Bonjour, ceci est un plaidoyer en faveur des téléfilms. Il est vrai que ça fait un bail que j’ai pas chroniqué de téléfilm par ici, essentiellement par manque de temps. Mais ça me manque. Je pense que je vais finir par me trouver une occasion de réintégrer ça dans ma routine. Bref. Mes consommations de fiction se sont plus tournées vers les séries et je découvre depuis quelques temps des mini-séries qui tiendraient largement en un téléfilm. Et ça nuit pas mal à la narration.

Une série catastrophe qui connaît bien ses codes
Il y a quelques mois, je traînasse sur Netflix à la recherche d’une nouvelle série et tombe sur “La Palma”, une série catastrophe norvégienne qui se passe dans les Canaries. On va retrouver les tropes habituels : une famille quelconque avec un couple en crise, un·e enfant ado qui va trouver l’amour et prendre des décisions débiles en conséquence. Et le petit dernier qui est un peu spécial genre autiste ou très intelligent, passionné pile par la menace qui plane au-dessus des personnages. Evidemment, on ne peut pas avoir une fiction catastrophe sans un·e scientifique un peu jeune qui prévient de la catastrophe mais que personne n’écoute. Littéralement Jennifer Lawrence dans Don’t look up. Ah ça, on rajoute quelques scènes de catastrophe, des gens qui crient et des tas de figurants qui meurent dans une certaine indifférence. Et d’autres personnages identifiés qui finissent par se sacrifier des fois un peu inutilement.

Challenge : rallonger la sauce
Ok “La Palma”. Une série pas ouf avec des personnages assez nuls, on ne profite même pas tant des paysages alors que les Canaries, c’est beau. Bon, La Palma, je ne connais pas, je ne suis allée qu’à Fuerteventura et Lanzarote mais les paysages, c’était quelque chose. Le souci majeur de La Palma, c’est qu’il faut durer six épisodes. C’est long pour un scénario de téléfilm. Du coup, on va un peu rallonger la sauce comme on peut en brodant sur la vie des personnages. Ah oui, racontez des trucs randoms sur des personnages fonction, tout le monde adore ça. Mais surtout, on va rajouter des péripéties.

On s’en fout de la centaine de morts, c’est l’heure de la pistoche
A un moment, la fille du couple veut quitter l’île et rentrer en Norvège parce qu’elle croit que ses parents se disputent à cause d’elle et que la fille qu’elle convoitait semble hétéro. L’avion décolle et oh non ! Eruption volcanique. L’avion traverse le panache de fumée et se crashe. Tout le monde à l’hôtel voit l’avion se crasher. Finalement, la fille n’était pas dedans car son crush lui avait envoyé un SMS juste avant la fermeture des portes de l’appareil. Le lendemain, tout le monde chille autour de la piscine car il est temps de profiter des vacances. Attends, quoi ? La veille, vous avez vu une éruption volcanique et un crash d’avion et vous êtes là “oui bon, faut profiter de la piscine, les vacances, ça dure pas toute la vie”. Genre votre fille n’est pas morte dans la centaine de personnes que vous avez vu périr, vous vous en foutez. Okay, cool…

Des séries comme des téléfilms mais en plus long
De la même façon, je suis tombée dans une nouvelle addiction fictionnelle : les mini-séries à suspense. Vous savez, ce genre de téléfilms où une femme est menacée par quelqu’un. Un pervers narcissique psychopathe, la nounou… Et bien vous avez tout un tas de mini-séries françaises sur France TV qui reprennent ce concept. La nounou cinglée ? “L’intruse” avec Mélanie Doutey. Pas fou mais ça se passe à Bordeaux dans une maison incroyable. Une femme mature qui tombe dans les griffes d’un pervers narcissique ? Manipulations avec l’adorable Marine Delterme et le gars qui jouait dans Plan Coeur. Un thriller à base de violeur de la nuit et victimes qu’on n’écoute pas ? “Après la Nuit”. Que je conseille car il y a quelques idées de mise en scène intéressantes, notamment le fait de faire parler les actrices face caméra pour dévoiler leurs pensées qui aurait mérité d’être plus poussé. Je suis pas la seule à l’avoir appréciée. Vous avez aussi “Un soupçon” sur une histoire de femme veuve noire. J’avais vu un téléfilm sur ce thème avec Jane Seymour il y a quelques années, faudrait que je le retrouve.

T’as bien compris que le mec est un connard ou tu veux une 58e scène ?
Arrêtons-nous quelques instants sur Manipulations. Histoire classique : une femme seule qui a réussi sa vie pro mais pas sa vie perso. Un soir de dating raté… élément ultra abusé d’ailleurs. Je veux dire Jean-Michel Quelconque à rendez-vous avec Marine Delterme et il fait demi-tour quand il la voit ? Si tu veux raconter cette histoire, tu prends pas cette actrice. J’insiste mais elle est trop adorable. Bref, dans le bar où elle se prend un râteau de l’espace sans le moindre sens, elle tombe dans les griffes du beau Mathias. Pendant les épisodes suivants, on le voit l’isoler de sa famille, de ses amis, sans que le moindre suspense soit ménagé. Il tue même le chien, ce qui m’horripile. Je déteste que les fictions thrillers tuent les animaux des femmes, ça arrive quasi tout le temps. Bref la série nous étale cinquante nuances de Mathias est un connard. Alors que prendre le temps de raconter un date nul pour illustrer la lose amoureuse de l’héroïne, ce qui l’aurait plus fragilisée que juste un mec qui tourne les talons, là non.

Tu éventes ton suspense, là
Le téléfilm a ceci d’efficace qu’il n’a pas le temps de te raconter des détails qui ne servent pas le récit ou répéter cinquante fois le même récit pour qu’on comprenne bien que Mathias est un connard ou les confrontations entre Isabelle et la fliquette dans Un soupçon. Ca va, on a compris qu’Isabelle est une psychopathe, ça n’a aucun sens de faire répéter trente fois le même dialogue. Surtout que la mise en scène ruine tout suspense. Premier épisode d’Un soupçon, Isabelle nous est d’abord affectée par la mort de son mari. Bon, le résumé te spoile complètement le fait que c’est elle la tueuse mais même la narration le fait. Idem pour Manipulations ou l’Intruse. Tu n’as aucun doute sur le fait que l’héroïne est la gentille victime. La seule question qui demeure, c’est “pourquoi” et encore, à l’heure de la confrontation finale, ça fait un moment qu’on a toutes les billes.

Remettez le téléfilm à la mode
Bref, relancez la production de téléfilms plutôt que de mal raconter vos histoires. Même si bon, je dis ça mais je les regarde avec passion, ces séries thriller.