Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

Et si on arrêtait avec les gros plans en légère contre-plongée ?

Parce que je ne peux plus les supporter. Récemment, je suis allée voire Dune 2. Ce fut superbe, comme on pouvait s’y attendre de la part de Villeneuve. Une réinterprétation de l’oeuvre de Herbert avec des femmes plus puissantes avec une Chani qui ne suit pas aveuglément Paul et les Bene Gesserit bien plus influentes que dans le roman. Autant pour Chani, je ne trouve pas le glissement de personnage toujours bien amené, autant j’aime bien cette version des Bene Gesserit. Bref. J’ai pas vu passer les trois heures mais deux trucs m’ont un peu fait sortir du film. Notamment les gros plans en légère contre-plongée qui insistent sur le regard en mode déter. 

gros plan en légère contre-plongée pour montrer la détermination

A une époque, j’ai appelé ça le plan “Ursula Corbero” tant j’avais l’impression que le réal de la Casa de Papel ne savait pas la filmer autrement et j’avais retrouvé le même travers dans Dévoré par les flammes. Un peu moins certes, mais quand même. Et puis, en voyant Dune 2, ça m’a explosé au visage. C’est tout le temps, partout. On en a pas mal dans Le cinquième élément, par exemple. Alors oui, je ne vais pas contester que Mila Jovovich a de très beaux yeux, c’est un fait. Mais le souci, c’est qu’à force de voir un plan copié à l’identique, les films perdent de leur identité.

Leeloo veut se bagarrer

Je suis un peu partagée sur le cas Villeneuve. J’ai vraiment aimé Contact et je suis encore hantée par sa thématique. Le premier Dune m’avait tenue scotchée à mon siège et, dans un autre genre, j’avais pas mal apprécié Sicario. Alors que je n’aime vraiment pas les histoires de trafic de drogues et de parrains. Par contre, je m’étais ennuyée devant son Blade Runner. Je ne sais pas qui est le fautif en soi. Parce que le film est beau de fou mais le scénario, pfff. Outre le syndrome Harrison Ford, une histoire originale totalement tordue et un Jared Leto en roue libre, pour changer, j’ai pas réussi à ressentir la moindre empathie pour les personnages. Je ne sais pas si c’était juste mal écrit, notamment la romance entre K et Joi ou filmé avec une telle froideur que ça ne m’a pas touchée mais je n’ai eu aucun plaisir à regarder ce film. Alors que bon, les dystopies, quand même…

K et Joi dans Blade Runner 2049

Peut-être que c’est pas tant la faute de Villeneuve que celle d’un gimmick tellement utilisé que je ne le supporte plus. Un peu comme ces expressions qu’on trouve un peu rigolotes au début et à la fin, tu as envie de sauter à la gorge de celui qui la sort. Genre “poncer” pour dire qu’on a exploité un sujet jusqu’à la corne, usé jusqu’à la trame. Ou “c’est réel” pour dire “c’est vrai”. Mais il y a une facilité dans ce plan en contre-plongée. Une paresse, presque. Un peu une façon de considérer que le spectateur est con et qu’on ne doit surtout pas le bousculer dans ses habitudes. Un personnage déterminé aura son plan en légère contre-plongée et c’est tout. Alors autant je peux l’admettre dans un film sans réelle personnalité, exécuté par un.e yes réal’ qui fait platement ce qu’on attend de lui, autant Villeneuve… 

Denis Villeneuve et Thimotée Chalamet sur le tournage de Dune

Est-ce un travers du cinéma mainstream qui n’a rien à proposer… ou qui ne peut rien proposer ? Parce qu’ok, Villeneuve, il fait trop de belles images, un artiste incroyable. Mais qui bosse sur d’énormes projets qui n’ont rien de personnels. Contrairement aux films faits en début de carrière. J’ai cité Blade Runner, nous voici sur Dune et il est annoncé sur une adaptation d’un roman d’Arthur C. Clarke aussi, toujours dans un univers SF. Alors j’adore la SF, je ne vais certainement pas le dénigrer pour ça. Mais je me demande si la carrière de Villeneuve aux Etats-Unis, c’est pas juste l’histoire d’un Yes man un peu plus talentueux que les autres. J’ai adoré son Dune mais il n’est pas particulièrement inventif et les évolutions proposées sur le récit semblent plus coller aux habitudes du public qu’à une réelle implication personnelle. Par exemple, il donne une place très importante aux Bene Gesserit dans ses films. Pourquoi pas simplifier un peu la carte géopolitique de Dune. Cependant, entre l’opus 1 et l’opus 2, il fait fusionner les Mentats et les Bene Gesserit alors qu’on a vu les Mentats dans l’opus 1. Hop, disparu. Bisous. Et qu’est-ce que je vois dans la liste des séries annoncées ? Une série sur les Bene Gesserit. Tu m’étonnes, une série sur un ordre secret à forte dimension sexuelle, ça ne peut qu’intéresser les chaînes. Ah, en plus, ça part sur HBO. Sexy.

La série bene gesserit

Je ne suis pas une grande cinéphile. Je le dis environ tout le temps. Mais je sais que tu peux dater certains films à un effet, une tendance. Genre souvenez-vous la grande mode des lens flares à la fin des années 2000, on en avait tout le temps. Je suppose que le fait que des filtres snap ou Insta proposant le même effet a convaincu les réalisateurs de faire autre chose. Idem sur la période “full écrans verts” avec des acteurs jouant dans des salles vides face à des personnes vêtues de tenues vertes. Et des FX condamnées à vieillir très vite et très mal. Après, je suis une amoureuse des effets pratiques donc je ne suis peut-être pas très objective. Et bien, je suis persuadée que le plan en légère contre-plongée sera un marqueur de ce début des années 20. Et j’ai hâte que des réal’ un peu plus inspirés nous proposent autre chose. 

la tristesse d'un tournage sur fond vert

Mais, à propos de Dune, y a un autre truc qui m’a agacée et qui est aussi un gros signe des blockbusters américains des années 2020. On en parle next time.

Nina

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Revenir en haut de page