Oui. Mais il va falloir doser. Je vous propose une série de deux articles sur comment mes rêves ont été, ou non, une bonne source d’inspiration pour des romans car j’aime assez bien cette idée. Déjà parce que je suis quelqu’un qui rêve beaucoup, au sens propre comme au sens figuré. Je dois être une hyperactive de l’imagination. Hé, j’aime bien ce concept. J’en ferai un article pour Dans mes petits carnets, tiens. Mais aujourd’hui, on va se concentrer sur les rêves au sens purement onirique du terme.

De quoi ai-je rêvé cette nuit ?
Le matin, quand je me réveille, j’ai un rituel immuable. Alors que mon adoré et moi partons en snoozing pour un petit câlin, j’essaie de me rappeler de quoi j’ai rêvé et s’il y a quelque chose d’exploitable. Je me fais un peu l’effet des chercheurs d’or qui passent la caillasse de la rivière au tamis. Bon, là, vu les rêves bizarres ou juste nuls que je peux faire, ce serait plus fouiller la décharge en espérant trouver un truc qui pourrait servir à quelque chose. Mais parfois, y a de la matière.

Un roman dans un univers infernal ou à peu près
Il y a des romans qui me sont apparus spontanément au réveil. Ou en rêve et qui se sont poursuivis au réveil, je doute. Par exemple “Et la Terre s’ouvrit en deux”, roman de 247 pages (arial 11) qui me fut inspiré par un songe. L’héroïne s’appellerait Juliette… comme Silo que je venais de lire, sans doute. Ce serait dans un monde où tous les volcans auraient pété un câble, un monde de feu avec des monstres. Et elle, elle aurait le visage en partie brûlé parce que c’est une guerrière. Hé ouais, trop bien. Sauf que. Première recherche : un hiver volcanique qui succèderait à cette hypothèse de giga activité organique serait… très froid et sombre. Ok, pas grave, je passe mon univers de feu et de rouge à un univers froid et de cendres.

Une histoire d’uchronie
Il y avait Uchronia.inc aussi. Roman qui a atteint 265 pages (arial 11) juste parce qu’un matin, je me suis réveillée avec ce nom en tête et celui de l’héroïne, Madeleine Zeist. Un peu inspirée par le roman “Un monde après l’autre” qui m’avait déçue et que j’avais envie de réécrire. Même si à un moment, l’héroïne change de prénom et apparemment, faut lire toute la saga pour comprendre pourquoi. J’ai pas aimé le premier roman, j’ai bugué sur le prénom de l’héroïne donc on va en rester là. Bref, l’idée d’Uchronia était simple. Je partais de la question “si tu pouvais revenir en arrière, est-ce que tu tuerais Hitler ?” et la réponse était “en fait, y a déjà des gens qui sont retournés dans le passé et si Hitler existe toujours dans l’Histoire, c’est que celui qui était initialement à sa place était pire”.

Ca manque un peu de cohérence tout ça
Deux romans, plus de cinq cents pages écrites et… rien. Ils resteront à jamais sur mon cloud. Pourquoi ? Parce que si j’ai vraiment pris du plaisir à les écrire, l’univers n’est pas cohérent. Surtout celui de Et la Terre où je voulais partir sur un univers de feu avec des mastodontes sortis des calderas et je me retrouve avec un univers de cendre et des mastodontes nés des calderas pareil. Mais en étant quand même bien gênée par le fait que c’est pas trop possible mon histoire. Vous pourriez me répondre “bah, c’est comme les kaijus de Pacific Rim” ou “les extraterrestres de la guerre des mondes”. Oui mais je trouve quand même que l’effort d’accepter ça est un peu lourd. Mais je reprendrai peut-être un jour ces romans pour en faire autre chose. Le plaisir d’écrire était là donc ce ne fut pas du temps perdu.

Une cité sur la falaise
Donc le rêve est un matériel capricieux. Je me réveille parfois avec une idée exaltante ou un rêve qui me racontait une histoire. Exemple relativement récent, laissez-moi vous raconter pour expliquer le process de retraitement du rêve. J’étais en visite dans une ville, officiellement Madrid. Mais vu que tout était gris et à fleur de montagne bien pentue, je pense plutôt que j’étais au Mordor. Première partie du rêve, on visite ce bled avec mon mec. Je suis très enthousiaste et je veux aller visiter l’énorme basilique accrochée sur une falaise. Totalement la Cathédrale de Périgueux dans le style. Je vois même un chemin qui monte dur sur lequel une classe de gamin est en train de monter.

Voyage de classe et fromage à l’ail
Puis soudain, je suis toujours à Madrid mais en mode voyage de classe, je suis hébergée chez une dame qui parle pas français. Mais c’était pas de l’espagnol non plus son baragouinage… Je la suis partout dans le métro, aux courses. Je me demande si elle sait qui je suis ou si je vais passer pour une folle à la suivre partout. Mais ça va, elle me remet et me fait goûter une sorte de fromage très aillé. Je lui dis “ail, ail” avant de me souvenir qu’elle comprenait rien à ce que je lui racontais. Bref, le soir, y a une soirée au lycée et je me badigeonne le corps d’une crème bleu clair. Je me pose dans une chaise longue du jardin et je suis embêtée car je mets de la mixture bleue un peu partout. Mais soudain, je lève les yeux au ciel et que vois-je à travers le brouillard ?

Attaque d’ovni
La forme caractéristique d’un ovni. Panique à bord, je me débarrasse vite du truc bleu et fonce me planquer dans la maison. Y a déjà un Français planqué dedans. Je vois l’ovni, sorte de raie manta qui a l’air méchant. Il ne doit pas me voir donc j’ouvre la porte du placard et me cache derrière. L’ovni s’en va et la fille de la maison (ma correspondante ?) me demande ce que je fais donc je lui explique que l’ovni cherche ma classe car on leur a échappé et qu’ils vont bientôt enlever les jeunes madrilènes. Ce sont d’ailleurs eux qui ont enlevé la classe qui allait à la basilique.

Réorchestrer les ingrédients
Alors là, raconté comme ça, on peut avoir du mal à voir ce que je peux tirer de cette histoire un peu confuse et effectivement… Eventuellement, le produit bleu, ça pourrait servir dans une scène du projet Audrey où elle se badigeonne le corps d’un produit de beauté mais je pense que ça, je vais abandonner. Pour le reste, j’ai un peu creusé, remis les éléments en place et voici ce que ça donne :
Dans un univers dystopique ou fantasy, une ville-forteresse est accrochée sur la falaise. Cinq ou six jeunes se sont échappés d’une ville voisine pour fuir un envahisseur ou un pouvoir autoritaire alors que tous les autres jeunes ont été soumis. Sauf que l’envahisseur essaie maintenant de s’en prendre à la ville sur la falaise. Il faut prévenir les jeunes pour éviter que ça ne recommence”.

Un peu court, ton pitch
Vous allez me dire que ça ne pisse pas bien loin. Mais je rappelle que j’ai écrit des romans de plus de 200 pages avec vaguement un nom et un pitch de départ de deux lignes. Parce qu’une fois que j’ai un embryon d’idées, je profite de mes séances de marche ou de vélo pour faire tourner cette idée dans ma tête, comme un bonbon pour voir si ça marche. Plus j’y pense, plus j’étoffe, plus je vois si les pièces du puzzle s’emboîtent bien ou pas. Alors je sais pas du tout si j’écrirai un jour mon histoire de ville sur la falaise, je suis actuellement occupée sur le projet Audrey (142 pages, Arial 11). Mais ça reste dans mon sac à idées, on verra bien. Le but, c’était juste de s’amuser à voir ce qu’on peut tirer d’un rêve totalement barré.