Ca fait des années que je ne fête plus d’anniversaire. Si ce n’est pour avoir un droit à un voyage, un week-end ou un massage. Pour mes 45 ans, on est allés à Venise, par exemple. Mais 20 ans quand même, c’est un chiffre qui ne s’ignore pas. Surtout en ce moment où je suis en pleine crise existentielle pro. Encore, oui, mais pour une fois, c’est pas moi qui m’ennuie au bout de cinq minutes. Enfin, si, mais je l’avais accepté. Bref, 20 ans de blog et une question : pourquoi ?

Mais pourquoi faire tout ça si ça ne mène à rien
Vous savez ce qui me bloque le plus dans la vie ? Le “à quoi bon ?”. A quoi bon faire ceci ou cela si je n’en fais rien. Typiquement, il me vient parfois l’idée d’apprendre à jouer d’un instrument. Genre violoncelle, basse ou piano. Ca tourne entre ces trois et je rajoute la caisse claire mais ce serait dans le cadre d’une batucada donc dans un collectif. Le but, c’est d’être au niveau pour jouer avec les autres. Alors qu’apprendre à jouer du piano pour en faire toute seule chez moi, à quoi bon ?

Quel est l’objectif ? Heu…
Et parfois, j’ai envie de me lancer dans une nouvelle activité genre me mettre à fond dans le dessin vectoriel, montage vidéo. Mais là encore “à quoi bon ?”. Parce que le “à quoi bon” se concentre sur le résultat et non sur le chemin à parcourir. Ce qui, à mon avis, est une erreur. Tiens, idée d’articles pour Mes petits carnets, je note. Mais il y a une activité pour laquelle je m’en fiche du but parce qu’il n’y en a pas vraiment : c’est le blogging. Oui, c’est quand même le sujet de l’article, il est temps d’y arriver.

J’ai changé en 20 ans
J’ai créé ce blog dans un contexte qui n’a plus rien à voir avec ma vie d’aujourd’hui. Contexte de départ : jeune Toulousaine débarquée à Paris pour un stage de fin d’études, relativement fraîchement célibataire après une relation de longue durée de 4 ans. Une déracinée dans une grande ville, entre recherche de nouvelles amitiés et nouvelle liberté. A l’époque, je n’avais envie que de parler de sexe et d’amitié. Parfois, des sentiments pouvaient temporairement squatter mais c’était pas le temps. Et puis, j’ai évolué. Parler plus de société, de politique, moins de cul. Puis le travail est arrivé dans ma vie, je n’ai plus trop parlé de cul. Pas de façon personnelle en tout cas. Des amitiés sont arrivées et reparties, des amours sont arrivées et reparties. Victor est arrivé. Reparti, revenu, reparti, revenu définitivement.

Un centre de gravité décalé
Alors que la majeure partie de ma vie tournait autour de ma vie privée quand j’ai lancé ce blog, le centre de gravité a violemment changé. Je dis centre de gravité et pas centre d’intérêt parce que ce dont je parle très souvent, ce sont de mes angoisses. Et celles-ci concernent le monde du travail, que je hais de tout mon coeur, et la fascisation de la société. Ou comment j’en viens parfois à me demander si c’est vraiment utile de stresser pour ma retraite alors que :
- Tout peut s’effondrer
- On va mourir du réchauffement climatique
- Ou d’une épidémie, de manque de ressources vitales, d’une guerre à la con. Guerre plus vraisemblablement causée par un facho bien d’extrême-droite, hein. Elle est là, la menace.

Ecrire quoi qu’il arrive
Alors j’écris, je partage. Dans quel but ? Je pourrais en lister plusieurs un peu au pif :
- Ca me permet de creuser un sujet
- Et de poser un peu calmement ma pensée
- Je peux travailler ma plume
- Ca m’a donné une certaine visibilité par le passé aboutissant à l’écriture d’une pige ou deux. Je serais pas contre que la magie réopère, surtout en cette période d’instabilité professionnelle
Mais en vrai, j’en attends que deux choses : une vertu cathartique mais surtout rentrer dans un tout où, tant le lecteur que moi, on réalise que nous ne sommes pas seuls.

On subit tous des trucs nuls
Je n’ai pas tant souffert dans la vie. Des déceptions amoureuses plus ou moins douloureuses, oui. Une carrière chaotique où j’ai la sensation d’être punie de happy end, oui. Des ruptures amicales, quelques unes, oui. Mais je n’ai eu que peu de décès parmi mes proches, par exemple. Je n’ai pas de maladies graves et mes proches non plus. Mais mes pépins étant assez standards, il est fort possible que quelqu’un le vive aussi. Et Dieu seul sait que ça fait du bien de voir que l’on n’est pas seuls à galérer. A ne pas avoir les codes. A avoir l’impression que tout le monde s’en sort sauf nous. Spoiler : ne vous fiez surtout pas aux apparences, jamais. On en chie tous. Pas forcément de la même façon mais ce qui vous paraît être le succès chez les autres, pas sûr qu’ils le voient de la même façon.

La fin des galères des autres : une lueur d’espoir
Bloguer, un travail d’intérêt général ? Je ne suis pas loin de le penser. Comme tous les podcasts “de vie” où quelqu’un raconte une galère que l’on est tous susceptibles de traverser. Parce que ça fait du bien de savoir que l’on n’est pas seuls. Mais aussi parce que suivre quelqu’un qui galère et le voir s’en sortir, c’est une lueur d’espoir. Parfois, on peut se dire que l’autre a une chance qu’on n’aura jamais. Certes. “Ah mais ellui, iel a pu tout plaquer parce qu’il a eu un héritage et a pu s’acheter un gîte dans la pampa”. Personnellement, j’avoue ne pas du tout compter sur la piste héritage pour m’en sortir parce que ça implique le décès de mes parents et non merci. La chance fait partie de la vie, oui. Mais ce n’est pas la seule façon de s’en sortir.

20 ans et ça ne s’arrêtera pas demain
Je blogue depuis 20 ans, voilà. Plus du tout pour les mêmes raisons qu’au départ. Plus du tout de la même façon vu que j’ai tout éclaté. Et même si ça me prend énormément de temps – dont la moitié en mise en ligne alors que c’est la partie qui m’intéresse le moins – je crois que je ne suis pas prête d’arrêter. Et je trouve ça positif, en vrai. Parce que 20 ans, c’est énorme. J’ai pas lâché l’affaire, j’y trouve une satisfaction et… ça me prouve que parfois, je peux aller au bout des choses. Etre engagée et constante sur un truc. Et puis ça me permet de faire parfois des petites analyses littéro-cinématographiques et placer deux ou trois punchlines que je ne pourrais jamais glisser dans la vie réelle et ça aussi, c’est cool.

4,5 blogs et j’ai encore envie d’en créer
Combien de temps ça durera encore ? Aucune idée. Là, ça me démange d’écrire (ou réécrire) un blog sur les relations amoureuses, en parallèle avec mon projet Audrey. Même si y a la complexité de parler de rencontres alors que ça fait 11 ans que j’ai daté personne. A dire vrai, je me souviens même pas de qui était mon dernier date de site de rencontre. Oui, moi je dis site de rencontre, imaginez la dinosaure que je suis. Et non, grosse flemme d’installer Tinder ou je sais pas quoi juste pour écrire dessus. J’ai pas le temps de flirter pour de faux, de toute façon. Ni pour de vrai. Mais ça gratte, ça gratte. Après, ça fait 20 ans que j’ai des idées, des “projets” qui ne voient jamais le jour alors bon. J’ai actuellement quatre blogs actifs, un cinquième qui relaie un peu tout et sur lequel je poste parfois des notes de vie. Enfin, une fois… Comme quoi, tout a changé mais reste quand même un fond commun : moi et mon imagination débordante.

Happy birthday ma vie bloguesque.
Eh bien en ce qui me concerne je te lis depuis 2010 (découverte chez les vingtenaires), et je trouve que c’est une super idée de continuer à bloguer. Non seulement tu écris bien, mais en plus, à force, prolonger l’action dans le temps lui donne une valeur supplémentaire, celle de l’histoire. Celle de pouvoir regarder les changements, de saisir les choses dans un temps plus long.
Bref, bonne continuation. 😉