Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

Folie furieuse de Jérome Attal

Plus jeune, j’ai lu pas mal de chick litt. Des romans dévorés en 2h dont tu oublies assez rapidement l’histoire vu que c’est toujours la même histoire. A savoir une fille un peu girl next door voit sa vie s’effondrer mais elle rencontre un mec et c’est trop un prince charmant. Après quelques péripéties sans intérêt, ils finissent ensemble. Fifty shades of grey est donc un parfait exemple de chick litt, voyez. J’ai dû donc donner l’impression que j’aimais ce genre de littérature (non) puisque j’ai hérité en cadeau de Noël de Folie furieuse de Jérôme Attal.

Folie furieuse de Jérôme Attal

Le principe de base de folie furieuse est assez sympa. Il s’agit d’un roman de type “ce livre dont vous êtes l’héroïne”, on construit l’histoire en fonction des choix. Commençons donc. C’est l’anniversaire de Meilleure Amie que nous appellerons Agnès car j’ai oublié son prénom. Mais voilà, souci : on a à la maison Victor, notre fils de 7 ans donc nous voici confrontée à notre premier choix qui implique d’abandonner son gosse pour aller à la soirée d’Agnès. Parce que bon, elle a 25 ans, on peut pas sécher quoi… Ah oui, voilà, dès le départ, aucun des choix ne me convient, je me vois difficilement abandonner mon enfant fictif de 7 ans. Et ça pose de suite le personnage que je suis censée incarner : une grosse connasse irresponsable et superficielle. Oh que je sens que l’identification va être difficile… D’ailleurs, ça rate pas, au bout de 3 choix, je me retrouve assassinée dans un fossé.

Folie furieuse, un roman oùtu meurs assassinée dans la forêt

Bref, les histoires se croisent, on accumule les clichés. Notre héroïne n’a pas de fric mais ne s’habille qu’en marques, citées à longueur de pages histoire qu’on comprenne bien. Du genre : “je m’installe dans l’avion en faisant attention à ne pas froisser ma robe Maje”. Par exemple. On peut s’offrir une aventure avec un pote psychopathe, un vieux camarade de classe passé de moche à beau. Donc soudain digne d’intérêt vu qu’on est superficielle, souvenons-nous. On a aussi une rock star, notre meilleure amie, le voisin un peu insignifiant mais finalement pas si mal. Ou encore l’ex mari qui décide de nous trimballer en club échangiste et un vampire. Et on a des quêtes super intéressantes. Comme se taper un mec beau. Souvent connard mais beau. Ou encore gagner une robe de mariée Jean-Charles de Castelbajac. En gros, l’auteur a repris les grandes lignes du journal d’Elsa Linux qui semblait n’être qu’un kinky diary où il fallait suivre une liste précise de situations sexuelles. Scène lesbienne, sodomie, plan à trois, gode ceinture, fist fucking, gang bang, cock ring, soumission. Et un peu de masturbation entre 2 séances de baise. Et il a couplé ça a la rubrique mode de Elle.

Robe de mariée Castelbajac
J’avoue, ça fait super envie…

Folie furieuse est intéressant cependant par la vision qu’il nous donne de la femme. Ou du moins la vision de son auteur. La femme ne cherche que l’amour, accepte l’inacceptable si le mec est beau. Elle se ruine en vêtements de marque alors qu’elle n’a qu’un mi-temps et doit élever son enfant. Elle n’a d’autre rêve que de gagner une robe de mariée haute couture… Mon Dieu mais ce livre est une insulte pour la femme, sérieux ! Et je vous parle même pas du paternalisme de l’auteur. A la fin d’une histoire, l’héroïne finit dans les bras de son voisin avec une petite conclusion “l’amour est peut-être à côté de vous, ouvrez les yeux, les filles. Et arrêtez de choisir les beaux connards, prenez le mec lambda”. Mais on t’emmerde. Par défaut, je ne choisis pas un mec que pour son physique et je pars très vite quand un mec commence à faire son connard. Rock star ou pas. Donc j’ai pas besoin de ta morale de merde en mode “allez, les filles, je vous livre le secret du bonheur”. Bonheur qui n’est pas obligé de passer par vous, messieurs au passage. Ah oui parce que si notre héroïne finit par coucher avec sa meilleure amie dans certaines variations, ça ne finit pas bien. Ce n’est qu’une escapade, elle reviendra aux mâles, rassurez-vous… ou alors elle mourra. Non, je vous jure, c’est vrai.

Couple lesbien

Bref, si le concept était intéressant, cette caricature de femme qui se rêve Carrie Bradshaw m’a violemment donné envie de

  1. Vomir,
  2. Déchirer le livre,
  3. Lui mettre le feu
  4. Ecrire à Jérôme Attal pour lui dire de ne plus jamais, mais alors jamais, tenter de se mettre dans la peau d’une femme.

Et s’il s’est inspiré de ces copines pour écrire ça, qu’il change d’amies. Vite.

Nina

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