Pendant longtemps, j’étais phobique de l’avion. Et dans un élan masochiste, j’adorais regarder tous les films et téléfilms où ça chie dans l’avion. Genre la scène de début de Destination Finale m’a terrorisée et je vouerai toujours un certain culte à Lost.
Huis-clos flippant
Et pourtant, la plupart des films et téléfilms se déroulant dans des avions sont de fait mauvais. C’est comme les films catastrophe, ils se déroulent sur un même schéma. Déjà, l’avion est le meilleur huis clos du monde puisque, en plus de l’enfermement, la mort rôde à tout moment. Une erreur de pilotage, un moteur qui pète et pof, tout le monde est mort. Donc tout le monde est terrorisé et ça permet de faire ressortir le meilleur et le pire de la nature humaine. D’un côté les héros. Et de l’autre, les zéros qui flippent leur race et seraient ravis d’éviscérer le bébé assis à côté d’eux si ça leur garantissait la survie. Tout ce petit monde s’entasse dans l’engin de la mort, les premières minutes du film servent à nous présenter les acteurs du drame. Il y a le pilote qui peut mourir très vite, attention. Les hôtesses, le passager qui s’y connaît en aéronautique… A noter que si celui-ci est pilote, vous pouvez dire adieu au commandant de bord. Nous trouvons ensuite, en général, un couple de jeunes mariés qui s’aiiiiiment, des jeunes fanfarons, un homme beau et fort mais effrayé par l’avion, un homme d’affaire odieux qui croit que tout lui est dû, un.e médecin. Et aussi un repris de justice qui est là en transfert mais on sent de suite qu’il a été condamné à tort.
Drame anticapitaliste
Pendant que tout ce petit monde s’installe, on découvre qu’un drame se noue. Ohoh, y a un vilain orage, ohoh, y a un souci mécanique ! A noter qu’en général, on se la joue rapidement anti capitaliste là en mettant en cause l’obligation de faire vite et mal. « Hé John, y a un orage, on ne devrait pas prendre cette route.
-Mais enfin, Robert, tu te rends pas compte, on va être en retard si on ne fait pas ça ».
Donc à partir de là, on peut être à peu près sûr que John ne survivra pas à la tempête ou en piteux état. Bref, l’avion décolle, les gens poussent un soupir de soulagement quand l’avion atteint l’altitude de croisière. C’est limite s’ils ne chantent pas « il ne peut plus rien nous arriver d’affreux maintenant! ». Mais là, le drame explose, tout comme le moteur, par exemple. Les gens crient, les masques à oxygène tombent. Toujours faire tomber les masques à oxygène. Les jeunes qui faisaient les cons se pissent dessus. Le jeune couple se fait des câlins de désespoir en se disant qu’ils s’aiment. Celui qui a peur de l’avion se dit que ouais, quand même, il avait raison de se méfier mais reste relativement calme, l’homme d’affaire s’indigne. Le repris de justice se dit que, chouette, voici donc une occasion de s’échapper. L’hôtesse en chef va voir le pilote survivant pour pleurer un peu dans ses bras, histoire d’être sûre de se faire peloter à la fin du film.
Panique en cabine
Evidemment, la panne est critique mais jamais mortelle. Faut que ça dure une heure et demie avec du suspense en veux-tu en voilà. Pendant que le pilote entre en contact avec un petit aéroport qui va l’accueillir car il ne peut pas aller jusqu’à destination, dans la cabine, ça s’agite. L’homme d’affaire fait toujours des siennes mais il est calmé par soit le beau jeune homme qui avait peur de l’avion mais qui, quand même, relève ses manches. Le repris de justice va pouvoir prouver sa bonté d’âme parce qu’en vrai, c’est pas lui le coupable. Les jeunes vont aider l’hôtesse en second en espérant la ramener à la maison à la fin du film. Le couple ne fait pas forcément grand chose à part se dire qu’il s’aime, sauf si un de ses membres est médecin, pilote, ingénieur aéronautique… Il se passe des tas de choses, tout se complique toujours car bon, faut tenir une heure et demi. Les problèmes s’enchaînent et c’est grâce à la solidarité de tout les passagers. Surtout le beau jeune homme effrayé, les jeunes, le couple et le repris de justice, voire le médecin s’il n’est pas le même que ceux sus-cités. Tous sauf l’homme d’affaire évidemment. Il n’est pas impossible qu’un d’entre eux meure en se sacrifiant pour les sauver tous. Ce n’est jamais le mec du couple, à noter et jamais une femme, à ce que j’en ai vu. Ils font tous « oh non… Bon, c’est pas tout ça mais on va regagner nos sièges ».
Tout est bien qui finit bien
A la fin, tout le monde atterrit, les gens applaudissent. L’homme d’affaire peut faire « ah mais trop nulle la compagnie, je ne vous prendrai plus jamais ». Il y a des couples qui se forment, forcément. Le pilote dit merci à la personne au sol qui l’a quitté et là arrive la scène impossible à éviter. Le pilote, un peu fatigué, descend sur le tarmac et retrouve l’hôtesse en chef qui a l’air un peu éprouvée quand même. Ils se font « hé bon travail, ouais…ouais ». Et là, ils s’embrassent au milieu du balai des ambulances et des passagers hagards. Si tu veux écrire un film d’avion et que tu n’inclus pas cette scène, c’est que tu as raté ta vie. Il est à noter qu’on a oublié à ce moment là les gens qui pouvaient être KO. Genre John le capitaliste : s’il est pas mort, on n’en fait rien, on l’oublie dans l’avion. Le personnel de ménage le retrouveront, tiens.
Des acteurs TV connus
Le casting est important aussi, on doit toujours mettre quelques acteurs de série télé. Genre Jack Wagner ou Alexandra Paul pour les derniers que j’ai vus. Des fois, je me demande si dans la guilde des acteurs de séries et téléfilms américains, y a pas une distinction à jouer un pilote ou une hôtesse dans un avion en perdition. Comme une distinction. Ca et tueur en série psychopathe pour montrer qu’on peut jouer les très très méchants.
Mon plaisir coupable
Alors vous me voyez taquine et comme dirait une lectrice : « si t’aimes pas, tu n’en dégoûtes pas les autres ». Là n’est point mon but car malgré tout le vide abyssal des scénarios, je prends un véritable pied à mater ces téléfilms. Peut-être parce que ça me repose la tête. Peut-être parce que j’adore disséquer ce genre de production pour en souligner toute l’absurdité, le côté copier-coller des scénarios. Mais ce que j’aime par dessus tout, ce sont les rebondissements rocambolesques. Non parce que le pilote, il a beau avoir de sublimes cojones qu’il montrera ensuite à l’hôtesse, dans la vraie vie, un avion qui perd le gouvernail arrière, il est foutu. Je peux comprendre qu’effectivement, un souci en entraîne en autre dans une réaction en chaîne. Mais arrive un moment où l’avion, tu ne peux plus rien à faire, même quand t’es Jack Wagner. C’est Peter de Melrose Place et Jack dans Amour,gloire et beauté). Bref, c’est grotesque, improbable et ça finit toujours sur la scène de baiser sur le tarmac. Mais curieusement, à l’heure du ménage le dimanche, je suis ravie de mater ça…
Curieusement.
2 réflexions sur « Pourquoi il faut regarder les films catastrophe avec un avion dedans »