Souvent, je vitupère un peu les séries ou films que je regarde car je suis agacée par les vices narratifs qui me font sortir du récit. Genre les personnages trop cons qui prennent systématiquement de mauvaises décisions que personne ne prendrait jamais dans la vraie vie. Mais parfois, je tombe sur des ovnis qui se transforment en énorme coup de coeur et comme il faut commencer l’année sur une note positive, je vais vous parler d’une série que j’ai vraiment aimé. C’est parti pour une chronique sur Crazy ex Girlfriend !
Une avocate perdue dans sa vie
Alors l’histoire : Rebecca est une jeune avocate brillante à la carrière fulgurante. Et pourtant, quelque chose ne va pas. Alors qu’elle est en plein bad, elle aperçoit dans la rue Josh Chan, son amour de jeunesse. Un dialogue plus tard, elle plaque tout pour West Covina, une petite ville de Californie où réside le fameux Josh. A partir de là, elle va se constituer une petite vie entre collègues de bureau, voisine sympa, barman cynique et Josh. Même si, oupsie, il a une copine de type bombasse ultime. Rebecca parviendra-t-elle à conquérir le coeur de Josh ?
Presque Ally McBeal en surface
Sur la base, y a rien d’original. C’est plus ou moins le pitch d’Ally McBeal : une jeune avocate qui se retrouve dans un cabinet loufoque avec son amour de jeunesse, c’est limite du copier/coller. Surtout qu’Ally McBeal était quand même une série très musicale. Et nos deux héroïnes sont fantasques avec une imagination débridée. Sauf que la folie est un cran au-dessus chez Crazy ex girlfriend puisqu’on ne se contente pas de danser sur du Barry White dans les toilettes. Non. On se lance dans de fantastiques numéros de comédie musicale !
Une vraie comédie musicale
Alors c’est le premier point à aborder sur cette série. Il y a des chansons de ouf interprétées par les acteurs de la série, comme le prouve le show spécial où les acteurs sont venus chanter sur scène. Alors autant j’ai pas trouvé ce show hyper intéressant en soi, essentiellement parce qu’il y a un côté un peu surjeu typiquement américain qui me saoule un peu, autant ça permet de mesurer à quel point cette série a créé quelques chose. Les gens étaient venus déguisés, j’ai trouvé ça assez délirant. Et les acteurs ont l’air de vraiment s’amuser, ça fait plaisir à voir. Et ce côté musical qui donne toute sa fantaisie à la série va trancher avec un autre aspect, beaucoup plus noir.
Une vraie comédie dramatique
Car c’est une vraie comédie dramatique. J’ai été en PLS toute la saison 03 qui est très dure. Car le côté “crazy”, “folie” dont je parle, c’est pas juste une expression. La série a été écrite et interprétée par Rachel Bloom, artiste américaine qui a souffert de problèmes psychiatriques : dépression, anxiété, trouble obsessionnel compulsif selon Wikipedia. Elle utilise ce vécu pour raconter la maladie et libérer la parole autour. Durant les quatre saisons, on va donc suivre Rebecca dans des phases up mais aussi des phases down. Car elle va découvrir qu’elle souffre de troubles de la personnalité borderline et ça va être un long travail pour essayer de trouver une stabilité. Le sujet est grave et je vous cache pas que quelques épisodes sont franchement éprouvants, spécialement dans la saison 03. Mais la série ne parle pas que de ce trouble-là. Chacun des personnages est dans une quête initiatique et se confronte à ses propres démons. Entre celui qui ne veut pas grandir, celle qui ne sait pas quoi faire de sa vie, celle qui se cherche des exutoires jusqu’à tomber dans une étrange obsession, celui qui a un problème d’alcool, ceux qui ont une sexualité moins hétérosexuelle qu’attendue… Et tout le monde grandit pendant ces quatre saisons.
Pas de male gaze
Bref, c’est drôle mais parfois dur. Il y a une pure fantaisie dans cette série qui a pu me faire rire aux éclats et la fin est juste parfaite. Une vraie leçon de vie que je vais pas spoiler ici. Et point non négligeable : l’héroïne n’est pas mince, voire maigre. Je faisais un comparatif avec Ally McBeal, série à l’ambiance assez toxique pour ses actrices dont plusieurs ont souffert d’anorexie. Ici, Rachel Bloom n’est pas particulièrement mince et c’est franchement un non-sujet. A part une vanne sur une culotte amincissante en tout début de série, l’héroïne n’est jamais à la recherche de la minceur et semble très amoureuse des bretzels. Je peux comprendre, moi-même… La minceur est même une blague puisqu’une des héroïnes très mince vit dans la privation dans la saison 1 (“Evidemment que j’ai faim, j’ai faim depuis 1996 !”) avant de lâcher l’affaire dans la saison suivante… et d’être bien plus heureuse. Mais surtout, il n’y a pas de male gaze, ce regard masculin qui glamourise la femme en toutes circonstances. Quand Rebecca est en phase down, elle est négligée. C’est presque choquant tellement on ne voit jamais ça dans les séries.
Le vide quand ça finit
Crazy ex girlfriend, c’est un peu la série que tu finis avec un peu de tristesse. Vous savez, il y a des personnages qui vous hantent un peu, comme ça, et qui vous manquent un peu quand c’est fini. J’avais ressenti ça en lisant L’amie prodigieuse qui avait suscité en moi des sentiments aussi positifs que négatifs. Là, c’est pareil. Même si la série finit parfaitement et que je suis persuadée qu’une saison de plus aurait été une saison de trop, j’ai mis quelques jours à m’en remettre. Alors je vous la conseille. Avec ce petit bémol que des fois, c’est dur. Y a une scène en particulier de la saison 03 qui m’a pulvérisé le coeur. Mais à côté de ça que de fous-rires. Et de supers chansons. D’ailleurs, faut que je me fasse une playlist dédiée, ça pourrait être ma BO de 2021…
2 réflexions sur « Crazy ex girlfriend, une série très comédie musicale »