Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

Tous les films ne sont pas faits pour tout le monde : la Tour de glace

Exemple : moi, je ne suis pas le public pour les films indés trop barrés, manifestement. Mardi, nous voilà au cinéma avec Victor pour aller voir l’avant-première surprise du mois. Oui, notre ciné du coin étant un cinéma labellisé “Arts et essais”, il propose le premier mardi de chaque mois une avant-première surprise. En avril, nous avions découvert Another End et ce mois-ci Un poeta, un film colombien qui se pose en comédie sociale féroce, dirons-nous. Alors que nous attendions le début de séance en sirotant une limonade cerise-hibiscus, on discutait des films que l’on aimerait voir et je propose la Tour de glace car “j’en ai entendu beaucoup de bien”. Banco.

Tour de glace avec Marion Cotillard

Samedi, 22h40, le générique de fin de la Tour de glace se lance. Je me tourne alors vers Victor et lui glisse un “Je suis désolée…”. Qui l’a fait rire donc ça va, c’est sans rancune. Même si, je suppose, j’ai désormais une dette. Quand il me proposera un film qui me tente moyen moins, ce sera plus difficile de refuser. La Tour de glace, c’est quoi ? L’histoire d’une gamine, Jeanne, qui fugue et trouve refuge dans un studio de cinéma où l’on tourne un film sur La reine des neiges. Avec, dans le rôle de la Reine, l’actrice Christina Van den Berg. Entre Jeanne et Christina va se développer une étrange relation, basée sur l’emprise. Bon, dis comme ça, c’est pas ce qui me motive le plus. Les histoires d’emprise, je suis pas toujours fan, dirons-nous. Mais bon, les avis sont bons et j’ai envie de m’ouvrir à l’univers des films indés. 

La tour de glace, un film meta sur le cinéma

Je savais que ce film était méta, une histoire qui sert de toile de fond à une réflexion sur le cinéma. Ok. Sauf que j’ai manifestement pas les refs. Mon mec non plus. On est sortis de là groggy, interpellés par tant de choix de mise en scène que l’on ne comprend pas. Pourquoi c’est si long ? Pourquoi l’une des scènes de tension du film est limite filmée dans le noir. Je veux dire il se passe quelque chose d’intense entre Jeanne et Christina et je ne vois même pas leur visage. Déjà qu’au bout d’une heure et demi, je ne sais rien d’elles ou presque et que je n’ai développé aucune empathie, le fait de les voir échanger des lignes de dialogue… Enfin de ne pas les voir, plutôt, échanger des lignes de dialogue un peu random dans le noir, non. Je suis en dehors du film. J’étais déjà sortie suite à de nombreuses incohérences. Genre une gamine de 20 ans qui se balade dans des studio ciné sans que personne ne la capte. Un studio ciné où ils sont environ dix à bosser, on dirait… Mais je crois, ici, que ma première erreur, c’est de m’attacher à un scénario quand ce qui compte, c’est l’image.

Dans le décor de la Reine des neiges

Car des plans étranges, lents, clairement pensés pour la stylistique, il y en a à la pelle. Toute la fétichisation de Cotillard en Reine des Neiges. Seules scènes lumineuses du film, d’ailleurs. J’ai tout à fait conscience des jeux de lumière, essentiellement parce que pendant tout le film, j’avais envie de l’allumer, la lumière, tellement je ne voyais pas bien. Et je n’ai aucun problème de vue. Cependant, ici, je ne peux pas parler de mauvaise maîtrise technique car je comprends parfaitement qu’il s’agit d’un choix. Le problème ici, c’est que je n’ai pas assez de culture cinématographique pour comprendre et apprécier.

Marion Cotillard est la Reine des glaces

D’après ce que j’ai lu, la réalisatrice Lucie Hadzihalilovic, une artiste fort peu prolixe, aime utiliser l’univers du conte pour proposer des films à forte dimension métaphorique. Ou comment une jeune orpheline cherche une figure maternelle, une soeur, une âme soeur, on ne sait pas trop. Elle non plus. En fait, avec le recul de quasi une semaine, je vois des rappels, des scènes qui se rappellent, je sais qu’il y avait des cadrages symboliques. Et c’est là que je me pose une question : est-ce qu’un film peut être destiné à juste être disséqué et pas simplement regardé ? Parce que La Tour de glace, j’ai trouvé ça chiant. Alors que je voulais l’aimer ce film. J’avais envie de dire du bien de Marion Cotillard, déjà. Oui, le Cotillard bashing, j’en ai un peu ras le bol. Sans doute parce que j’ai noté que les actrices, artistes, réalisatrices françaises s’en prennent quand même bien la gueule pour pas grand chose. Souvent parce qu’à un moment, elles ont été fières de leur travail. Genre Mélanie Laurent. Dont j’avais bien aimé Respire, d’ailleurs. Bref, je partais avec une bonne subjectivité et… pffff. Pénible à regarder.

La tour de glace

Mais pourtant, je suis persuadée qu’il est passionnant à analyser. Comme au lycée quand on analysait les oeuvres littéraires à grand coup de métaphores, oxymores, litotes, mise en abyme, allitération… Déjà, en y repensant un peu, je relie des choses, des scènes qui se rappellent. Mais il faudrait déjà que je revois le films en le disséquant. En scrutant les plans pour dire “hé regarde comme elle est enfermée dans ce placard, c’est littéral et à la fois, c’est symbolique”. Oui, à un moment, l’héroïne est cachée dans un placard. Par ailleurs, je suis à peu près persuadée que certains plans sont des hommages à un autre cinéma. Genre expressionnisme allemand des années 30, quelque chose comme Murnau. Moi, je n’ai pas cette culture là. Le seul film expressionniste allemand des années 30 que je connais, c’est Metropolis. Et c’était vraiment bien.

Jeanne dans le placard

Alors voilà, il semble que tous les films ne s’adressent pas à tout le monde. Et clairement, je ne suis pas le public des films d’auteurs ultra poussés écrits pour les cinéphiles hardcores. Je ne suis pas une cinéphile hardcore. Déjà, c’est bien neuf que je puisse me considérer comme cinéphile, tout court. Ca m’interpelle néanmoins. Je suis une amoureuse des histoires. Là, elle était peu développée. Mais pourquoi s’attacher à ce formalisme ? Par exemple, il y a quelques années, j’avais lu “La première gorgée de bière” de Philippe Delterm. Ironique pour quelqu’un qui n’aime pas la bière. Un livre qui ne contient pas d’histoire, juste des accents de vérité compilés. Ce n’était pas un essai ou un document. Mais j’avais aimé quand même. Peut-être que j’ai besoin qu’une fiction m’apporte quelque chose. Ou qu’elle soit facile d’accès, je ne sais pas. 

La tour de glace avec Marion Cotillard

Toujours est-il que je ne suis pas une cinéphile hardcore et je ne le vis pas si mal. Par contre, cette semaine, j’ai vu un autre film au ciné et il faut qu’on en parle parce que lui, il va m’obséder longtemps alors que je le décris comme “j’ai aimé mais je sais pas à qui je peux le conseiller”. 

Nina

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