Volet trois de ma série sur les pétages de plomb. Oui, y a une logique dans mes articles, faut pas croire. Aujourd’hui, nous allons donc parler de ma passion récente pour les comédies romantiques. Enfin, quand je dis passion, j’ai lu deux Melissa da Costa et Madame Bovary. Oui, je l’ai lu dans cette optique-là mais j’en reparlerai peut-être un jour. Bref, pour le nanowrimo, j’avais décidé de me lancer dans l’écriture d’un roman comédie romantique. Avec de l’infidélité au coeur. Et j’ai dépassé les 120 pages, ça m’a permis de reprendre une routine d’écriture, tout va bien. Sauf que j’ai réalisé que le côté romantique, j’en avais rien à faire. Ce qui m’intéressait, c’était la mue.
L’amour transforme
Dans les comédies romantiques que j’ai pu voir, l’amour est un matériel initiatique. Je veux dire, les histoires de coeur, ça fait un roman chiant si tu n’y mets pas un peu d’épices. Il faut que les personnages évoluent pour que ça ait du sens. Je suis toujours un peu embêtée par ce prisme, surtout si les comédies romantiques se concentrent sur le personnage masculin. Vous savez, ce côté “avant, j’étais un connard jusqu’à ce que je la rencontre, elle”. Ce qui enferme les femmes dans l’éternel rôle du care, celle qui doit sauver l’Homme de son statut de déchet. Alors que, plot twist, un connard est un connard et vous méritez mieux, mesdames. Du coup, j’ai une nette préférence pour les histoires de cœur racontées du point de vue de la femme. Même si, neuf fois sur dix, elle est insupportable.
Mêmes les héroïnes reloues grandissent
Un exemple : Clara Sheller. J’arrive pas trop à situer pourquoi cette série revient toujours dans mes propos alors que je suis à peu près certaine de n’avoir pas vu tous les épisodes de la saison 01. J’avais juste bien aimé la fin de la saison 02 avec notamment un bel épisode avec Annie Duperey en voix off. Mais on va se le dire : Clara Sheller est la pire meuf au monde. Puérile, irresponsable, égoïste jusqu’à en devenir cruelle. Ce genre de femme qui déboule dans ta vie et devient ta meilleure amie. Puis un jour, tu craques, tu la tej. Et tu réalises soudain à quel point la vie sans elle, ses délires, ses crises, son nombrilisme H24, est vachement plus douce. Well, je viens d’avoir une idée de roman, là. J’ai trop d’idées de romans, damned. Mais si Clara est insupportable et qu’on la déteste tous, alors qu’elle est interprétée par Zoé Felix dont on ne peut être qu’amoureux⸱se, elle évolue. La saison 02 finit justement sur l’heure des comptes et quand sa vie s’effondre, Clara comprend à quel point elle a chié dans sa vie et gagne en maturité. Elle mue.
La vraie histoire, c’est celle de l’évolution
C’est un peu la même avec Valeria que j’ai déjà cité où les héroïnes évoluent dans leur vie ou Sex and the city où les héroïnes grandissent pareil. Sauf Carrie, condamnée à la pire relation amoureuse qui soit. Quoique dans le deuxième film, je crois qu’il est question qu’elle se débarrasse enfin de Big pour rejoindre Aidan. Mais comme je l’ai pas vu… Crazy ex girlfriend, aussi. Même dans Friends, les personnages atteignent une certaine paix avec eux-mêmes en trouvant leur place en ce monde. Quoi ? Friends, c’est pas une comédie romantique ? Un mec qui court pendant dix ans après son amour d’enfance et finit par l’avoir à la fin ? Ce qui implique qu’elle renonce à son rêve le plus fou, au passage. Alors qu’il aurait pu partir vivre avec elle à Paris, il était prêt à partir vivre à Londres pour une meuf qu’il connaissait depuis trois jours. Quand je vous dis que les comédies romantiques racontées du point de vue du mec sont souvent nases.
La mue n’est pas douce
En vrai, plus j’avance dans l’écriture de ma comédie romantique, plus je réalise que ce qui m’intéresse, c’est la mue de mon héroïne. Sa liaison n’est qu’un prétexte à se demander, soudain, si ce qu’elle fait la rend vraiment heureuse. Elle sait, au départ, qu’elle choisit ses voies en fonction de son déficit de reconnaissance parentale. Elle a pour seule ambition de “réussir” de façon éclatante. Sauf qu’au fur et à mesure, elle réalise que ce n’est peut-être pas ce qu’elle veut réellement faire et se retrouve perdue. Ah oui, la mue ne se fait pas toujours dans la douceur et la délicatesse. Des fois, ça tire, ça pique, ça déchire. Mais finalement, dans tout ce que j’écris, il y a toujours cette notion de croisée des chemins. Poursuivre sa voie tracée ou en sortir. Et si changement de voie il doit y avoir, ça ne se fera pas sans heurt, forcément. Le pétage de plomb ne sera pas forcément tonitruant mais envoyer valser le château de cartes qu’on a construit pendant des années, ça ne peut pas se faire de façon anodine non plus.
Chercher sa voie
Bref, si certaines fictions sacralisent le pétage de plomb en le rendant superbe et destructeur, je réalise que beaucoup de fictions parlent de ça sans prendre ces atours si dramatiques. Carol opère sa mue en toute discrétion, par exemple. Et moi, j’avais un peu envie d’écrire ça parce que j’ai passé beaucoup de temps, ces dernières années, à chercher ma voie. Alors que finalement, ma voie, ce serait plutôt d’être rentière pour pouvoir lancer mes projets fous comme mon mini-golf, ma ferme bien-être et mon café loisirs créatifs sans avoir peur de la faillite. L’avantage, c’est que ça ne peut pas arriver donc je peux tout à fait rêver à ce lieu merveilleux et même imaginer que j’aurais le temps d’écrire livres et bd à côté. Mais sinon, juste avoir une vie peinarde où je peux avoir du temps pour moi, ça me convient aussi. Suffit juste que j’arrive à trouver qui m’a jeté un sort pour que je finisse toujours dans des boîtes aux N++ ultra-toxiques et tout ira mieux. Mais j’ai quand même réalisé une mue, ces dernières années : j’ai réalisé que la “réussite”, j’en avais rien à faire. Peut-être que mon héroïne arrivera à la même conclusion, qui sait ?
