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Ecrire un soap : pourquoi faire ?

La semaine dernière, je vous ai clamé mon amour des soaps. En apportant immédiatement une nuance : je n’aime pas vraiment les soap operas mais bien l’idée que je m’en fais. Et c’est ce qui me motive aujourd’hui à écrire un soap, précisément. Mais de quoi je parle ? Des intrigues tordues qui ne fonctionnent que par magie. Ou parce que les personnages sont d’horribles êtres humains sans morale ni empathie et qu’ils ont trouvé une source illimitée de dollars. Et pour bien comprendre ce qui me donne envie d’écrire un soap, on va se pencher sur trois « faux » soaps qui se moquent de leur propre code : Sunset Beach, Dynastie et l’inénarrable « Le Cœur a ses raisons ».

Le coeur a ses raisons

Ecrire un soap, une blague qui vient de l’adolescence

Mon projet d’écrire un soap ne date pas d’hier. Ni même d’avant-hier. L’idée a doucement émergé en… 94. Quand j’avais 14 ans, oui. Ma prof de français nous avait demandé d’écrire une rédaction à base de dialogue. J’étais donc partie sur un bon vieux soap. Niveau dialogue, c’est imbattable. En 97 ou 98, alors que je tape mes histoires sur ma machine à écrire, je commence à écrire un soap qui s’appelait Business is business. Il y avait trois familles : les Adams, les Kennedy et les… Marshall. Les Adams et les Kennedy étaient particulièrement rivaux sans réelle raison. Parce que faut être rival, quoi. La 2e Kennedy, Kirsten, avait décidé de devenir la femme la plus puissante de la ville pour être enfin reconnue par son papounou. Elle avait pour ambition de voler la boîte d’Alison Adams, sa pire rivale, et de former un couple surpuissant avec Richard Adams, frère d’Alison. Sauf qu’en vrai, Richard est toujours amoureux de Lily, la sœur aînée de Kirsten. Qui était mariée à un dentiste dont j’ai oublié le nom qui trompait sa femme avec Kirsten. J’étais à fond et j’avais vraiment coché tous les items avec trois générations distinctes qui s’affrontent. J’avais également les jeunes qui traînaient dans un bar de jeunes en bord de plage. Des psychopathes et des enfants cachés. Je crois juste que j’avais pas géré les morts pas vraiment morts, damned.

Les jeunes dans les soaps
Mon Dieu la coiffure de la fille à droite

J’ai écrit Fallon avant Fallon

Alors vous allez me dire « attends, une jeune femme ivre de pouvoir qui cherchent la reconnaissance paternelle… tu te fous de nous, c’est Fallon Carrington ! ». Hé oui. J’ai écrit Fallon avant qu’elle ne devienne cet ange de la télé. Alors j’ai zéro mérite d’avoir inventé un personnage quasi identique à un personnage que je découvrirai genre 20 ans plus tard. Dans les soaps, on est dans les archétypes. Et c’est ce qui régale dans l’écriture d’un soap, en fait. On est dans le cliché absolu et assumé. Dynastie n’essaie même plus de faire semblant… Je sais même pas s’ils ont vraiment essayé de se prendre au sérieux. Mais pour moi, ça a été foutu à partir de l’épisode où Fallon s’écrie en pleine bagarre de Noël « Joyeux anniversaire Jésus. ». Ma réplique préférée au monde. Dynastie est un peu ce que j’espère faire en terme d’écriture de soap. Moins la vanne de changer l’actrice qui joue Crystal à chaque saison vu que moi, j’écris, tu sais…

Les Crystal de Dynastie

Un soap né d’une vanne

Dans le genre soap qui se prend pas du tout au sérieux car, c’est une vanne, nous avons… Le cœur a ses raisons. Une écriture intéressante car elle rend l’histoire absolument grotesque et absurde, ce qui donne tout le sel de cette série. Même si j’ai jamais compris pourquoi tout le monde montrait la scène du scrabble pour faire connaître cette série. Alors qu’il y en a tant de meilleures. Rien que le premier épisode, je pleurais de rire. Ok, les acteurs s’amusent comme des fous et ça se ressent. Ils reprennent les grands classiques : jumeaux cachés joués par les mêmes acteurs ou actrices, perruques et manoirs désuets. Y a même l’épisode du tremblement de terre, un classique dans les soaps. Enfin, la catastrophe en général. Ca permet de coincer quelques acteurs ensemble. Je me souviens, petite, il y avait eu un truc comme ça dans Santa Barbara. Après, avec mes cousins, on jouait au tremblement de terre à base de « J’ai trois immeubles qui me sont tombés dessus, je suis plus blessé.e que toi ». Ah, l’enfance… On a la variante bombe pour coincer des personnages dans les décombres comme dans Sunset Beach.

Sunset Beach, le soap à plusieurs degrés

Et quelle transition incroyable ! Parlons de Sunset Beach, le soap qui peut se regarder autant au premier qu’au second degré. Cette série est magique. Déjà parce que tu as des copier-collers de scènes de Scream ou du Poséidon. Oui, oui, le Poséidon car certains personnages partent en croisière et tsunami… Pif paf, bateau retourné. On a tout ! Les morts qui sont pas morts, les amours insincères, des bébés volés, des frères jumeaux maléfiques, des triangles amoureux, des inséminations sur une fille droguée avec une pipette à pâtisserie, une maladie qui n’existe pas, des bijoux maudits. T’as même des maîtres nageurs en maillot rouge. Tu as tout. D’ailleurs, dès que j’ai un peu de temps, je dois enregistrer un podcast sur cette série, je le DOIS. Sunset Beach, c’est vraiment mon préféré car il ne brise jamais le quatrième mur, contrairement aux précédents. Dans Dynastie, il y a quelques regards caméra un peu complices et des vannes sur les soaps. Genre dire à la 3e actrice qui incarne Crystal quand celle-ci se pointe « tiens, c’est marrant, t’as pas la même tête que d’habitude ». Ou des personnages qui se prennent pas du tout au sérieux. Dans Sunset Beach, c’est très absurde; On a notamment Annie qui a toujours des rêves éveillés très rigolos. Mais le jeu des acteurs reste très premier degré. Ca pourrait être complètement un vrai soap au premier degré, y a quasi pas de différence. Excepté les espèces de parodies de films précitées.

Terror Island de Sunset Beach

Des ambitions démesurées

Alors j’en reviens à mon envie d’écrire un soap. Depuis 97-98, j’ai voulu lancer un soap-blog en 2008, quand j’étais chez TMF avec que ça à faire de mes journées. J’avais commencé à réécrire Business is business. Puis en 2012, j’avais eu une idée un peu plus ambitieuse. J’avais débuté l’écriture d’un roman sans nom que j’appellerai Souria, le prénom de l’héroïne. Prénom que j’ai eu pour ambition de réutiliser dans mon « Clara Sheller reloaded » Audrey car j’aime ce prénom. Bref, je voulais faire de Souria mon Ulysse en moins… imbitable mais sans avoir l’ambition d’en faire un monument de la littérature puisque je voulais juste mêler différents genres. Il y avait la trame principale de Guillaume, un scénariste d’une série française quotidienne avec plein de dramas. Et que s’apelerio Plus belle la vie, oui. Guillaume déteste son taf et tombe amoureux de Souria qui lui suggère de faire décliner la popularité de l’un des personnages dont il a la charge, Justine, sorte de garce arriviste comme il y en a dans tous les soaps. Quoi que dans Plus belle la vie, je crois pas qu’il y ait vraiment de méchantes. En tout cas pas dans les héroïnes principales. Donc on avait la trame principale, le scénario de la série et en troisième couche, la volonté de « tuer Justine » devenait un roman policier où « Justine » devenait un personnage à part entière (« Juliette ». Subtil…) et qui servait de miroir au triangle relationnel entre « Justine », Guillaume et Souria. Bon, j’ai écrit trois pages, à peu près. Mais la partie scénaristique aurait été un peu mon soap, comme vous l’avez peut-être compris.

Ecrire un soap

J’ai besoin de me détendre donc go

Mais là, on va s’y adonner pour de vrai. Parce que ça va me détendre et j’en ai besoin en ce moment. Avec de la chance, ça va me guérir un peu le bidou. Et ce sera une bonne excuse pour regarder des soaps et me replonger dans Sunset Beach. Et, peut-être, Santa-Barbara si j’arrive à me le procurer parce qu’on aura la combo soap et années 80. Quoique je viens de découvrir qu’il y a eu 2137 épisodes donc à raison de 3 par jour, j’en aurai à peu près pour 2 ans et je me suis pas prévue un chômage aussi long. Bref, je vais mater des soaps, l’écrire et je verrai pour le publier en ligne, « épisode » après « épisode », comme un vrai. Ca peut être rigolo.

Nina

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