Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

Documenter ma vie, une source d’inspiration ?

Voire de distorsion de la réalité pour devenir l’héroïne de sa propre vie ? Une de mes obsessions en temps qu’autrice du week-end, c’est vraiment la question du journal intime. Documenter ma vie pour en recenser le moindre sentiment, positif ou négatif, pour l’utiliser éventuellement un jour pour un roman quelconque. La tentation est grande, ça permettrait de rentabiliser toutes les contrariétés. Sans tomber dans le stakhanovisme du positif, documenter sa vie permet de donner un peu de relief à ses personnages.

(c) Fernanda Suarez

L’impossibilité du journal intime

Alors j’essaie un peu de reprendre un journal intime, sous le prisme d’un personnage pour un peu tout exagérer ou grossir certains trucs. Parce que je ne dirais pas que ma vie est un long fleuve tranquille mais pas loin. Surtout cette année où mes journées se résument à “lever-boulot-dej-boulot-apéro-diner-dodo” avec quelques rigolades avec mon amoureux et quelques conversations whatsapp avec les copines. Niveau ascenseur émotionnel, on oscille entre le zéro et le un et à ce niveau, là, prends l’escalier, ça ira plus vite. J’ai eu certes une déception semaine dernière et j’ai voulu en profiter pour lancer le journal d’Annabelle K, mon alter ego caustique mais… pas le temps. J’écris déjà quatre blogs et cinq romans. Documenter ma vie, à l’heure actuelle, ça se résume à prendre en photo toutes les fleurs que je croise parce que c’est joli. Et envisager de lancer un quatrième Instagram dédié aux fleurs. Et aux citations neuneus, éventuellement. 

Nigelle, fleur

Filmer les moindres instants de sa vie

Mais pourquoi je vous parle de ça si c’est pour dire que j’ai pas le time de documenter ma vie. Parce que d’autres l’ont et j’ai été troublée. Je passe beaucoup de temps sur Youtube à regarder des coachs de vie qui finissent invariablement par me lasser. Mais aussi des humoristes québécois dont Rosalie Vaillancourt qui me fait rire très fort. Par le jeu des suggestions, Youtube finit par m’amener sur la chaîne de Swann Périssé et notamment sa vidéo sur sa rupture. Une vidéo assez remuante, même quand on ne traverse pas de turbulence amoureuse, je préfère prévenir. Je ne connaissais pas le travail de la jeune femme donc j’ai d’abord été très surprise de voir les kilotonnes de vidéos tournées avec son mec, des moments volés du quotidien. Un journal intime filmé, finalement. Et sur le coup, je me suis interrogée : pourquoi faire ça ?

Se filmer

Se filmer tout le temps ?

Attention, je ne juge pas Swann. C’est juste que je n’ai que peu de rapport à la vidéo. Je me suis lancée dans une vidéo “une seconde par jour” et c’était génial de faire ce challenge sur 2020 (non). Il doit y avoir une vidéo pour chaque centimètre carré de jardin de la résidence, yay ! Mais déjà, je galère. En vérité, quand je vis un truc chouette avec des gens, je ne filme pas. Du coup, on se retrouve à la place avec des vidéos de mes chats qui dorment. Et parfois, je triche en mettant des photos parce que j’ai rien filmé. Et pourtant, ces vidéos de rien, du quotidien, je trouve que c’est une matière incroyable.

Mes petits chats

La vraie vie sonne mieux que les histoires inventées

Car j’ai un vice : les histoires de la vraie vie. J’adore les podcasts où les gens racontent des histoires, parfois nulles, certes, c’est une source infinie d’inspiration. J’aime les vidéos Youtube de gens qui racontent un peu leur vie en tant que gens lambdas. Ils n’ont rien de particulier, ils ne sont pas forcément là par rapport à leur métier, juste, ils nous racontent des trucs. Du coup, ça me saoule de ouf de devoir creuser entre quatre challenges nuls pour avoir une bonne histoire. Je parlais la semaine dernière de l’écrit faux mais je me dis “documente ta vie et fais le mieux que ça. La vérité est dans la vie.” Ca ne veut pas dire grand chose dit comme ça mais voyez l’idée. Je pourrais inventer trois mille histoires d’amour, celle qui sonnera le plus juste, c’est celle qui est arrivé à ma pote Justine ou à Kamila qui se livre dans un podcast. Même si c’est une histoire nulle à base de “il m’a jamais rappelé” parce que faudrait voir à se rappeler que l’amour finit mal, en général. 

La tristesse de la rupture amoureuse

Carnet de note ou marché-parlé

J’y pense, j’y pense. Pas en me filmant, parce que ma vie n’est pas particulièrement intéressante. Mais en traquant l’histoire. Le thread Twitter, le podcast, les vidéos vérité. Les petits riens de la vie. Par exemple, dans mes romans, je mets à profit mon hyperosmie et je truffe mes récits d’odeurs. Ce qui est un peu dommage vu qu’on peut pas capturer les odeurs sinon, j’aurais documenté celle des clématites du jardin. Et le pétrichor que je respirais à pleins poumons suite à l’averse de début de soirée. Peut-être qu’il me faudrait un carnet pour tout écrire, tout décrire, via mon doppelganger sarcastique ou juste via moi dans de purs instants de neutralité. Enregistrer des vocaux aussi, le fameux marché-parlé que j’assume pas car j’ai peur de passer pour une folle mais après tout.

Parce qu’on vit tous les mêmes trucs

Documenter sa vie, c’est un peu conserver le banal, l’insignifiant mais aussi le plus grand, le plus fort. Pas toujours dans le bon sens du terme. Avec sa vidéo, Swann ne cherche pas à s’exhiber mais à partager. Donner peut-être un peu d’espoir à celleux qui sombrent en pleine rupture. Elle leur montre comment, au bout de six mois, ça va mieux. Et c’est un joli partage, je trouve. 

Nina

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