Faut la faire tourner longtemps en bouche pour vérifier que ça reste bon. Il semble que plus je barbote dans le burn-out, plus mes métaphores sont bancales. Et en même temps, cette histoire de bonbon, elle marche bien avec ce que j’ai envie de vous raconter aujourd’hui. Ca aurait sans doute mieux marché avec un chewing-gum mais je n’aime ni l’aliment ni même le mot donc restons sur le bonbon. En résumé : l’autre jour, j’ai eu une idée de roman. Je la trouvais bien mais plus j’y pense… plus je doute.
Tout commence par un rêve inspiration
Le soir, quand je m’endors, j’ai un vœu pieux qui traîne à la limite de mon conscient. J’espère faire un rêve inspiration. Ce genre de rêve qui me raconte une histoire à peu près exploitable. La plupart du temps, ça n’arrive pas. Surtout en ce moment où je suis vraiment très fatiguée. Je plonge dans le sommeil, j’en ressors et je ne me souviens d’aucun rêve. Mais l’autre soir, voici un rêve un peu étrange. Pas d’histoire de révolte ou de cataclysme, non. Une histoire de triangle amoureux qui me paraît pas mal intéressante. Moi qui me plains de ne pas savoir écrire des histoires d’amour (petit a), ça pourrait être l’occasion de m’y frotter. Et si je me démerde bien, ça pourrait même être plus publiable que ce que j’écris en temps normal. Oui, je vais être au chômage dans 48 jours, je vous cache pas que je vais tenter de me trouver quelques sources de revenus en attendant de trouver ma Voie. En majuscule, oui.
Réfléchir à son histoire pour éviter les impasses
Donc me voici avec mon petit triangle amoureux de type très drame bourgeois du cinéma français. Au début ça roule mais petit à petit… Un peu dans le genre d’Happy few. Ouais, pas mal, pas mal. Quand j’ai une idée de roman, je la fais tourner dès que je marche. Là en ce moment, je réfléchis beaucoup sur les Enfants d’Ella dont il va falloir que j’écrive le premier chapitre, quand même. L’avantage de faire tourner ses idées comme un bonbon, c’est que ça permet d’avoir une vision un peu plus profonde que « hé, c’est pas mal comme idée ». Par exemple, sur Les enfants d’Ella, il y a toute une société à imaginer et je me heurte à pas mal d’illogismes. « Ah oui, la société, elle va fonctionner comme si ou comme ça ». Typiquement, j’ai prévu qu’une certaine catégories de personnages ne soit pas prévue pour avoir des enfants. Dans mon système, je suis partie sur « on n’explique pas la sexualité à ces personnages et comme ça, ils n’auront pas l’idée de s’y adonner ». Le but étant d’éviter des grossesses, pour l’essentiel. Sauf que puisque c’est censé se passer dans le futur, empêcher une grossesse devrait être relativement facile. Quelques hormones et hop, merci, au revoir. Faire tourner le bonbon et se rendre compte que là, le goût n’est plus si ouf.
Et à la fin, ce sera nul
Il en va de même pour mon triangle amoureux. Le souci ici, c’est la fin. Je n’ai aucune idée d’où je veux aller avec cette histoire, en fait. Où mon cerveau endormi a voulu m’amener, plus précisément. Alors ok, situation initiale, quelques rebondissements, j’ai mais… c’est quoi la fin logique à tout ça ? Si je décide d’écrire cette histoire, qu’est-ce que je veux en faire ? Un roman photo un peu sexy où des personnages prennent des poses ? 100% l’ennui. Vous savez pourquoi je ne mange jamais de chewing-gum ? Outre le fait que c’est pas top pour la santé, surtout pour une personne aux boyaux flingués comme moi ? Parce que je trouve qu’il n’y a rien de moins satisfaisant qu’un chewing-gum. Oui, la première sensation de fraîcheur dans la bouche est super mais au bout de quinze-vingt minutes, tu te retrouves à mâcher un bout de caoutchouc sans goût qui finit limite par m’agacer. Si c’est juste pour te rafraîchir l’haleine, prends un Ricola. Ou brosse-toi les dents si tu peux. On ne fera rien de mieux que ça. Et avec ma super idée de triangle amoureux, je me retrouvais sur un roman chewing-gum : le début aurait pu être intéressant, j’aurais peut-être même réussi une ou deux scènes de sexe assez bandantes. Mais ça aurait fini en bout de caoutchouc sans goût. Ok, nos trois personnages sont arrivés au bout de leur triangle amoureux, ça ne tient plus. Et ensuite ?
L’exercice du bonbon
Quand je vous ai parlé de mes inspirations subites, je vous ai parlé de ce besoin viscéral d’écrire de suite ce que j’avais eu en tête. Uchronia et Et la Terre ont vu leurs premiers mots tapés sur le clavier de mon téléphone dans le métro. Là, j’essaie de mettre en place une feuille de route pour éviter de partir dans une histoire qui échouera après trois-cents pages parce que j’ai oublié de réfléchir à la motivation du méchant… Et dans le processus d’accouchement d’une idée, il y a l’exercice du bonbon. Marcher et penser au roman, tenter de mettre les pièces du puzzle dans le bon sens. Et si ça ne rentre pas… C’est que ma bonne idée n’en était pas une.
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