Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

Il est criminel de gâcher une bonne idée

Voilà, paf pouf pif. Au moins. Ce week-end, j’ai écrit un article sur Alien, citant plusieurs oeuvres traitant de l’extinction de l’Humanité et comment on tente d’envoyer des gens congelés dans l’espace pour la faire survivre. Et au détour d’une phrase, je cite Ascension, une série assez nanardesque. Et de suite, je m’emballe : cette série est criminelle. Parce que son pitch contenait une bonne idée. Mieux, une idée géniale. Une idée qui, si je l’avais eue, moi, m’aurait tout fait mettre de côté pour me mettre à corps perdu dans l’écriture pour l’exploiter dans l’urgence. Mais malgré cette bonne idée, Ascension fut un échec. Et ça me dépite.

Ascension, une série prometteuse mais ratée

Le meilleur plot twist

J’ai écrit tout un article sur le sujet mais je vais quand même vous raconter rapidement. Attention, je vais révéler le gros plot twist (qui intervient à l’épisode 2 ou 3) et qui fut la seule raison qui m’a poussée à aller jusqu’au bout de ce truc. Donc si vous voulez quand même regarder et découvrir ce plot twist, rendez-vous au paragraphe suivant. Donc Ascension, c’est l’histoire d’un vaisseau spatial plein d’Humains qui fonce vers Proxima du Centaure car il y a une planète vivable. Les astronautes ne sont pas congelés, ils vivent dans la fusée, ce qui implique que les Humains qui arriveront sur la planète de Proxima seront les petits ou arrière-petits-enfants des astronautes de départ. Sauf que… la fusée n’a jamais décollée. Les habitants de la fusée sont toujours sur Terre mais ils ne le savent pas, il s’agit d’une expérience de l’armée américaine. Franchement, sur cette révélation-là, je bondissais sur mon siège en mode “oh non, trop bien !”. Sauf que le reste ne fut pas à la hauteur. Loin de là.

La fusée dans Ascension

On va ruiner la bonne idée avec des sous-intrigues nulles

Ascension, c’est un peu le même échec que “Under the dome”, je dirais. Une bonne idée gangrénée par des défauts d’écriture assez classiques. Le pitch de départ d’Ascension, c’est qu’il y a eu un meurtre dans la Fusée, le premier meurtre intergalactique. Seulement on va se perdre dans des intrigues politico-chiantes, des scènes de cul aussi gratuites que peu utiles. Parce qu’on va forcément avoir le personnage de la femme sexuelle dont dangereuse. Ah et en cerise sur le gâteau du “on comprend rien à ton histoire”, y a une enfant avec des pouvoirs psychiques. Pourquoi ? Je ne m’en souviens pas du tout. Et je m’en fous un peu. Par contre, l’élément scénaristique de génie, on va pas l’exploiter. Remontrons plutôt Tricia Helfer en petite tenue. Pffff. La série n’a pas été renouvelée et franchement, je comprends. Under the dome a duré trois saisons dont au moins deux de trop. 

Ascension, la série avec une bonne idée totalement gâchée

On a toujours la tentation du mille-feuille narratif

Quand on crée une histoire, la tentation est grande de traiter plusieurs plans. Dans Ascension, il y a certes le voyage dans l’espace et l’enquête policière mais aussi la question du pouvoir. Une question qui peut tout à fait avoir sa légitimité dans une communauté en vase clos, j’ai pas trop de soucis avec ça dans l’absolu. Sauf que là, c’est du contre-kems permanent. Je te trahis mais en vrai, je suis double traître car j’ai trahi le capitaine pour te faire croire que je suis de ton côté mais en vrai, je ne roule que pour moi, ahah. J’ai même pas compris pourquoi ils se faisaient la guerre du pouvoir. Vous serez morts à la fin du voyage, qu’est-ce que ça peut vous faire ? Et alors l’histoire de la gamine psychospirite, là, c’était trop. Evidemment, y a des petites romances, pas toujours très intéressantes. Et une ado avec une frange moche. Ca aussi, va falloir arrêter. On te malmène tellement dans tous les sens que finalement, quand on a la révélation de qui est le tueur, t’es là “ah ok, osef”. En réalité, là, de suite, je m’en souviens même pas. 

Il faut arrêter avec les franges moches

La bonne idée enterrée sous une tonne d’intrigues secondaires

Alors ok, je m’énerve mais c’est quoi mon propos. Qu’Ascension, c’est nul ? Je l’ai déjà écrit, est-il besoin de le faire une deuxième fois alors qu’on parle d’une série qui sera oubliée de tous dans quelques années ? Non. J’en reviens à la bonne idée. Comment on l’exploite correctement, sans se perdre ? Et bien, je n’ai pas vraiment la réponse car je pense avoir ce travers. C’est à dire qu’un récit, il faut lui donner de la chair. Et une façon assez simple de donner de la chair, c’est de multiplier les sous-intrigues. Récemment, on a maté “Ne t’éloigne pas” sur Netflix, tiré d’un roman d’Harlan Coben. Alors je n’ai pas lu le roman mais la série… En fait, je continuais à regarder car je ne comprenais pas quelle était censée être l’intrigue. Quel devait être le reveal de fin. Attendre une réponse alors qu’on n’a pas saisi la question. Les acteurices n’étaient pas très bons, les personnages fort peu sympathiques et on avait tellement d’intrigues. Dont une que j’ai trouvé douloureuse à regarder. En partie pour la frange d’une des actrices. Vraiment, il faut arrêter. Pour vous dire, j’ai cru pendant quasi toute la série que l’intrigue, c’était en fait “une série de hasards et de coïncidences lance un enquêteur sur la piste d’un serial killer qui n’existe pas”. Ce qui est vachement bien comme pitch de départ, en fait. Mais en fait, j’ai compris au reveal qu’on avait une super bonne idée… mais elle avait été exploitée n’importe comment.

Ne t'éloigne pas : les insupportables Ken & Barbie

Un équilibre si subtil

Je pense qu’entretenir une bonne idée, c’est comme entretenir une plante. Il faut lui donner de l’eau et de la lumière mais avec précaution. Et c’est subtil. J’ai tué pas mal de plantes, j’en sais quelque chose. Après, mon bonzaï est mort parce que j’ai manqué plein de jours de travail en décembre 2008 et que mes collègues ne l’ont pas arrosé. Idem pour mon pimentier, mort de lors de mon été 2011 que j’ai passé en convalescence loin de lui. Ne pas arroser un pimentier pendant 2 mois le tue. Et ça me fait un peu froncer les sourcils car en ce moment, je n’écris pas. Enfin, sur mes romans, je reste constante sur mes blogs. Je n’ai plus écrit une ligne depuis le 19 décembre. Parce que le déménagement, le nouveau job. L’envie de me créer une vraie bonne méthode d’écriture et j’ai pas le temps. Mais du coup, mes bonnes idées, elles vont s’étioler ! Le souci, c’est que si je me rejette à corps perdu dans l’écriture, je risque de noyer ma bonne idée dans des péripéties annexes. Oui, ça donne de la chair sauf qu’à un moment, faudrait éviter le côté excroissance disgracieuse, voyez ? D’ailleurs, c’est tout l’enjeu de ma réécriture de Augura et des autres à la suite : enlever un peu de chair.

Une bonne idée, ça se cultive
J’aurai un oranger chez moi, si les travaux se terminent un jour…

Bon, bah, je vais réécrire Ascension

En attendant, une bonne idée, si elle a crevé d’un côté, on peut peut-être tenter une bouture. Car j’ai envie de réécrire une version alternative d’Ascension. Pas forcément dans une fusée mais en repensant à Ascension et en matant Don’t look up, j’ai eu une idée… Mmm. Une bonne idée, même, je crois. A moi de ne pas la gâcher.

Nina

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