Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

Le livre de M, le post-apo mais avec de la tendresse

Etant légèrement passionnée de dystopie, j’ai une forte tendance à sélectionner des romans de ce genre. Même si, parfois, la dystopie n’en est pas une. Typiquement Le livre de M est du pur post-apo dont il est difficile d’extraire un ingrédient dystopique. Ce qui n’est pas grave en soi. Je vais le chroniquer ici plutôt que sur mon blog dédié aux dystopies car je l’ai vraiment aimé et il mérite un article à part entière. Pourquoi j’ai aimé Le livre de M ? Je ne suis pas sûre mais déjà un premier point : ça sonnait juste.

Le livre de M de Peng Shepherd

Un couple en plein effondrement

L’histoire. Ory et Max, un couple américain lambda, survit dans un hôtel à Harrington. Car le monde s’est effondré en à peine quelques semaines. Comment, pourquoi ? Une mystérieuse épidémie a ravagé le monde. Ah, une épidémie genre covid ? Pas du tout. Là, les malades perdait leur ombre. Puis la mémoire. Sauf que leur oubli et reconstruction de leur monde avait un impact direct sur le monde réel. Par exemple, il a suffi qu’une personne oublie l’argent pour que tout monnaie disparaisse, entraînant un chaos indescriptible. Personne ne sait comment se propage la maladie mais elle touche rapidement le monde entier, entraînant l’effondrement.

Le livre de M, un roman post-apo

Quand la maladie frappe

Ory et Max vivent donc à l’écart du monde dans l’hôtel où ils étaient venus célébrer le mariage des meilleurs amis d’Ory, Paul et Emmanuel. Excessivement prudents, ils ont établi des routines et évitent de croiser qui que ce soit. Mais l’inévitable finit par se produire : Max perd son ombre. Résolue à ne pas tuer Ory malgré elle avec ses distorsions du présent, elle décide donc de fuir tandis que son mari est parti en ravitaillement. Direction Washington, sa ville de base.

Un Washington post apo rendu à la nature

Fuir mais où ?

En parallèle, on suit également l’exode de Naz, jeune iranienne venue vivre aux Etats-Unis pour s’entraîner au tir à l’arc pour les prochains JO. Alors que sa soeur et elle décident de rejoindre New York, elles croisent des voyageurs qui leur disent de changer de direction. New York est perdue, ravagée par une immense statue de la liberté qui est venue marcher sur tout le monde. Façon Ghost Buster, oui. Le salut semble se situer à la Nouvelle-Orléans où un étrange individu travaille pour rendre les ombres aux malades.

La statue de la liberté marche sur New York

Un road trip post-apo

On part sur du classique. Un effondrement soudain, un road trip dans les Etats américains pour rallier un point un peu mystérieux où se situerait le salut. On a ça dans Le fléau de Stephen King, par exemple. Ca m’a aussi fait penser aux Somnambules de Chuck Wendig que j’avais beaucoup aimé. Alors peut-être que ça m’a mise dans de bonnes dispositions pour Le livre de M mais vraiment, ce livre m’a tant séduite. Alors qu’en y pensant deux minutes, son univers est plus que branlant. Je n’ai pas bien compris l’histoire des modifications liées à l’altération de la mémoire. Par exemple, Ory croise un homme qui utilise le mot “orage” à la place de fusil et les fusils deviennent des armes à orage. On découvre également l’histoire d’un homme qui dit avoir oublié un lieu et hop, le lieu disparaît, causant des centaines de morts. Ok mais du coup, l’histoire commence environ 3 ans après l’apparition de la maladie et y a encore des gens en vie ? Surtout qu’on va croiser le cas d’un couple où un a oublié l’autre et pourtant, ce dernier n’a pas disparu ? Je n’ai pas bien compris, je suis pas sûre que ce soit bien solide tout ça mais…

Orage

Un roman difficile à lâcher

J’ai été embarquée puissance 10 000 dans ce roman. Quand je l’écoutais, je m’imaginais créer un Instagram “road trip aux Etats-Unis” pour un peu incarner tous ces lieux sauvages que les personnes traversaient. J’étais vraiment impliquée dans le récit, je grignotais quelques pages de ci, de là, dès que je le pouvais. J’aime tellement cette exaltation d’un bon roman qu’on a des difficultés à lâcher. Un “page turner”, comme je l’ai vu sur LinkedIn de la part d’une meuf parlant de son propre roman. Ce réseau social, vraiment… Je rêverais d’écrire un jour un livre qui procure cette sensation. Alors justement, pourquoi ce roman m’a mise dans cette exaltation ? Alors même que son univers est quelque peu fragile. 

Lire un roman avec plaisir

Ca sonne juste

On ne peut exclure le contexte. J’écoutais ce livre cet été, quand la vie était belle. Cependant ma vie actuelle est bien chouette aussi et je ne suis pas aussi enthousiaste face aux livres que je lis. Et cet été, en même temps que le livre de M, j’ai lu un roman héroïco-fantastique qui ne m’a que peu plu et Zoo City de Lauren Beukes qui ne m’a emballée que sur les 100 dernières pages. Oui, il y avait le précédent des Somnambules mais non, vraiment, le roman m’a séduite de par ses valeurs propres. Et ces valeurs, c’est clairement les personnages et le fait qu’ils sonnent vrai. Je dis ça très régulièrement mais y a rien de pire que des personnages qui sonnent faux. Déjà parce que je ne peux m’identifier à eux. Puis-je être triste, émue ou effrayée par des personnages qui ne m’offrent aucune réalité ? Bien sûr que non. Là, ça sonne vrai. Notamment le couple Max et Ory. Ce n’est pas un couple parfait, c’est un couple réaliste. Avec son amour mais aussi ses crises, ses envies de laisser tomber, ses peurs. 

Un couple normal

Je sais pas où on va mais on y va

Le livre de M est une petite leçon d’écriture en soi. Le livre nous entraîne dans un univers assez difficile à capter mais qui est compensé par des personnages si attachants que tu les suivras jusqu’au bout. Alors que tu n’as aucune idée de là où c’est censé aller, finalement. A la Nouvelle-Orléans, certes, mais ça va pas être de la ligne droite, je vous l’annonce direct. J’avais idée que tout le monde allait finir par se retrouver. J’ai lu plein de romans comme ça où on débute avec une demi-douzaines de personnes qui se mettent en route pour tous arriver au même endroit. Destination qui n’est pas toujours l’initiale. Exemple : Exodes de Jean-Marc Ligny. Mais le fait de savoir que tout le monde a l’air parti pour atterrir au même endroit ne dit rien du chemin pour y arriver. Les joies, les peines, les drames et péripéties que les personnages croiseront sur la route. Ah et dernier point sur lequel je ne m’attarderai pas : l’ultime plot twist est génial. Je ne l’avais pas vu venir. J’aime quand je suis surprise par le roman que je lis.

Nouvelle Orléans

Un roman parfait en toute saison

Bref, les romans avec des personnages qui ne sont ni clichés, ni stéréotypés ni énervants, ça se partage. Le livre de M pourrait être un très bon roman de voyage mais vu qu’on n’est pas trop dans une période de vacances plage ou promenade, ce sera aussi un très bon roman à déguster sous la couette. Quant à moi, je vais étudier mon histoire de compte Insta de road trip imaginaire. Même si je dis ça épisodiquement et qu’en vrai, Insta, j’y vais pas trop trop en ce moment. 

Nina

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