La semaine dernière, je vous ai partagé la première phrase de mon roman sans titre, nom de code : Maja Sweden. Je vous parlerai titre une autre fois. En effet, je la trouvais un peu plate, un peu nase à la relecture. Je vous la repartage, pour le plaisir masochiste :
“Il est souvent difficile de savoir où commence réellement une histoire”
Définitivement, à réécrire. Voyons voir celle d’un autre roman sans titre, nom de code “Ezialis”
“La roue passa sur un gros caillou, secouant les passagers du carrosse fonçant droit vers la capitale”
Une dernière pour la route
Déjà mieux, pas le temps de niaiser ! On est direct dans l’action et dans un véhicule qui va vite. Allez, une dernière pour le plaisir, voyons… Roman toujours sans titre, nom de code : “pour son sourire”. Si vous cliquez, vous aurez la chanson de Jorane quasi du même nom. D’ailleurs, il y a de fortes chances que cet embryon de roman ait hérité de ce titre car au moment où je nommais le fichier, j’écoutais Jorane.
“Un garçon passa en courant à côté de moi, me faisant sursauter.”
Ici, on passe à la première personne du singulier. D’ailleurs, faudra que j’en parle, ça aussi, du je ou du “il/elle”. C’est fantastique, je viens d’écrire 20 lignes qui ne contiennent à peu près que du vide et des promesses. En fait, je suis tellement faite pour la politique.
Je ne sais jamais commencer
Je n’ai jamais su commencer. Quand j’étais en terminale, la plupart de mes disserts de philo commençaient par “de tout temps, l’homme” pia pia pia… Et puis je suis arrivée à la fac. Là, un prof nous explique que c’était ri-di-cu-le et qu’il fallait éviter à tout prix. Ce même professeur, qui a ruiné ma culotte en disant qu’il se souviendrait longtemps de moi, m’avait filé un conseil qui me servira jusqu’à la fin de mes études : “Commencez votre dissert par une anecdote ou une citation”. Ah oui, merci, Monsieur ! C’est ainsi que j’ai débuté la rédaction de mes mémoires… avant d’abandonner l’écriture de l’introduction pour le faire en dernier (conseil d’un autre professeur mais moins sexy (le prof, pas le conseil)).
Le premier pas est celui qui coûte le plus
Parce que débuter, c’est difficile. Ca marche pour tout, pas que pour l’écriture d’un roman. Rien que pour un article déjà!. Vous remarquerez que mes phrases d’attaque sont rarement le point fort du propos. Je commence généralement par un “la semaine dernière”, “hier”, “il y a quelques temps”. Mais aussi pour des activités manuelles genre la couture ou le tricot, mes petites marottes du moment. Oui, c’est cyclique chez moi : j’attends avec impatience mon matos mais une fois que j’ai tout, je traîîîîne à commencer. Je ne sais pas par quel bout prendre. Le pire, c’est quand je me prends d’une passion soudaine sans socle préexistant genre : le paper art. Ca me fait surkiffer, je vois plein de photos, je suis motivée ! Mais par quel bout je prends le truc ? Par quoi je commence ? Parce qu’un mauvais départ, c’est la voie royale pour vite laisser tomber. Sur un roman ça génère de la frustration. J’ai toutes ces histoires dans ma tête dont je ne fais rien/ Ces scènes tricotées au fur et à mesure de mes marches pour aller bosser qui n’attendent qu’à être couchées sur papier. Mais si le départ est mauvais, je n’arrive plus à rattraper le fil.
Quelques astuces pas idiotes ?
Du coup, reprenons les conseils du Pr “j’aurais tant aimé te montrer ma culotte” et voyons si nous pouvons les appliquer :
- Une citation : alors non, direct. Le conseil est bon, ne nous méprenons pas mais vous savez qui commence ses romans ou chapitre par une citation ? Marc Lévy, Guillaume Musso, Dan Brown… Pas des gens que j’ai envie de suivre (no offense, c’est juste pas ma came). Et de façon générale, je trouve que les gens qui usent de citations dans la vie réelle genre sur leur Facebook ou Twitter sont des médiocres qui veulent se faire passer pour ce qu’ils ne sont pas.
- Une anecdote : et mais pourquoi pas en fait. Sauf que voyons… Maja, je raconte quoi comme anecdote sur elle ? Là, la phrase sert juste à enchaîner direct sur Maja et l’éveil de sa conscience politique, on s‘en fout un peu de ce qu’elle a pu faire avant, rien ne la rattache à cette histoire là. Mais le coup de l’anecdote, ça peut servir pour plus tard.
Un début comme un générique de film
Et pourquoi ça me saoule autant cette phase d’attaque ? Parce qu’avant, j’avais un vilain tic d’écriture qui lançait la première scène comme un film, littéralement : une description rapide d’un lieu, un personnage « pop » : ce sera lui ou elle le héros ou l’héroïne, certainement et quelques lignes plus tard, quelqu’un viendra lui parler pour qu’on ait le prénom de la personne. Ce qui donnait dans la version 1 d’Ezialis :
“Le bois grinça, ajoutant une touche de lugubre dans l’obscurité nauséabonde. A l’odeur de sueur et de déjections se mêlaient celles, tenaces, de poisson séché et d’algues en putréfaction. L’ambiance pesante était entrecoupée de toux, de râles, quelques sanglots. Ils ne savaient pas précisément vers où ils naviguaient mais leur avenir s’annonçait sombre.”
C’est limite si vous ne voyez pas les noms des acteurs apparaître en surimpression, non ?
Mais le descriptif n’est pas si mal, si ?
N’empêche… N’empêche qu’à tout relire, je me dis que c’est peut-être mieux. Et si “roman nom de code “Maja Sweden”” démarrait par “Le ciel lourd de ce matin d’automne donnait une allure lugubre à la salle de cours où on n’entendait que le professeur et les cliquetis des claviers sur lesquels les étudiants tapaient avec dextérité. Maja Lagerkvist ne se doutait pas que ce cours allait bouleverser sa vie”.
Mmmm… C’est mieux non ?
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