Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

Interstellar, un space opera un peu incohérent

Bonjour, j’ai pris l’avion donc j’ai vu plein de films que je n’avais pas vus au cinéma. Et je viens partager mon avis. Interstellar, donc. J’ai un petit intérêt pour les space operas. Dès qu’un film se passe dans l’espace, ça m’intéresse même s’ils sont souvent assez mauvais. Mission to Mars te fait taper la tête contre les murs tellement les ficelles sont grosses. Prometheus m’a fait pas mal lever les sourcils. Même Albator m’a laissé un peu dubitative sur le scénario. Après avoir maté Gravity au cinéma et en 3D, je voyais en Interstellar, l’occasion de remonter un peu le niveau. Non parce que Gravity, c’était très bien fait, bien malaisant mais le scénario avait été oublié sur Terre.

Gravity

Un film loooong

Donc Interstellar. On va pas faire durer le suspense. A la première tentative de visionnage, je me suis endormie au bout de 8 mn. J’ai tenu 1h20 la 2e et enfin terminé la 3e. Parce qu’on va pas se mentir : c’est chiant et long.

interstellar

Un spationaute providentiel

L’histoire. Cooper, un ancien pilote d’on ne sait trop quoi, est devenu agriculteur après avoir planté sa machine. Mais il reste traumatisé cet échec cuisant. Il vit dans une petite ferme avec son papounet et ses 2 enfants. Un garçon qui ne sert pour ainsi dire à rien et une fille qui vient réveiller son papa car les fantômes de sa chambre foutent le bordel. Cette enfant, répondant au doux nom de Murphy souffre du syndrome de l’enfant intelligent et fayot. Et n’a visiblement pas réglé son complexe d’Oedipe puisqu’elle n’adresse pour ainsi dire la parole qu’à son père. En résumé, au bout de 10 mn, Murphy me gonfle et pas qu’un peu. Quant à son père, à part serrer les mâchoires et faire son rebelle nostalgique d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, il est à peu près aussi passionnant qu’une réunion sur les résultats financiers de ta boîte un lundi matin à 9h. Donc on part direct sur des personnages sans charisme auxquels tu n’as pas envie de t’attacher. Bien…

Ecoute ce que te dit la gravité

S’ensuivent quelques scénettes sans intérêt et maladroites pour bien illustrer le monde merdique dans lequel l’Humanité évolue désormais. Genre une chasse au drone totalement inutile et qui n’a pas le moindre sens. Un nuage de poussière qui semble fasciner les joueurs de base ball alors que c’est décrit comme un phénomène normal… Un peu comme si on restait saisis par une averse, quoi. Et sans transition, passe direct la 3e ! Papounet comprend que Murphy ne délire pas tout à fait avec son fantôme. En fait, c’est dû à une perturbation de la gravité ! Gravité qui communique en binaire ! Il reconnaît des coordonnées et fonce direct là où on lui dit d’aller. Bon après tout, vu qu’il a des grosses machines automatisées qui s’occupent de ses champs, on va dire qu’il n’a que ça à foutre de rouler des heures pour se rendre à un point dicté par la gravité. La facétieuse Murphy se glisse discrètement dans la voiture mais il s’en rend compte trop tard pour la ramener à la maison. Noyons cette enfant, par pitié.

interstellar, Cooper et Murphy

Un gros bunker secret au bout d’une route

Notre joyeux duo finit par arriver devant un énorme bunker et se font embarquer illico presto par des personnes semblant légèrement hostiles. Parce que merde, comment qu’ils ont trouvé ce bunker introuvable ? On parle donc d’un énorme bâtiment avec une route qui le dessert… Ah ben oui, c’est étonnant que quelqu’un ait fini par le trouver dis donc… Bon bref, notre copain apprend qu’en fait, la NASA qui a été interdite quand il a fallu cultiver des champs pour nourrir l’Humanité a continué ses travaux en secret. Et même que le bâtiment secret dans lequel ils sont est en fait la structure d’un super vaisseau qu’ils ambitionnent un jour d’envoyer dans l’espace avec toute l’Humanité dedans. Car on pourra pas survivre sur Terre, c’est mathématique. Ca vous situe la taille du bâtiment « introuvable » au passage… Bref, puisque Cooper est là grâce à la gravité dont tous les scientifiques réunis ici reconnaissent la facétie mais la justesse. Du coup, on va tout lui raconter.

Dr Brandt dans Interstellar

Sauver l’Humanité à tout prix

Donc si l’Humanité reste sur Terre, tout le monde va crever parce qu’on a tout cassé. Le maïs, seule céréale qui parvient à survivre, va finir par disparaître elle aussi. A partir de là, y aura plus rien à manger. Donc notre demi-douzaine d’amis de la NASA, ils se disent que quand même, on peut pas laisser les humains disparaître comme ça. Ils ont donc mis en place 2 plans :

  • Plan A. Il y a un trou de ver mis en place par on ne sait qui du côté de Saturne. On y va et derrière, y a 12 planètes possiblement viable. On y a déjà balancé 12 scientifiques et y en a 3 qui émettent toujours. Donc on va aller voir par chez eux si c’est bien viable.
  • Plan B. Y a pas possibilité de rapatrier tout le monde. Mais les prochains scientifiques vont partir avec plein d’ovules fécondés pour créer une colonie ailleurs. Mais ceux qui restent sur Terre meurent. Tant pis.
Le vaisseau d'Interstellar

Pas vu, pas pris

Vous comprenez pourquoi j’en avais déjà marre ? Des mecs qui bossent dans le plus grand secret ont envoyé 12 navettes dans l’espace. Personne n’a rien vu et l’argent et les matériaux doivent pousser sur les arbres à la NASA. Tout ça pour balancer des gens via un trou de ver placé par une entité inconnue pour, peut-être, trouver des planètes viables. Et comme on n’arrive pas bien à communiquer avec ceux qui sont partis, on va re renvoyer des spationautes jeter un œil. Et ils prendront des ovules fécondés qui vont certainement pouvoir grandir sans aucun incubateur vu qu’on est dans le futur. Plan moisiiiii. Evidemment, on propose à Cooper de piloter le barda. Parce que bon, on part demain et qu’on n’a personne pour conduire la navette. Merci la gravité, hihi. Evidemment, Cooper accepte. Murphy chiale et veut pas lui dire au revoir. Elle lui révèle que la gravité lui a dit en morse « reste ». La gravité a du mal à choisir un langage, elle en utilise donc plusieurs. Mais Cooper n’écoute pas. Tu comprends, il fait ça pour sauver ses enfants.

Interstellar, Murphy et Cooper

En route, mauvaise troupe

La petite troupe part. Dans le vaisseau : Cooper, le Dr Brandt, fille du Dr Brandt, chef de la NASA. Et qui est donc la seule, en dehors de Cooper, à avoir le droit à un background familial. Y a aussi un docteur Barbu et un docteur Noir qui ont certes des noms mais on les retient pas parce que… On s’en fout en fait. Nos joyeux drilles sont accompagnés de 2 robots carrés répondant aux doux noms de TARS et CASE. Les seuls à avoir un peu d’humour parmi notre bande de scientifiques bien trop investis de leur mission. Ils partent, s’amarrent à une station qui avance en tournant sur elle-même. Un clin d’oeil subtil à 2001 odyssée de l’espace, je suppose. Avant leur hibernation de 2 ans, durée pour rejoindre le trou de ver au niveau de Saturne, ils matent les messages envoyés par leur famille et en renvoient un. Murphy l’insupportable fait toujours la gueule.

L'équipage spatial

Des explications mal posées

2 ans plus tard. Tout le monde se réveille et on se jette dans un trou de ver. Concept gentiment expliqué par le docteur barbu à Cooper, le pilote du vaisseau… C’est à dire que le mec qui est censé conduire à travers le trou de ver ne sait pas ce que c’est ? On retrouve là le problème récurrent de ce film. Sous prétexte de poser des éléments, il les explique un peu à tort ou à travers.

Un trou de ver dans l'espace

La relativité du temps et tsunami

D’ailleurs, de l’autre côté du trou de ver, nos planète soit disant viables gravitent autour d’un trou noir. Et on est repartis pour un blabla scientifique qui a surtout pour intérêt d’intégrer le temps comme une donnée relative. En gros : la première planète qu’ils souhaitent visiter est très proche du trou noir donc le temps y est fortement ralenti. Une heure sur cette planète équivaut à 7 ans sur Terre. Donc on y va quand même mais on reste pas trop pour pas trop trop perdre de temps. Car le temps, c’est précieux, la planète Terre est en train de tuer ses habitants. Evidemment, l’expédition qui devait durer quelques minutes se passe mal. Le docteur barbu disparaît très mais alors très connement et Cooper et Dr Brandt ne parviennent à repartir qu’au bout d’une heure, soit 7 ans sur Terre…

La planète aquatique d'Interstellar

23 ans de perdu

Mais en fait non ! Quand ils arrivent dans le vaisseau, ce sont 23 ans qui se sont envolés. Légère erreur de calcul, dis donc… Le docteur noir les attendait sur le vaisseau et on mesure alors la compassion de la Dr Brandt. Quand le docteur noir demande où est le barbu et la scientifique qui a atterri sur cette planète, elle secoue la tête pour dire « nan, ils sont morts. Et mon père ? » « Il est toujours en vie » « aaaah, super ! ». La Dr Brandt et Cooper vont donc écouter les messages envoyés par leurs proches car ils peuvent en recevoir mais pas en envoyer. Cooper a droit au journal intime de son fils qui a rencontré une fille puis ils sont mariés puis ils ont un enfant mais il meurt car la Terre est devenu un milieu hostile mais il en a un 2e et tiens, papy est mort la semaine dernière. Quand soudain, en dernière vidéo, qui que voilà ? Murphy ! Voilà, au bout de 25 ans, elle a fini de faire la gueule. Et devinez quoi ? Murphy travaille à la NASA avec le papa du Dr Brandt, c’est foufou !

Jessica Chastain dans Interstellar

Après la planète d’eau, la planète de glace

La 1ère planète étant moisie, nos spationautes décollent vers une 2e planète, celle explorée par le Dr Mann. C’est une planète où les nuages sont en glace… Oui bah pourquoi pas ? La première était une planète recouverte de 50 cm d’eau avec des tsunamis tous les trois-quarts d’heures alors bon… Ils arrivent à localiser le module du Dr Mann, il est dans son sarcophage d’hibernation. Et là : ouiiiiiii, il est en vie. Le Dr Mann dit que la planète est viable sous les nuages de glace et il va amener Cooper zieuter tout ça. Oui, amener le seul mec nul en biologie du lot voir si une planète est bien viable, ça me paraît un bon plan.

La planète de glace dans Interstellar

Une narration confuse qui spoile

Et là, on arrive au gros raté du film à mon sens. Nolan choisit de développer en parallèle trois péripéties. L’exploration de Cooper et Mann, le docteur noir qui va essayer de réparer le robot de Mann qui est démonté et Murphy qui, au sol, découvre la trahison du Dr Brandt qui a fait exprès de pas intégrer la donnée temps dans ses calculs pour faire partir sa fille et lui permettre de survivre. Or la trahison de papa Brandt te laisse à penser que ça va pas bien se passer chez les spationautes non plus. Et ça loupe pas : en fait, Mann a pété les plombs. Il a fait croire que sa planète était viable juste pour qu’on vienne le chercher et décide donc de tuer Cooper. Tandis que le Dr Noir, en voulant réparer le robot qui aurait donc révélé la supercherie, vole en éclat. On est donc dans un rebondissement clé du film et on le voit venir à des kilomètres grâce à un montage grossier. Et le reste est pire ! Grâce à l’amour d’un père pour ses enfants, Cooper parvient à prévenir la Dr Brandt de sa situation, elle vient le sauver alors qu’il commence à ne plus pouvoir respirer. Mon Dieu est-ce qu’il existe quelque chose de plus tarte que « c’est grâce à l’amour d’un père pour ses enfants que j’ai pu survivre plus de 5 mn dans un air irrespirable » ? Accrochons-nous, nous avons dépassé la moitié du film.

Cooper marche sur la planète de glace

Un plan peu inspiré

Mann essaie de s’enfuir à bord du gros vaisseau mais comme il est un peu con, il se loupe et provoque une explosion qui endommage le vaisseau mais pas trop. Au point où ils en sont, ils décident donc de larguer un des robots dans le trou noir pour qu’il puisse dire ce qu’il s’y passe. Comment ? Oh prffff. Puis ils repartiraient vers la dernière planète soit disant viable, on ne sait jamais. De toute façon, viable ou pas, ils n’ont aucun moyen de le dire aux autres. Donc voilà, tout le monde va mourir.

Interstellar, un plan de merde

Cooper dans le trou noir

Mais en fait non ! Parce que Cooper, il est un peu tête brûlée donc il se balance lui aussi dans le trou noir. En laissant la pauvre Dr Brandt seule dans l’univers pour aller coloniser une planète qui est peut-être viable… Hmmm… Pendant ce temps, Murphy a soudain une révélation et retourne dans sa chambre de jeune fille, persuadée que la gravité va lui donner la solution au problème du Dr Brandt et sauver donc l’humanité. Hé oui, dis donc parce qu’en fait, son père est tombé dans une sorte de zone étrange construite par on ne sait toujours pas qui. Et c’est fou, ça lui donne accès pile à la chambre de Murphy, incroyable ! C’était donc lui qui lui parlait en morso-binaire dis donc. Comme il est pas si con, il comprend en 2mn30 comment ça marche et lui livre donc en direct la solution à son problème grâce à la montre qu’il lui avait offerte lors de son départ. Et qu’elle avait légèrement fracassée contre un mur mais apparemment, c’est du solide.

Cooper se jette dans un trou noir

Un suspense auquel on ne croit pas

Bon, pendant ce temps, il se passe aussi un truc avec le frère de Murphy mais ça sert juste à mettre de la tension. Oui parce que le frère est hyper vénère après Murphy car elle a cramé les champs de maïs. Littéralement. Vraiment, la meuf que personne ne voudrait avoir dans sa famille. Donc il la cherche pour lui casser la figure ou un truc du genre mais… Ce suspense est totalement inutile puisque pour rappel, Cooper navigue dans le temps, donc…

Matthew McConaughey, le spationaute quantique

Se croiser par hasard dans l’immensité de l’univers

Une fois sa mission accomplie, Cooper se laisse dériver dans l’espace dans un plan totalement pompé sur 2001… Mais c’est pas encore la fin (achevez-moi), non non ! Parce qu’en fait, Cooper est ramassé dans l’espace juste avant la fin de son oxygène par un immense vaisseau spatial ! Celui construit dans le secret et qui balade l’humanité pour aller voir du côté du Dr Brandt si y a de la planète viable ou pas. Cooper retrouve donc Murphy. Son fils doit être mort, il ne pose même pas la question. Murphy est désormais vieille dame honorable entourée de tous ses enfants. Ils se font un petit bisou puis Cooper prend un vaisseau rejoindre le Dr Brandt qui est en train de tripatouiller ses ovules fécondées, se pensant seule dans l’univers.

FIIIIIIN

That's all folks

Des personnages dont je me fous

Alors oui, j’ai trouvé ce film ennuyeux d’abord parce que les personnages sont stéréotypés et absolument pas attachants. Quand Cooper apprend que son père est mort et que son petit fils aussi, il chiale comme un perdu… Et moi je ne comprends pas bien de qui on parle. Quand Murphy lui parle enfin, je me dis juste « et bien, 25 ans de boudage, record battu ». Les relations entre personnages sont mal ficelées : certes il y a l’amour entre Murphy et son père, au détriment d’un fils dont on se demande presque à quoi il sert. A part garder la ferme familiale, expliquer le retour de Murphy 25 ans plus tard et nous offrir une scène d’action avec peu d’enjeu. Les autres relations sont mal mises en place et les rebondissements qui y sont liés tombent à plat. Le Dr Brandt est prêt à sacrifier l’humanité pour sauver sa fille mais les 2 personnages n’interviennent quasi jamais ensemble à l’écran. Cooper abandonne sa fille, certes grabataire, en fin de film pour rejoindre la Dr Brandt avec qui il n’a jamais été question de relations plus profondes que du professionnel. Mouais…

Cooper et Dr Brandt, une romance imaginaire

Un scénario présentant quelques incohérences

Mais le plus violent reste les trous dans le scénario. Certes, on ne peut pas tout expliquer dans un film de 3h mais le côté « oh bah y a des gens qui ont construit ci ou ça, on sait pas qui ni pourquoi mais on va partir du principe que c’est pour nous et notre bien ! ». Heu… De la même façon, il y a un vrai souci avec cette histoire de gravité magique. Dans la chambre de Murphy, il s’agit donc d’une intervention de son père flottant dans le trou noir. Pourquoi pas. Mais ces perturbations sont également à l’origine du crash de son vaisseau en tout début de film. Et ça, on ne sait pas pourquoi. De façon générale, les personnages prennent tout avec une placidité assez troublante. Cooper découvre la base secrète de la NASA, on lui explique que la Terre est condamnée et qu’il faut aller piloter un vaisseau. Le mec dit oui sans discuter et va enfiler sa tenue. Au passage, j’aimerais savoir comment ils auraient fait pour piloter cette fameuse navette sans la providentielle gravité. Quand ils découvrent des planètes aux vertus scientifiques étonnantes, genre les tsunamis avec 50 cm d’eau ou les nuages en glace, ils ne cherchent pas à comprendre. C’est comme ça et point. Quand la Dr Brandt touche une perturbation de la gravitation dans le vaisseau, en fait Cooper qui remonte le temps dans son trou noir, elle touche et point. Personne ne lui demande ce que ça fait, à minima. C’est-comme-ça. Pour des scientifiques, je trouve qu’ils manquent cruellement de curiosité.

Des scientifiques peu curieux

Je suis pas rentrée dedans

Bref, le film est bien fait. Les effets spéciaux sont bons. Je suis un peu surprise du parti pris de filmer les navettes en plan très serré, on ne doit les voir dans leur globalité qu’une fois ou deux. Mais après tout, pourquoi pas. Mais je suis pas rentrée dedans du tout. Moralité : je vais me remater 2001, odyssée de l’espace.

Nina

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