Ou comment j’ai détesté Valeria, le roman. Et que paradoxalement, j’ai envie de revoir la série qui a changé plein de choses et a rendu le tout beaucoup plus sympathique. Dans le cadre de mon projet Audrey toujours pas entamé à l’heure où j’écris ces lignes, je me suis dit que lire un roman qui met en scène les amours de plusieurs personnages allait m’aider à concevoir mon truc. Oui, sur la forme. Par contre, le fond m’a tellement révoltée que je dois en faire un article. Notamment sur les toxic traits de l’héroïne.
Un roman pas très agréable, finalement
Avant de poursuivre, si ça intéresse quelqu’un : le roman est pas ouf. Valeria est insupportable. Lola ressemble à un personnage fonction qui doit parler de bite toutes les trois phrases, surtout en début de roman. Nerea ne sert à rien. Et n’est absolument pas lesbienne dans ce premier opus alors que je trouvais tout son parcours de coming out hyper intéressant dans la série. Par contre, j’aime vraiment ce prénom, Nerea, faudra que je le recase. Il n’y a que la Carmen du livre que je trouve plus pétillante que celle de la série. Au point que j’aurais préféré avoir un roman sur elle. Elle a du caractère, elle est drôle, elle déteste son boss. Je me suis trop identifiée. Ah et dernier point très personnel mais… Pendant quasi tout le roman, Valeria flirte très dur avec Victor et ils passent leur temps à se frotter le pubis. Je n’y avais jamais pensé jusque là mais le mot pubis n’a absolument rien d’érotique. C’est même un mot que je trouve assez peu agréable à l’oreille. Et à propos de pubis : ou tu as une plume crue ou tu tournes autour mais choisis ton camp.
Typique d’un pervers narcissique
A partir de maintenant, je vais éclairer le comportement de Valeria sous l’angle des toxic traits attribués aux pervers narcissique, généralement de genre masculin, dans les fictions. Je ne dis pas que ce sont des traits communs aux genre masculin. Ce sont plutôt des traits communs à tous les manipulateurs dont on entend parler dans des podcasts que l’on croise, parfois. En vrai, Valeria m’a fait pas mal penser au podcast “Qui est Miss Paddle” de Judith Duportail. Sauf que l’élément horrible du couple, c’est elle. Elle est même pire.
Lamentations d’une pré trentenaire
Quelle est donc l’histoire de Valeria ? Au début du roman, elle est chagrinée par une difficulté à écrire un roman alors qu’elle a quitté son boulot pour ça. Et en plus son mari ne lui fait plus l’amour. Je vais mettre en exergue les toxic traits des manipulateurs à chaque fois qu’on en croise, si vous le voulez bien.
- Fait un “métier artistique” mais en réalité, passe sa journée à glander ou à voir ses potes.
- Se plaint H24 que son partenaire, qui travaille beaucoup, n’a pas assez de libido
Vous allez me dire que j’exagère, surtout sur l’histoire du roman car elle ambitionne réellement d’en écrire un, ce qu’elle fait à la fin de cet opus. Mais le manipulateur a toujours un faux job qui lui sert surtout d’alibi pour sortir, c’est un trait commun de ce genre d’individus. Quant à la libido… Je ne critique pas la libido de Valeria mais le fait qu’elle va justifier son comportement moyen bof par ce premier point. Les mecs maqués qui chassent des meufs dispos en chouinant qu’ils ont pas leur quota de sexe, on sait toutes de quoi on parle.
Un prétendant un peu lourd de prime abord
Donc Valeria a la chatte affamée et voilà qu’elle rencontre Victor. Un beau mec décrit comme un séducteur qui adore accumuler les conquêtes. C’est d’ailleurs un ancien amant de Lola, la chaude du cul de la bande. Dès qu’elle le croise, Valeria a envie de lui sauter dessus mais vu qu’elle lui parle de son mari, celui-ci capte que ça va être compliqué. Ca ne les empêche pas de méchamment se frotter l’un à l’autre en boîte. Au début, je vous cache pas que Victor m’a mise mal à l’aise en étant très clair dans ses intentions vis à vis de Valeria. Il passait son temps à lui dire “ohlala, j’ai tellement envie de t’embrasser et de te faire de ses trucs…”
Sauf qu’elle le relance de dix. Donc :
- Chauffe une personne extérieure au couple alors qu’impliquée dans une relation monogame. Et utilise les difficultés qu’elle rencontre dans son couple légitime pour faire miroiter une possible liaison à l’autre.
Se frotter le pubis, c’est tromper ?
Mais ça, à la limite, on pourrait plaider une sorte de droit au flirt. Pourquoi pas. Bon le flirt est quand même très poussé vu qu’ils se frottent le pubis, se tripotent et s’embrassent à pleine langue. Je considère que chacun met sa définition sur ce qu’est l’infidélité, en tant qu’acte. Ca ne m’intéresse pas de débattre dessus même si je trouve qu’on devrait se lâcher la grappe quant à des attirances qu’on peut avoir pour une autre personne. Mais là, parler de flirt relève du pur euphémisme… Pourtant, Valeria se considère blanche comme neige car y a pas eu pénétration. Meuf, tu te rends volontairement chez un mec qui te répète H24 qu’il veut te ken. Vous vous retrouvez dans le même lit, vous simulez des actes sexuels pour montrer à l’autre votre position préférée… Oui, cette scène existe. Mais non, vas y, ça gère la fougère, il a gardé son slip, je reste fidèle. Même Victor le dit à un moment qu’ils ont des rapports, même s’il n’y a pas eu la sainte pénétration.
La jalousie est le privilège de Valeria
Mais attendez, c’est pas fini car en prime, elle ne lâche pas l’affaire et décide d’utiliser Victor pour rendre jaloux Adrian. Et elle le fait à quel moment, je vous prie ? Au vernissage de ce dernier. Et en plus, elle est infecte lors de ce vernissage car Adrian a une jeune assistante trop canon et qu’elle est jalouse. Attends, meuf, tu débarques à une soirée avec ton quasi amant. Pas juste “une soirée”, un événement très important pour ton mari. Puis tu lui intimes de ne pas être jaloux car tu lui expliques que Victor est juste un ami. Alors que tu t’es retrouvée quasi à poil devant lui dans une cabine d’essayage l’après-midi même. Puis tu enchaînes en faisant comprendre à ton conjoint que tu n’as pas apprécié qu’il ne te remercie pas pendant son discours et tu te barres pour passer une partie de la nuit avec ton quasi amant.
On rajoute donc en toxic trait :
- Utilise une tierce personne pour rendre son conjoint actuel jaloux.
- N’a aucune considération pour le travail de son conjoint. Elle explique dans le roman qu’elle ne sait pas trop ce que c’est que ce vernissage. Elle n’évoque quasiment jamais le travail d’Adrian. Même si la sphère professionnelle de son entourage ne semble pas l’intéresser à la base, son manque de support et d’enthousiasme vis-à-vis du travail de son mec est flagrant.
- Au passage, elle balance souvent au visage de son mec que même si elle ne travaille pas, leur appart lui appartient à elle, pas à lui. Même si elle ne fait littéralement rien chez eux, lui seul semble faire les courses et les repas, alors que lui travaille, elle continue à lui rappeler qui a une dette envers l’autre.
- Elle gâche un moment important pour lui pour un présomption jaloux absurde alors meme qu’elle a son quasi amant accroché à son bras.
Un rebondissement choquant
Mais je ne vous ai pas encore dit le pire. Car oui, il y a pire et là, c’est un énorme carton rouge pour Elisabeth Benavent. J’ai vraiment failli abandonner le roman à ce moment-là car j’étais choquée. Révoltée, même. Je sors donc le trigger warning viol car c’est de ça dont nous allons parler. J’ai dit dans un précédent article que la société espagnole était plus attentive aux paroles des victimes de viol, appliquant strictement la règle du “je te crois”. Valeria, le premier tome, est sorti en 2013, soit 4 ans avant l’affaire Weinstein mais quand même… Valeria frotte donc son pubis à celui de Victor tout en étant persuadée que son mari couche avec son assistante, cherchant la moindre preuve pour étayer ses soupçons. Et forçant Adrian à se justifier à chaque fois.
- Toxic trait “je fais porter le soupçon de l’infidélité sur toi, y trouvant prétexte pour aller lutiner ailleurs ».
Un viol n’est pas un rebondissement acceptable
A un moment, Adrian part en reportage photo dans un festival avec son assistante. Celle-ci décide de glisser de la drogue dans le verre d’Adrian, de l’ecstasy qui le rend fou d’excitation. Le roman nous dit très clairement qu’il est drogué, ce n’est pas une excuse nase qu’il sort pour justifier d’avoir couché avec la fameuse assistante. Coucher avec quelqu’un dont le jugement est altéré par l’alcool ou la drogue, c’est un viol. En général, je n’aime pas l’argument de “ah ben si on inversait les genres, ça crierait au scandale” mais là… Sur un rebondissement nul, le téléphone d’Adrian appelle Valeria alors que celui-ci est en plein ébat, elle va donc niquer avec Victor. Quand Adrian revient, d’abord, elle ne lui dit rien. Elle fait juste la gueule et lui ne comprend pas pourquoi. Notez que lui ne lui parle pas du viol non plus. Puis le lendemain, après avoir baisé avec Victor dans le bureau de ce dernier puis dans son appart, elle va finalement confronter Adrian. Ca va être pire que tout.
Une victime qui n’a pas droit à son statut de victime
Elle rejoint Adrian au studio photo et elle apprend qu’il a viré Alex, l’assistante violeuse. Elle finit par lui jeter au visage qu’elle les a entendus baiser donc après une dénégation, Adrian finit par lui dire la vérité. Toute la vérité, y compris la drogue dans le verre. Je n’ai pas pu m’empecher de m’identifier à ce moment-là, d’être bouleversée. Si mon mec me faisait cette confession, je serais dévastée… pour lui. Je lui apporterais mon soutien, nous affronterions le travail de reconstruction ensemble. Alors, certes, j’ai une relation qui me parait saine avec mon mec, je lui fais confiance et je n’ai pas ma propre culpabilité à projeter sur lui, ok. Que fait Valeria ? “Oui bah drogue ou pas, tu aurais fini par la sauter de toute façon”.
- Toxic trait “Meme si ce n’est pas ta faute, ça aurait pu l’être, finalement”.
Une autrice bannie de ma bibliothèque
Le roman se termine juste après sur une semi happy end : Valeria va divorcer d’Adrian, elle a fini son roman, autobiographique, que son éditeur a adoré. Et Victor… lui a demandé de prendre son temps. J’étais dégoutée. Je ne lirai plus jamais un roman de cette autrice. Parce que franchement, tu fais de Valeria un Valerio et ça bascule direct en thriller psychologique où, à la fin, tu soupires de soulagement quand Adriana et Victoria arrivent à lui échapper. Tiens, idée de roman. Et ça tombe bien, le nanowrimo vient de commencer. Mmm. Bref, je veux bien qu’on écrive des héroïnes imparfaites, même si faut pas les faire tomber trop souvent. Là, Valeria est assez peu maladroite vs la série où elle fait un peu tout tomber, tout le temps. Mais à choisir entre la gourdasse et l’héroine sans coeur, manipulatrice et franchement cruelle, finalement…