Quand je me suis cassée la jambe, j’ai un peu repris l’habitude de lire, ce qui n’est pas un mal. Même si je n’ai pas battu mes scores, lecture de l’actu oblige, travail, écriture et déménagement du blog prenant du temps. Mais j’ai lu trois romans qui avaient la même caractéristique : le héros principal était l’avatar du romancier. Un roman dont l’auteur est le héros mais de façon relativement dissimulée.
C’est moi le héros mais chut
Je me demande dans quelle mesure ce n’est pas un travers « naturel » de l’écrivain. Reprenons ces romans. Les deux premiers (deux tomes), c’étaient « Les Borgia » de Claude Massé, historien de son état. Bon historien peut-être mais niveau romancier, c’est pas trop trop ça. Il a inventé un personnage qui navigue dans l’univers des Borgia pour nous le raconter. Pourquoi pas ? Un jeune théologien érudit. Sauf que tu sens bien que le théologien, Vincente, c’est un peu son avatar dans l’univers historique des Borgia. Fils caché d’Alonso Borgia et Isabelle d’Aragon (rien que ça !), c’est un personnage d’une mollesse infinie. Pour nous planter le décor historique, Massé ne cesse de prêter des intentions à son personnage qui veut un coup aller à Florence rencontrer Savonarole puis Venise. Oh et puis non, je vais retrouver ma maîtresse juive en Espagne mais oh, on me rappelle à Rome. En gros, il veut beaucoup mais il ne fait rien. Sauf quand même se taper Lucrèce pour une scène qui ne sert strictement à rien mais bon, faisons-nous plaisir. Ceci étant, ce roman m’a donné envie d’en savoir plus sur les Borgia.
Robert Langdon est Dan Brown
Autre roman de ce type : Le symbole perdu de Dan Brown. En fait, ça marche avec tous les romans de D. Brown puisqu’on sent bien que le Robert Langdon, c’est Danounet qui s’y croit. Pourtant, il est un peu con par moment Robert. Genre « han mais je comprends pas cette énigme si mystérieuse, hum hum… » alors que moi, j’ai compris, merci. Mais bon, Robert, c’est un peu le mec qui a toujours toutes les forces de sécurité du monde au cul mais qui s’arrête papoter autour d’une tasse de thé avec une charmante créature. Qu’il finit invariablement par se taper. Mais bon, Robert, il a une culture innn-cre-di-beul et le charisme d’un Indiana Jones. D’ailleurs il passe son temps à se la raconter dans sa tête « c’est toujours ce qu’il dit à ses élèves qui l’écoutent si pieusement, qui sont trop fans de lui. Même tous ses élèves aimant les hommes sont fous de lui et font des rêves érotiques impliquant son corps ». Oui bon, j’exagère légèrement mais vous saisissez l’idée.
On s’inspire toujours de son vécu
Quand je regarde modestement mes propres héroïnes, y a un peu de moi, c’est sûr. Oceany était un bon avatar de ma personne sur certains points mais pas forcément sur tous. Mon héroïne actuelle me paraît plus éloignée mais il est difficile d’être juge de ses propres écrits. Au fond, l’écriture n’est-elle pas une forme de concrétisation d’un fantasme ? Je m’explique. Quand j’écris, je donne chair d’une certaine façon à une histoire tricotée dans mon imaginaire. Forcément, certaines scènes sont inspirées de mes désirs et/ou de mon vécu. Par exemple, dans un roman abadonné, à la page 5, il y avait une image, une bribe de scène précise qui me vient d’un vécu. Un couple allongé après l’amour et la fille regarde leurs corps allongés dans un miroir en se disant qu’ils sont beaux ensemble, en gros. Une scène que j’ai très précisément vécue. D’ailleurs, dans ce nouveau roman, l’héroïne est violoncelliste, italienne et flirte avec un Russe. Oui bon, ok, y a beaucoup de mes fantasmes là.
Réécrire sempiternellement le même roman
Ca renvoie à la sempiternelle question : pour qui écrit-on ? Et sa corollaire : à force de me faire plaisir en écrivant, est-ce que je ne risque pas d’ennuyer le lecteur ? Les Borgia, le roman m’a assez ennuyée dans la mesure où il ne se passe quasi rien. Le seul intérêt est effectivement la très bonne maîtrise de l’auteur de la période dont il traite. D. Brown, lui, tricote des énigmes politico-ésotérico-policières qui excitent l’imagination. Surtout celle des conspirationnistes à 2 balles. Oui, oui, les Illuminati gouvernent le monde, oui, oui, oui… Tiens, prends ta petite pilule. Sauf que réécrire à chaque fois la même histoire avec les mêmes rebondissement, en changeant juste le nom de la ville et celui de l’héroïne, ça va finir par se voir. Trois versions du même roman dont l’auteur est le héros, bof.
Mais en cherchant bien, je n’ai pas d’exemple d’écrivains loin de leurs personnages. Peut-être parce qu’au fond, l’écriture reste la meilleure des thérapies ?
4 réflexions sur « Ce roman dont l’auteur est le héros »