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Où je veux réécrire Footloose

Pour en faire une dystopie parce que y a de très bons ingrédients. Comme je ne suis pas cinéphile mais que je me soigne, je mate de temps en temps quelques classiques histoire d’être moins larguée. Et comme Netflix a eu la bonne idée d’élargir son catalogue, Victor et moi décidons de lancer le cultissime Footloose. Surtout culte pour sa chanson phare, il me semble. Et qui a lancé la carrière de Kevin Bacon qui fait genre qu’il est ado alors que tu vois très bien qu’il est pré-trentenaire. Et en le regardant, je me suis dit “mais ça ferait une super dystopie, en fait”.

Footloose

L’histoire. Ren, un ado accro à la danse et au rock, débarque avec sa mère dans une petite ville du Texas. Très vite, il découvre que la ville vit sous le joug d’un révérend très rigoriste et que des lois interdisent la musique rock et la danse. Ren va vivre tout un tas de péripéties. Il va se faire draguer par Ariel, la fille un peu déglingos du révérend qui aime bien mettre sa vie en danger gratos. Il va devoir faire un duel de tracteur avec Chuck, le copain un peu rustique d’Ariel. Mais la musique et la danse lui manquent. Il décide donc de se dresser face au Révérend pour qu’un bal de promo soit organisé. On a les combats qu’on peut dans la vie.

Footloose, Ren et Willard

Footloose est un film étrange. Déjà, la réalisation, je ne comprends pas toujours. La scène d’intro est intéressante car elle présente les personnages en train d’assister à un prêche halluciné du Révérend. Tandis que celui-ci vitupère, on voit Ren qui mate un peu l’assistance. Notamment Ariel et ses copines, cette dernière se vernissant les ongles pendant le prêche, comme la déglinga qu’elle est. Plutôt subtil. Si ce n’est que le réal se foire un peu sur la règle des 180 degrés et j’ai un peu de mal à capter où Ariel et Ren se situent l’un par rapport à l’autre. Il y a aussi la scène où Ariel nous fait une JCVD entre la voiture d’une de ses potes et la camionnette de Chuck. Les mouvements manquent un peu de fluidité. On ne comprend pas trop comment Ariel arrive d’un point A à un point B. Quelques scènes dont je comprends assez peu l’utilité aussi. Un personnage féminin principal plutôt mal écrit, une scène de violence conjugale qui restera impunie. Mais surtout un final totalement sous acide où les jeunes dansent sous un déluge de paillettes clairement rajoutées en post-prod. Et également un passage avec des frames parfaitement dégueulasses.  En gros : le film est sympa mais les dernières minutes sont assez douloureuses pour les yeux. Heureusement qu’on a droit à Footloose pour la troisième fois du film. 

Footloose, bal de promo

Footloose navigue entre film adolescent et drame puisque certaines scènes sur l’autoritarisme sont particulièrement inspirées. Si le prêche du début tombe un peu comme un soufflet vu que les paroissiens ont l’air de se faire grave ch*** et qu’Ariel se vernit les ongles alors qu’elle est la fille du révérend, on découvre à quel point les habitants de la ville sont ravagés. Outre une scène d’autodafés qui ne sont pas sans rappeler les interdictions massives de certains livres aux Etats-Unis… Et en France avec des ultra-réacs qui expliquent qu’ils ont envie d’acheter de gros feutres pour gribouiller les livres qui leur déplaisent et les rendre invendables, on a une scène avec la planque des ados. Cette scène est un bijou. Ariel, au pic de ses hormones, décide d’amener Ren dans une vieille locomotive abandonnée où les jeunes de la ville ont écrit sur les murs des passages de livres interdits et des poèmes un peu coquins. Mon Dieu, on frôle Fahrenheit 451, là. Et dire que tout ça va se terminer dans un déluge de paillettes, je ne comprends pas.

Footloose, Willard apprend à danser

Du coup, j’ai ici quelques éléments pour réécrire Footloose mais en version plus dystopique. L’interdiction de la musique ou de la danse, les autodafés et cet ultime acte de rébellion dans la vieille locomotive abandonnée, y a de quoi faire. Evidemment, je ne finirai pas sur les paillettes, c’est hors de question. Il faudra sans doute retravailler le quoi, aussi. Dans Footloose, cette interdiction naît d’un traumatisme. Plusieurs jeunes sont morts en faisant les cons en voiture après avoir picolé et écouté de la musique du diable. Le combat de Ren sera d’ailleurs de prouver qu’on peut danser sans tomber dans la dépravation comme la drogue, l’alcool ou les bagarres. C’est d’ailleurs pour ça que pendant le bal de fin, Ren et son pote vont faire de la bagarre avec Chuck et ses potes et que Ren va taquiner un peu la bouteille. Je ? Mais moi, je peux pas imaginer un système où c’est un fait divers qui fait loi. Même si ça fait fureur en France depuis Sarko, cette connerie. 

Ariel fait n'importe quoi dans Footloose

Forcément, quand on pense société rigoriste, surtout si on veut y mettre un peu de religion, on pense à la Servante écarlate. Donc pourquoi une société prendrait un tel virage religieux ? Par traumatisme, très certainement. Parce que quelque chose serait perçu comme une punition divine. Dans la Servante écarlate, c’est la chute de la fertilité. On peut penser aussi à un événement d’une violence inouie comme la bombe atomique. Dans la vraie vie, on s’est juré que “plus jamais ça” et tout le monde a rêvé de paix universelle. Bon, presque 80 ans après, c’est pas du tout le cas mais bon… Niveau fiction, y a Bodies qui repose littéralement là-dessus, une société fondée sur les ruines d’un Londres ravagé par un attentat massif. Et les fausses utopies où tu sais pas bien ce qu’il s’est passé mais ce fut tellement horrible qu’on considère qu’il faut placer les citoyens sous drogue pour les calmer. Yay.

Kevin Bacon dans Footloose

Bien, il me faut un élément fondateur puis ensuite ? Une ambiance, des personnages. Et ça tombe bien car lors de mon voyage dans le Périgord, j’avais pris en photo une très belle chaire en me disant que je devais écrire un roman où il y en avait une. Parce qu’autant j’ai pas la foi, autant j’adore les chaires. Et franchement, comment pourrais-je écrire une dystopie rigoriste à base de prêche sans y mettre une belle chaire ? Et je pense que je vais garder le personnage du révérend et celui de sa fille. Mais elle va pas être écrite du tout pareil. Déjà parce qu’Ariel est assez insupportable dans sa volonté de mourir dans un accident, comme son frère, mettant en danger des gens qui n’ont rien demandé. Et elle n’est sympa avec personne. Ni avec ses amies, ni avec son mec. Parce qu’elle a l’air de penser qu’elle vaut plus que tous ces bouseux. Et puis, je pense que ma fille du Révérend, elle sera un peu mon lapin blanc, celle qui est très zélée avec le système et qui va douter de plus en plus parce qu’elle va croiser la route d’un résistant bien joli. Enfin, faut que je creuse un peu ce point parce que j’ai pas envie de tomber dans le cliché de la jolie fille proprette attirée par le bad guy. En tout cas, c’est sûr qu’il y aura un endroit avec plein de mots de livres interdits parce que j’ai adoré ce passage.

Le prêche dans Footloose

Bref, je n’ai pas trouvé Footloose incroyable, notamment à cause de sa réalisation un peu bizarre et surtout son final. Même si je trouvais plaisant de constater qu’en 84, un mec cool danse et fait de la gym. Et que le popotin de Kevin Bacon moulé dans un jean parfaitement ajusté qui se secoue en rythme, ça fait plaisir. Mais je ne m’attendais pas à ressentir cette exaltation artistique, cette envie de réécrire. Et je vais rajouter Footloose dans ma playlist parce que cette chanson donne vraiment la patate. 

Nina

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