Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

Citizenfour de Laura Poitras

Je ne vais pas au cinéma que pour voir des blockbusters, j’y vais parfois aussi pour réfléchir. Comme lors de cette soirée spéciale organisée par Rue89 avec la projection de Citizenfour de Laura Poitras suivi d’un débat sur la loi renseignements. Je ne parlerai pas trop du débat puisque nous avons dû partir avant la fin avec Victor vu qu’on dormait à l’autre bout de Paris. J’y reviendrai peut-être un autre jour.

Affiche Citizenfour

Citizenfour, donc. Ca commence un peu comme un film d’espionnage un peu étrange. L’écran se couvre de textes, de messages mail cryptés échangés à propos d’un secret qu’il faudra révéler. Du fait que ceux qui veulent parler sont certainement déjà surveillés… Paranoïa de 2 accros à la théorie du complot ? On sait que la femme, c’est Laura Poitras, la réalisatrice. Mais qui s’adresse à elle ? A qui annonce-t-elle sa probable surveillance ? Un journaliste entre en scène, contacté par Laura car le mystérieux homme n’arrive pas à le joindre de façon sûre. Cet homme a une révélation à faire sur des écoutes à l’échelle internationale. Le journaliste, Glenn Greenwald, décide de s’intéresser à l’affaire, il prend donc rendez-vous avec l’Homme mystérieux. Dans un hôtel à Hong Kong, Greenwald suit un long couloir, avançant à la rencontre de ce lanceur d’alertes. Il ouvre une porte, on découvre enfin le visage de cet Homme qui sait tant… Edward Snowden. Léger hoquet dans la salle. Même si on le savait, la révélation claque bien.

Citizenfour

Ce film est en fait l’histoire des révélations de Snowden au sujet des écoutes de la NSA. Pour ceux qui ne sauraient pas de quoi je parle, petit article récapitulatif. Une bonne partie du film traite du travail de journaliste de Greenwald et Snowden. Une ambiance un peu électrique, ils savent qu’ils prennent des risques. Une scène est assez frappante : pendant qu’ils travaillent dans l’Hôtel, une alarme incendie se déclenche, une fois, deux fois. Snowden se fige, blanc comme un linge, en proie à la panique. Cette scène m’a marquée parce que, nous, on regarde le film en connaissant la fin de l’histoire. Mais eux, ils y sont en plein dedans. Snowden n’est pas encore le mec qui ébranle le système. Il se prépare à le faire mais ne sait s’il arrivera à ses fins.

Snowden & Greenwald dans Citizenfour

L’info sort. Snowden est vite retrouvé et commence à fuir. Cette partie du documentaire tombe un peu à plat, peut-être parce qu’on sait. Mais il perd en force par rapport à la première partie où tu vis le doute et la peur des acteurs impliqués. Avant même que Snowden parle, sa copine a le web coupé par exemple, des petites conneries du genre… La conversation avec Laura, qui a fui en Allemagne, s’avère compliquée. Ils passent de cryptage en cryptage pour essayer de ne pas se faire repérer. Limite, la moindre interférence anodine devient suspecte, c’est assez angoissant. Une fois les révélations faites, la fuite s’organise vite même si les protagonistes sont harcelés. Puis la suite, on la connaît.

Citizenfour gagne l'oscar du documentaire
La remise de l’oscar du documentaire à Laura Poitras et Glenn Greenwald (qui a eu le Pulitzer aussi)

Sur la forme, le documentaire n’est pas fou en soit. Mais passons sur le fond et sur la question qu’il pose sur nos droits fondamentaux et sur le statut des lanceurs d’alerte. Snowden est pour le moment réfugié en Russie où il vient d’obtenir un droit de séjour de 3 ans. Parce qu’il risque d’être emprisonné aux Etats-Unis pour espionnage, vols et utilisations illégales de biens gouvernementaux. Rien que ça, oui. Mais à qui profite le “crime” de Snowden ? Les données collectées par le programme PRISM en tant que telle n’ont jamais été dévoilées. Il dénonce le programme mais n’en dévoile le contenu à personne. A qui ça nuit ? Ah oui, certes, aux gouvernements impliqués et à Verizon, complice de la NSA. Mais les citoyens ont le droit de savoir que leurs conversations sont espionnées… Ah ben vu ce qui l’attend aux Etats-Unis, apparemment, non.

Edward Snowden

Bref, je ne suis pas certaine que Citizenfour soit absolument indispensable pour se renseigner sur l’affaire Snowden. Le sujet n’est pas tant abordé que ça. On parle plus des précautions prises par les personnes impliquées et les conséquences de la révélation que des révélations en elles-mêmes. Elles y figurent, oui. Mais ça ne vous apprendra rien que vous ne sachiez déjà si vous avez suivi de près. Il reste l’intérêt d’une bonne piqûre de rappel, on oublie tellement vite…

Nina

Un commentaire sur “Citizenfour de Laura Poitras

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Revenir en haut de page