Comme je n’ai plus la télé depuis plus de dix ans, je suis souvent assez larguée sur les productions audiovisuelles. Même s, je vais parfois faire un tour sur France tv pour regarder leurs mini-séries policières qui ressemblent à de longs téléfilms. Parfois, en vacances chez ma belle-mère, je découvre la nouvelle fiction de type Plus belle la vie. Car si j’avais notion que le soap français avait fait des petits, je n’avais pas mesuré l’ampleur du truc. Et maintenant, on a même du soap spécifique. Parlons donc rapidement de Tout pour la lumière.

Une série pour les participants des télécrochets
Tout pour la lumière raconte l’histoire d’un studio d’artiste à la Ciotat. Côté casting, en figure connue, il y a Isabelle Otero qui a joué dans plein de séries. Joy Esther qui a joué Juliette dans la comédie musicale Roméo et Juliette, Gwendal Marimoutou que je connaissais pour avoir joué dans Résiste. Puis Aurélien Wiik dont le nom m’était familier pour de tristes raisons et apparemment, y a Vitaa maintenant. Mais comme j’ai arrêté de regarder, je sais pas comment elle joue. Sinon, il y a plein de jeunes acteurs que je ne connais pas. Potentiellement des qui sont passés dans The Voice. Pour le coup, TF1 a eu une petite idée de génie. Tu as une émission de télé crochet où plein de jeunes gens viennent chanter, tu peux récupérer les plus populaires dans ton show. Idem pour la Star Academy. Très bon exemple d’upcycling, bravo TF1.

Un été de stage
Donc l’histoire. En juin, de jeunes gens vont faire un stage qui va durer tout l’été au Studio Lumière à la Ciotat. Mais le jour de la rentrée, la directrice fait un malaise. Sa fille Victoria, psy mais surtout ancienne gloire de la chanson, débarque en urgence avec mari et fille pour voir sa mère. Elle se retrouve à donner des cours dans le studio. Son retour dans le monde de la musique émoustille un producteur qui accepte de produire un élève de l’école si Victoria accepte de sortir un nouveau single. Producteur joué par Mathieu Madenian, tiens, dans la série “gens que je connais”. Les élèves vont donc s’impliquer là-dedans tandis que Victoria est victime d’une campagne de cyberharcèlement sur les réseaux sociaux.

Une volonté de coller à la vraie vie
Ah, tiens, point “les réseaux sociaux sont très dangereux”. Comme les autres séries soap de ce genre, Tout pour la lumière colle au plus près de sa diffusion. Par exemple, la jeune Elise qui souffre d’anxiété sociale, trouble qu’elle oublie dès l’épisode 10, doit se produire pour la fête de la Musique dans le bar de son père. Quelque dialogues là-dessus puis tout à coup, deux personnages parlent “ah, c’était bien le concert d’Elise, samedi”. Hé ? Mais pourquoi je l’ai pas vu, moi, le concert d’Elise ? Ah bah oui, la fête de la musique, c’était un samedi ! Et la série n’est diffusée que du lundi au vendredi. Car ces séries sont (primo)-diffusées en fonction de la date avec un certain suivi de l’actualité. Pas l’Actualité chaude puisque les épisodes sont tournés en avance. Mais en gros : y a la fête de la musique le 21 juin, c’est un sujet pour des jeunes passionnés de musique, intégrons-le.

Des élèves qui veulent juste devenir célèbres
Sauf que moi, j’ai pas regardé Tout pour la lumière en direct. Je suis tombée dessus sur Netflix à un moment où j’avais besoin du truc le plus con possible pour oublier que mon chat de 21 ans qui a partagé quasi toute ma vie d’adulte était mort. Vraiment, j’ai passé quasi deux jours à mater cette série en jouant à Mario Odyssée. Un peu moins chimique qu’un anxiolytique, un peu moins efficace, aussi. Mais je me suis posé quand même des questions sur cette série. Bon, d’abord, le concept de la série s’inspire de Glee ou Un, dos, tres. Ok et personne ne veut citer la vraie série où de jeunes artistes vont en cours pour chanter et danser genre Fame ? Ca y est, c’est trop vieux ? Alors que la série était tellement cool… Enfin, le générique l’était. Après, je me souviens juste de la prof qui dit que la gloire n’a qu’un seul prix, celui de sueur. Et de Leroy car je trouvais le nom chelou. Peut-être que Fame n’était pas si bien que ça mais j’ai la flemme de retrouver la série pour la mater. Cependant, si Tout pour la lumière est inspirée de ces séries d’école d’arts, j’ai un petit souci de fond. Ici, je ne vois aucun élève passionné par la musique. Je ne vois que des élèves intéressés par la gloire, par la lumière. Je sais pas si c’est fait exprès, mais le fait d’avoir pris un titre de chanson très connue, “Tout pour la musique” et avoir remplacé ça par “lumière” illustre parfaitement cette course à la célébrité.

Les réseaux sociaux, c’est très dangereux
D’ailleurs, on a tout un arc narratif sur les réseaux sociaux. Outre, l’arc du cyberharceleur de Victoria, on a Tess, une influenceuse qui intègre l’école. Ca fait jaser car elle s’est fait connaître pour des reprises. Mais en vrai, ce n’était pas elle qui chantait ! Du coup, elle est vraiment pas au niveau mais hé, ça fait de la pub pour l’école. Elle sympathise avec Solène, personnage peu sympathique, qui veut, elle aussi, percer sur les réseaux et commence à faire n’importe quoi pour choper quelques vues. Là, on mélange donc “critique d’un phénomène de notre temps” avec cette volonté farouche de gloire à tout prix. A noter que pour le coup, l’arc narratif de Solène star des réseaux est plutôt traité sous un jour un peu humoristique.

Des personnages archétypaux et un crush sur son oncle
Autre souci que j’ai avec cette série : c’est chiant. Alors je dis ça pour Tout pour la lumière mais il est possible que ce soit le cas de tous ces soaps. Je veux dire : pour un arc un peu intéressant, on a des histoires de coeur pas intéressantes, des bisbilles… La série propose des archétypes de personnages classiques de ce type de production. On va avoir des personnages sérieux comme Victoria et sa famille, d’autres qui ne sont là que pour les moments humoristiques. Genre Jacob, Noah ou Iris. Tu as aussi des personnages méchants comme Niels, Solène est ambivalente vis-à-vis de sa soeur Elise. Puis tu as les meufs dont la série ne sait pas encore quoi faire genre Madie ou Baya. Baya, fille de Victoria dans la série, interprétée par Louve Le Coadou qui est littéralement la Shannen Doherty française. A noter que Baya a un petit crush pour Eden lors du premier épisode et surprise ! C’est son oncle. Gênant ? Oui mais ça le devient encore plus quand la série a l’air de quand même sous-entendre que Baya a un peu de mal à lâcher l’affaire. C’est le frère de ta mère, jeune fille, c’est pas sain ton truc…

Une série qui ne se binge-watche pas ?
Bref, une fois le besoin de m’abrutir passé, j’ai lâché l’affaire. D’ailleurs, la série qui avait été lancée pour trois ou quatre mois, la durée du stage des élèves, est désormais en stand by. Cependant, mater cette série m’a donné une envie, une idée. Peut-être une idée de merde, hein. Mais j’ai envie de profiter de mon chômage pour me plonger dans les arcanes de ces séries, les étudier un peu. Au départ, je m’étais dit “vas-y, tu fais bien l’effort de mater un épisode par jour pour bien étudier la structure et l’effet que ça produit”. Parce qu’ayant binge-watché Tout pour la lumière d’un coup, ça me donnait l’impression de plein d’intrigues abandonnées alors qu’en regardant un épisode par jour, le rendu est peut-être différent. Pourquoi je ferais ça, me direz-vous ? Alors que j’ai plein de trucs à faire d’ici ma rentrée ? Parce que j’y vois un miroir. Un miroir certes déformant, mais un miroir tout de même. Ces séries se voulant au plus près de leur temps, il est possible que les thématiques abordées reflètent des préoccupations de la société. Ou ce que les scénaristes pensent être les préoccupations de la société. Bon, ok, dans Plus belle la vie, à une époque, y avait des histoires de fantôme et y a eu le Diable en personne mais…

L’amour de la musique ou l’amour de soi ?
Bref, sinon, concernant Tout pour la lumière, si je devais donner des raisons de regarder : les plans sur la Ciotat qui m’ont donné envie d’aller y faire un tour. Et les rares passages de cours de chant où les conseils ne sont pas trop pétés. Ca aurait été bien qu’il y en ait plus. Et ça aurait été bien d’être moins avares en passages musicaux, hein. On parle d’une école de chant et danse, mettez-en un peu, quand même. Surtout que dans l’un des premiers épisodes, tu as une scène où Solène chante Pop corn salé de façon random, c’est donc possible d’en faire. Par contre, est-ce qu’à un moment, on peut se dire que de chanter en foutant des effets et des trémolos partout, c’est chiant ? Ok, t’as une super belle voix, c’est cool. Maintenant, est-ce que tu peux chanter pour partager un moment avec l’audience plutôt que de montrer que tu es super fort·e et que tu sais faire plein de trucs avec ta voix ? Encore une fois : parle-t-on ici d’amour de la musique ou d’égocentrisme ? Le principal point noir de la série, selon moi.