Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

Le lycée du mensonge

Hé, ça prend du temps de chercher (et trouver) un nouveau taf… Mais me revoici avec un nouveau téléfilm et cette semaine, je vous propose de repartir au lycée pour Le lycée du mensonge. Appelé parfois aussi L’écho du mensonge. Et ça débute très fort avec une jeune lycéenne qui témoigne dans le bureau d’un proviseur qu’un professeur l’avait touchée dans la salle de chimie entre les cuisses. Okayyyyyyy ! On voit le dit prof dans sa salle de cours qui a l’air super cool et drôle. Une autre lycéenne confirme en expliquant qu’à la base, sa camarade ne voulait pas témoigner car « personne ne la croirait ». « Mais pourquoi elle pense ça ? » demande l’inspectrice. Non mais madame, tu veux que je te sorte des stats ?

Le lycée du mensonge

Culpabilité et glace à la cerise

Donc je suppose qu’on va avoir droit à une histoire de parole contre parole, la lycéenne a-t-elle menti ou pas ? Déjà, on voit que c’est une fiction car le prof est arrêté immédiatement avec menottes et tout.  En tout cas, la fille qui a témoigné d’avoir vu le prof la main entre les cuisses de l’autre fille, Tracy a pas l’air très épanouie. D’ailleurs, elle est sûre que ça ne se serait jamais passé dans son ancien lycée. Bon, on va suivre l’histoire de la dite ado, ses parents s’engueulent parce que le père doit passer une visite médicale mais il a pas le temps… Bon, il va donc faire un infarctus avant la fin du téléfilm. En attendant, Tracy se réfugie dans son restaurant parce qu’elle a pas envie de rester au lycée donc il lui offre une glace à la cerise. J’aime comme les parents de téléfilms sont soit ultra autoritaires et abusifs, soit vraiment trop laxistes.

Le lycée du mensonge

Gentil prof vs les menteuses

Bref, le prof de chimie boit avec son pote en mode « ohlala, je suis trop victime de la société, il suffit qu’on nous accuse de viol pour voir nos carrières détruites, blablabla ». D’ailleurs, il est sûr que Sophia, la fille qui l’a accusé d’attouchements, lui a volé son ordinateur portable. Bref, le professeur raconte que tous ses anciens élèves lui écrivent pour le remercier, bla bla bla et j’ai quand même assez peur de ce que va nous raconter le téléfilm. Surtout qu’on nous montre que la scène de l’agression ne s’est pas tout à fait passée comme prévu. Sophia a raconté à Tracy la scène dans les toilettes du lycée mais cette dernière n’avait rien vu ! Et du coup, elle se dit qu’elle a bien déconné car M. Adkins va aller en prison. On alterne entre scènes où Tracy doute et M. Adkins reçoit le soutien de tous ses proches car c’est injuuuuuuste. Bon, je vais aller au bout mais je suis déjà un peu énervée…

Le lycée du mensonge

Un suicide suspect

Ah, on va un peu suivre Sophia qui essaie de forniquer avec son petit copain mais le père débarque… et lui offre une voiture avant de réclamer un cocktail à son futur gendre. De quoi ? Ils sont vraiment très détendus les parents dans ce téléfilm. Puis le lendemain, elle débarque au lycée en mode « balek de M. Adkins » tandis que ce dernier reçoit mille lettres de soutien. Même une élève explique à Tracy que c’est Sophia qui a menti parce que c’est une peste, bla bla. Tiens, l’actrice, c’est Tony dans Riverdale. Par contre, Tony nous explique que la mère de Sophia s’est suicidée y a trois ans. Le vernis craquèle. Et à propos de suicide… M. Adkins a disparu, on a retrouvé sa voiture près de la rivière avec un mot qui annonce son suicide. Un mot écrit à la machine qui s’excuse de ses erreurs. Il avoue du coup ? J’y crois pas une seconde à cette histoire de suicide. Mais on l’annonce aux élèves au lycée et Tracy en vomit. Par contre, Sophia, je sais pas.

Le lycée du mensonge

Un mensonge pour une voiture

Bon, on va désormais suivre la fille Adkins qui pleure son papa mais aussi Tracy qui commence à trouver que Sophia n’est pas très malheureuse et lui demande des explications. Cette dernière lui met la pression en mode « faut pas que tu parles de notre mensonge car sinon, on va nous accuser de sa mort ». Et d’ailleurs, dans la scène suivante, on apprend que Sophia a bien menti ! C’était un coup monté avec son petit copain car il a volé l’ordinateur du prof pour qu’elle ait les réponses du test, obtienne une bonne note et obtienne la voiture en récompense. Quoi ? Alors j’ai pas compris les attouchements dans l’histoire mais… quoi ? 

Le lycée du mensonge

La fille du mort mène l’enquête

Pendant ce temps, on retrouve le corps du papounet qui a le visage bien coupé pour un suicidé… Mmm. C’est rigolo parce que Tracy a rêvé qu’il l’accusait avec exactement les mêmes plaies sur le visage. Fifille trafique sur l’ordinateur de son père et découvre qu’il n’a pas imprimé son mot d’adieu sur son imprimante car une tâche était bloquée depuis une semaine. Je vous avais dit que ça collait pas, cette histoire de suicide. Surtout que Fifille n’a pas trouvé trace du fameux texte dans l’ordinateur. Elle en parle à son oncle et ils doutent tous les deux. En tout cas, ça commence à chauffer pour Tracy qui veut prendre ses distances avec Sophia qui commence à flipper. Bon, vu que M. Adkins a été tué, j’ai un peu peur pour la jeune lycéenne. Fifille qui sent le coup fourré demande à un joli garçon qu’elle semble connaître de lui trouver un poste au lycée. Ca va enquêter. Mais pas tout de suite : d’abord, elle va dîner avec le joli garçon qui a un chien très beau. Aucun rapport avec le schmiblick mais j’avais envie de le souligner.

L'écho du mensonge

Une enquête compliquée

June, la fifille, débarque donc au lycée et confisque le portable de Sophia qui textait ostensiblement en plein cour et elle récupère le numéro du petit copain. Les notifications qui apparaissent sur la page d’accueil même quand votre téléphone est verrouillé, c’est un cancer. June essaie de sympathiser avec Tracy mais pas de bol, son papa fait un infarctus très soudain et inattendu. Sauf des téléspectateurs vu que chaque conversation le concernant parlait des risques cardiaques et que son père était mort comme ça, bla bla bla. June amène Tracy à l’hôpital et elle se confie. Elle s’est cassé le genou en faisant l’idiote (comme moi dans le temps) et elle a perdu sa bourse et son papa a dû bosser dur. Et tant qu’à y être, elle se confie à demi-mot sur le mensonge que Sophia l’a encouragée à raconter. Oui, raconte ça à une parfaite inconnue, c’est cohérent. June profite de son passage à l’hôpital pour appeler le numéro chopé sur le téléphone de Sophia… qui n’avait pas enregistré le numéro de son petit copain ? Elle promet à Tracy de lui ramener ses affaires mais prend le temps de fouiller Facebook pour retrouver qui est le mystérieux « Jay » qui gravite autour de Sophia. Et donc c’est son mec parfaitement officiel. Un peu compliqué cette histoire de trouver le petit copain pas du tout mystérieux.

L'écho du mensonge

Des aveux express

Tracy finit par tout balancer à June dans les détails. Et là, June tombe le masque. C’est la fille de M. Adkins ! Elle est ultraforte quand même. En même pas un jour, elle obtient les aveux de Tracy et a retrouvé le casier judiciaire du petit copain de Sophia. Comment ? Bah via Internet ! Tracy est un peu tourneboulée quand June lui apprend sa réelle identité et fuit quand sa mère lui annonce que son papounet va s’en sortir. June lui court après mais Tracy n’est pas encore prête à avouer son mytho à la police. Du coup, June va tout raconter au joli garçon. 

Sophia et Tracy dans L'echo du mensonge

Une future victime bien arrangeante

Pendant ce temps, le papa de Sophia lui offre sa voiture de rêve et Jay et elle se font des déclarations d’amour à base de « si je devais tuer quelqu’un pour toi à nouveau, je le ferai, hihi »; La soirée est plus dure pour Tracy qui a picolé et va défoncer la porte du garage de ses parents avec sa grosse bagnole. Non mais ça me bute tous ces gamins de 16 ans qui conduisent des voitures grosses comme des camions. Tracy va à l’école et coince Sophia : « ahah, je dirai tout à la police demain car ce soir, je le dis à mes parents mais avant, je vais aller à l’hôpital après les cours ». On est à la limite du « si tu veux me tuer, à 17h, ce sera pas mal ». Sophia, vénère, déclenche l’alarme incendie pour menacer Tracy qui fait une tête renfrognée et écrit un mot qu’elle file à June. Elle la convie à la révélation de la vérité à l’hôpital puis à la police. Oh bah c’est sympa. June est assez intriguée car le légiste a découvert que son père était saturé de somnifères « six fois la dose normale ». Mais du coup, c’était pas la peine de le jeter dans le fleuve, il serait mort quand même, non ?

L'écho du mensonge

La confrontation finale la plus pétée ?

Bon, Tracy va à l’hôpital en vélo vu que son SUV est toujours planté dans la porte en mousse du garage et elle est suivie par Jay qui la cartonne ! Mais pas très bien donc elle a une jambe cassée ou deux mais elle n’est pas morte. D’ailleurs Jay commence à paniquer donc Sophia décide qu’elle va gérer ça elle-même. Ils font toujours ça les mecs, saloper une tâche pour qu’on finisse par faire les choses nous-mêmes. Du coup, Sophia appelle June (pourquoi ?) et lui confie que Jay a renversé Tracy et elle est en bad car il veut la tuer. Alors c’est rigolo parce que le personnage fait semblant de pleurer mais elle a zéro larmes. Elle met tout sur le dos de Jay. Elle raconte donc l’histoire en faisant croire que tout est son idée. Et donc que l’agression sexuelle était un plan pour détourner les soupçons vis-à-vis du vol de pc. Mais quoi ? Ca n’a aucun sens. Alors qu’elle est en train de dire que Jay a tué M. Adkins, qui débarque ? Jay ! Je sais pas d’où mais voilà, il est là. Avec un gun, tiens. D’où il sort, on ne sait pas. June pige pas bien mais moi non plus, en vérité. Bon, en résumé, Jay et Sophia sont en mode « c’est toi », « non, c’est toi ». Et Jay se suicide. Quoi ? Mais enfin…

L'écho du mensonge

Quasi happy end

C’est la fin, papa va sortir de l’hôpital mais pas Tracy mais ça va, June lui apporte des biscuits. Et Tracy lui donne un film trop mignon qu’elle et sa pote ont fait sur M. Adkins. Que c’était un mec trop bien et qu’il ne faudra jamais l’oublier. June annonce à Joli Garçon qu’elle va revenir durablement en ville puis on apprend que Sophia va plaider coupable. On réaccroche le portrait du professeur au tableau d’honneur du lycée, juste derrière le drapeau américain. Et fin. 

Sophia / Devon dans le lycée du mensonge

Un très mauvais message

Alors je suis énervée de ouf. Je l’ai senti arriver très tôt, j’espérais me tromper mais non. Voici donc un type même de téléfilm très problématique par l’idée qu’il fait passer. Aujourd’hui, dès qu’une femme ose dénoncer une violence sexuelle dont elle a été victime, on remet systématiquement sa parole en question en évoquant les “fausses accusations”. Si celles-ci existent, elles sont extrêmement rares. Pourquoi ? Parce que dans la vraie vie : 

  • la parole de la victime sera systématiquement remise en doute, ce qui n’est absolument pas le cas ici. On a droit à deux témoignages bancaux et le mec est renvoyé. Dans la vraie vie, on file un César à un mec qui est jugé coupable de viol et le Ministère de l’Intérieur à un mec qui reconnaît être intervenu sur un dossier après avoir couché avec son accusatrice. Yay.
  • Même avec les plus solides preuves du monde, celui ou celle qui va se déclarer victime de viol sera jamais entâché. D’ailleurs, c’est pas pour rien qu’on dit d’une personne qu’elle a avoué avoir été victime de viol. Elle avoue rien du tout, c’est une victime ! Il n’y a aucun gain à se prétendre victime de viol car l’opprobe va tomber sur vous presque autant que sur le coupable. Déjà, j’espère pour vous que vous n’avez pas une vie sexuelle un peu débridée car sinon, vous l’aurez forcément cherché. 
L'écho du mensonge

Arrêtons avec ces ressorts scénaristiques problématiques

J’ai bien conscience que ça peut faire un bon ressort scénaristique. Enfin non, ça a été usé jusqu’à la trame, cf. Sexcrimes pour le plus connu d’entre eux. Mais surtout le fait que ça puisse éventuellement faire un bon ressort scénaristique ne doit pas tout justifier. En ce moment, je m’intéresse pas mal aux imaginaires collectifs et les téléfilms sont très problématiques sur le sujet puisqu’ils adorent raconter des histoires de femmes meurtrières (très minoritaires dans la vraie vie) et des fausses accusations de viol (idem). En racontant cette histoire, on ancre dans les imaginaires que non, quand même, faut prendre le parti de l’homme car il est peut-être innocent. Ici, c’est même carrément le meilleur mec du monde qui est mort parce que la popular girl bourgeoise voulait une voiture. Dans le style “toutes des putes, c’est trop dur pour les gentils hommes”, on pouvait pas faire pire.

Nina

2 réflexions sur « Le lycée du mensonge »

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