfffff, c’est un peu le trip saga familiale un peu à la Jalna. Pas super passionnant. Ce livre n’est que le premier tome d’une fresque familiale se concentrant ensuite sur Benjamin, son fils. Je m’en suis arrêtée là. Parce que finalement, si les adaptations cinés peuvent décevoir les lecteurs du roman adapté, parfois, le réalisateur a tellement bien bossé qu’il vous vend du rêve sur un roman qui n’en méritait pas tant !
Un bon plan pour élèves feignants
Bon, il y aurait aussi l’argument du « ça évite de lire le livre » dans un autre genre mais ça, c’est une autre histoire. Ca m’avait permis de me mettre à jour sur le Rouge et le Noir, par exemple. Même si depuis, j’ai fini par le lire.