Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

L’ennui des quiproquos amoureux

La romance dans la fiction, c’est une excellente épice… à condition de l’utiliser avec justesse et équilibre. C’est là le gros défi ! Parce que les romances qui poppent sans raison parce que le héros doit emballer l’héroïne, non merci ! Mais quand la romance est au coeur du roman, va falloir allonger la sauce. Quitte parfois à créer des quiproquos amoureux totalement stupides.

Big et Carrie, un amour dysfonctionnel

Allonger l’histoire avec disputes et ruptures

Parmi toutes les fictions que j’ai pu avaler dans ma vie, il y a quelques romans “young adults”. Le principe peut être résumé ainsi : une jeune femme souvent vierge et un peu niaise rencontre un bad guy qui va la faire grimper aux rideaux. Il y a une progression dans les actes sexuels : entre le premier baiser appuyé et la sacro-sainte pénétration, il doit y avoir quelques rapports buccaux et deux ou trois doigtages. J’avais parlé rapidement des Héritiers, saga dont j’ai fini le tome 1 et j’irai pas plus loin. Je croyais que c’était un peu progressiste rapport au fait que les scènes de cunnilingus étaient perçues comme de vraies scènes de sexe. Mais non. A la fin du volume 1, notre tendre héroïne n’a pas reçu le Saint Pénis en son antre donc elle est toujours vierge. Je digresse. Donc bref, on nous raconte une histoire d’amour où, à la fin, la tendre héroïne déniaisée (dans tous les sens du terme) a attendri le bad guy. Et on va allonger la sauce sur un, deux, trois voire quatre bouquins ! Alors pour y parvenir, va falloir de la dispute et de la rupture. Souvent à base de quiproquos amoureux.

After, relation toxique

Des quiproquos nuls

Je sais bien que les relations amoureuses ne sont pas un long fleuve tranquille. Parfois, on se dispute, on se fâche. Souvent pour des trucs nuls et peu intéressants pour un roman. Je veux dire qui va écrire dix pages sur une chaussette mal rangée ou un message laissé en “vu” ? Il faut créer des quiproquos amoureux. Sauf que, parfois… t’as envie de prendre les deux amoureux et leur cogner la tête l’une contre l’autre pour qu’ils perdent connaissance et arrêtent d’être aussi cons et de mauvaise foi. Pour créer des quiproquos, on va jouer sur deux scénarios type : 

  • Un personnage cache un secret. Genre il ne peut pas dire où il était à un moment, l’autre imagine qu’iel est cocu·e et c’est la dispute. Alors que souvent, le secret est totalement moisi et il n’y avait pas vraiment de raison de faire des cachotteries.
  • Le mec fait de la merde pour aucune raison. Généralement il va embrasser une meuf random voire couche carrément avec elle parce qu’il est torturé, tu comprends… 
Chuck Bass, un petit ami toxique

Se réconcilier en mode serpillère

Mais le pire, c’est qu’il faut après réconcilier. Ce qu’on va résumer par “la fille fait la serpillère car son mec est un torturé et que ça doit être un peu sa faute à elle s’il est allé coucher ailleurs”. Je vous renvoie à un vieil article sur le terrible “il faut pardonner par amour” que je ne cautionne paaaaaaaaaas du tout. Alors oui, l’amour, des fois, c’est compliqué. L’infidélité, ça arrive et ça peut se pardonner, chacun ses choix. Le problème, ici, c’est que les personnages sont malheureux. Franchement, qui a envie d’une relation où on ça se dispute en permanence ? Qui ? Pourquoi on veut toujours nous vendre des relations toxiques où le mec n’a pas un gramme de respect pour notre pauvre héroïne ? Mais elle s’accroche car elle va le sauver, ahah. Le syndrome de l’infirmière, je vous jure que c’est pire que les règles niveau damnation pour les femmes. Dans After, la meuf s’excuse après que le mec ait passé une nuit avec une autre suite à une dispute. Moi le pire du pire que j’ai fait suite à une dispute, c’est de dormir sur le canapé ! Je suis pas allée coucher avec le voisin ou je sais pas qui.

Nate et Maddy dans Euphoria

L’amour ne doit pas s’obtenir à tout prix

Je ne dis pas que c’est facile d’écrire une histoire d’amour. Une histoire d’amour plate n’intéressera personne. Mais si vous êtes incapables de raconter une histoire sans vous reposer sur la stupidité des personnages et une susceptibilité paranoïaque hors-norme… Arrêtez ? Je veux dire tu peux écrire une histoire d’amour sans que ce soit l’unique sujet du roman. Enrobe ça dans un polar ou une dystopie, par exemple. Non parce qu’avec vos conneries, vous vous retrouvez à promouvoir une vision extrêmement toxique des relations amoureuses. Expliquer à vos jeunes lecteurs et surtout lectrices qu’on doit se transformer en paillasson pour avoir le prince charmant, vraiment… arrêtez. 

Nina

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