Ou comment j’aurais aimé qu’on en finisse avec cette ère du “rien n’est sérieux” ou du non respect de ses personnages et de son histoire parce que ça commence sérieusement à me tendre. Je suis donc allée voir Superman au cinéma mardi, en avant-première. Parce que les vacances, parce que mon mec était tenté, parce que pourquoi pas. Superman n’est pas mon super héros préféré car je le trouve un peu trop uni-dimensionnel mais ça reste un super-héros majeur donc cédons à la tentation. Et bien ce film a bien menacé ma bonne humeur et ma détente des vacances. Je prends un ramipril* et je vous raconte.

Un extraterrestre gentil contre le chaos planétaire
Bon, l’histoire, rapidement. Y a une menace contre le monde, Superman intervient. Un nouveau méchant en ville, Lex Luthor semble impliqué. Ah et Clark et Lois sont amoureux. La base. On rajoute à ça “mais Superman, c’est un extraterrestre quand même, c’est peut-être dangereux”, une rengaine “les réseaux sociaux c’est pas gentil”, un chien insupportable, quelques super-héros de seconde zone et ça donne… deux heures de purge. Vraiment, j’ai tellement roulé des yeux qu’à un moment, j’ai pu contempler l’intérieur de ma boîte crânienne.

Entrée en zone inconnue
Alors avant de poursuivre, je me dois de préciser un point : je n’ai jamais vu aucun film de James Gunn. Vraiment, je viens de checker sa page Wikipedia et non, aucun. Et je n’avais pas vu non plus la bande-annonce du film. Je prends donc place, un peu excitée à l’idée de découvrir un nouveau Superman. Première scène : du texte. Bon, ok, on va accepter parce que le film est déjà long et que personne n’a envie de voir la énième présentation de l’enfance de Clark. Superman atterrit en mauvais état sur la banquise, visiblement à moitié mort, une perforation aux poumons si j’en crois la respiration sifflante. Il trouve un soupçon de force pour siffler et… apparaît un chien débile qui lui saute dessus et fait n’importe quoi. Qu’est-ce qu’il se passe, c’est une parodie ? Une publicité dans le film genre Superman est l’égérie de Royal Canin ? Ah non, c’est vraiment un élément du film. Ok, j’ai envie de me barrer. Scène 2, Superman arrive dans la forteresse de solitude, il remercie un robot qui lui dit “c’est sympa mais j’ai pas de sentiments dont tes merci…” et un robot qui réagit juste après “Ohlala, Superman m’a regardée, hiii…”. Quoi ? Quelqu’un a pensé à relire le scénario ou comment ça se passe ?

Début du film, tout est gênant
Scène suivante, re bagarre, on a des plans alternés entre Superman et un mystérieux ennemi et la base de Luthor qui pilote le dit mystérieux ennemi en hurlant des combinaisons de lettres et de chiffres. Ca, pourquoi pas. Sauf que… Pourquoi y a une meuf qui se prend en photo dans un coin de la pièce pendant les dix minutes de la scène. Vraiment, j’avais de la peine pour l’actrice. Ok, le film a commencé depuis dix minutes et j’en ai déjà marre.

Ok, pour se relever, il faut chuter mais pourquoi tant de ridicule ?
Alors je vais pas tout détailler même si l’envie me titille fortement. Mais en gros, je résumerais le film à : écriture bâclée, humour de merde, enjeux systématiquement désamorcés, rythme bâtard, propos largement dépassés, misogynie, personnages sans charisme. Et surtout Superman est nul. Je veux dire il passe son temps à se faire maltraiter par tout le monde, à commencer par un chien. Un super chien de Krypton, ok, mais un chien. Personne ne respecte ce mec. Alors oui, le film veut nous raconter une histoire de crise de foi. Le mec est confronté à une première défaite, il subit une campagne de critiques sur les rézos socios, il découvre un truc pas cool sur ses parents. Même sa meuf est un support plus qu’aléatoire. Mais faudrait voir à doser. Oui, dans un film de super-héros, il faut de la chute pour mieux revenir grâce à sa détermination, ok. Mais on peut le faire sans ridiculiser son personnage.

La chute du héros qui boude
Prenons par exemple The dark knight rises. Film que j’ai relativement peu aimé, en vrai. Sans doute parce que Nolan ne sait pas écrire correctement des personnages féminins et qu’il a fait de Catwoman et Talia des personnages fonction qui ne servaient qu’à faire avancer le scénario sans recherche de cohérence. Il n’en reste pas moins que Batman prend très cher dans ce film mais parvient à se relever grâce à la force de sa seule volonté. Oui, ok, normalement, la volonté ne répare pas les colonnes vertébrales cassées mais c’est comme ça dans le comics alors chut. Là, le problème, c’est que le “fall” de Superman est surtout lié au fait qu’il… boude. D’ailleurs, Gunn nous offre une scène de dispute avec Lois infiniment trop longue durant laquelle tu te demandes lequel tu détestes le plus. D’ailleurs, j’ai pas bien compris ce que Gunn voulait nous raconter sur ce couple. Clark est un peu trop à fond, Lois carrément pas assez. Bon, à la fin, on a droit à une scène mignonne alors que… Bah dans ce film, Superman ne sauve jamais Lois… Pourtant, elle a son moment d’intrépidité, hein mais à ce moment-là, c’est Mister Terrific qui la sauve. Alors autant je ne suis pas attachée au schéma du chevalier servant et de la demoiselle en détresse, autant on touche ici le problème majeur du film, selon moi…

Quand ton héros n’a même pas la vedette
C’est que pendant tout le film, j’ai pensé que j’aurais préféré un film sur Mister Terrific. D’abord il est badass mais surtout… c’est le seul personnage sérieux du film. Lui qui désamorce les vannes, qui ne rigole pas à l’absurde de Gunn. On a droit à deux vannes coup sur coup avec ce personnage. Un : la porte du garage. Je ne suis pas réalisatrice mais si, moi, en tant que spectatrice, je sens qu’une vanne est beaucoup trop longue, ce n’est pas normal que le réalisateur ne l’ait pas coupée avant. En gros, Mister Terrific et Lois sont devant la porte du garage d’une super navette et la porte met une éternité à s’ouvrir. Alors oui, le contraste entre le vaisseau super moderne et cette vieille porte qui s’ouvre est rigolo sauf que… déjà, ça dure beaucoup trop longtemps, j’avais capté la vanne au bout de deux secondes et ce n’est clairement pas signe d’une intelligence supérieure. Mais surtout… Lois, tu te souviens que t’étais inquiète pour le mec que tu fréquentes et qui est détenu par un mec qui l’aime peu ou comment ça se passe ? Et juste après, Lois commence à raconter sa vie sentimentale à Mister Terrific qui lui fait comprendre qu’il s’en fout. Intéressante cette scène où Lois passe pour une dinde car…

Toutes les meufs sont débiles
Ce film est tellement misogyne. Déjà, c’est pas compliqué : à part Lois, toutes les femmes sont des idiotes écervelées et superficielles. Même Supergirl. Franchement, autant la série avec Melissa Benoist nous présentait une Supergirl un peu trop girlscout par moment, autant la Supergirl de Gunn aperçue trente secondes dans le film, je n’ai absolument pas envie de la découvrir plus. Bref, dès qu’un personnage féminin est un peu valorisé, il est cassé juste après. Les personnages masculins aussi me direz-vous mais la caricature n’est pas la même. A part Lois, elles sont toutes obsédées/dépendantes des mecs, passent leur temps à se prendre en selfie et sont extrêmement girlies. Elles sont moquées dans ce qu’elles sont et non pas ce qu’elles font. Lois est un peu plus démerde mais elle sert quasi à rien dans le film, ne pouvant avancer sans l’aide de personnages masculins de type Mister Terrific ou Jimmy. Pas Superman, non. Et son rôle, c’est surtout piloter un vaisseau et pas toujours avec brio.

Les choses sont comme on te dit, cherches pas
Car ce film ne nous pose rien. Il énonce des faits et tu dois les accepter car il a pas le temps de poser une ambiance. Non, il doit faire des vannes sur un chien fou, de la bouillasse numérique dégueu dans un univers de poche et faire ouvrir une porte de garage durant un temps infini. Donc Lois et Clark sont amoureux même si Lois a peur de s’engager. Tu ne les as pas vus complices et amoureux ? Ca reste un fait, tu le prends et tu te tais. Jimmy est sexy et toutes les filles le désirent. Mais si, y en a deux qui le disent au journal et une meuf très sexy fantasme sur lui. Là encore, on doit passer par le dialogue parce que poser le charime du mec, non, pas le temps. Et pareil : Lex a créé un univers de poche. Rapide explication de Lex, ok, ça me va. Trop de science peut tuer l’adhésion de l’audience, je l’accepte. Par contre tous les personnages du film l’acceptent beaucoup trop facilement. Je vous jure, à un moment, Lois cherche Superman et Jimmy apprend par une source secrète qu’il est enfermé dans un univers de poche. Réaction de Lois : “ah ok”, et elle file chez les meta-humains chercher de l’aide. Mais ? Le film prend une minute à nous expliquer l’exploit scientifique que représente l’univers de poche, ça a l’air d’être incroyable mais Lois, elle l’accepte sans broncher. Hé, James, tu as conscience que tes personnages n’ont pas vu la scène dans laquelle on a l’explication ou pas du tout ?

L’humour, c’est bien mais là…
Alors ok, l’humour, c’est super et désacraliser un peu les personnages, c’est cool. En comparaison, le DCU de Snyder était trop sombre, tant au niveau de la colorométrie que des personnages qui prenaient quand même beaucoup trop de poses en mode “ohlala, je suis torturé”. Tout le monde se prenait carrément trop au sérieux mais là, peut-être pas assez. Alors oui, ma grande erreur a été de ne pas connaitre le travail de Gunn. Parce que clairement, l’humour ado attardé “les filles, elles sont trop bêtes, Superman, il est trop nul, le chien n’obéit pas. Mais j’ai quand même un message dans mon film qui rappelle que c’est pas gentil d’être méchant”, c’est pas pour moi. Non parce qu’à la fin, on réalise que toute cette histoire, toutes ces destructions, ces vies ravagées, c’était juste un caprice de gros bébé… qui pleure de dépit sur une des dernières scènes. Quoi que je dis ça, on dirait qu’il n’y a pas de mort dans cet univers. Même les méchants qui se font méchamment maraver, ils meurent pas. T’as un kaiju, des meta-humains volants qui se tapent, une faille provoquée par un trou noir qui pulvérise Metropolis mais ça va, personne n’est mort. Ah si, y a un mec qui meurt. Et sa mort est de suite dédramatisée par une réplique de Lex. Même à la fin, la faille se referme et les gens se repromènent dans la rue en toute détente. Non mais si tu veux faire une parodie, assume ton délire, va au bout du truc.

Vraiment, je n’ai pas envie de voir la suite
Bref, je suis sortie de ce film plutôt agacée. Pas tant par ce film en lui-même. C’est nul, je ne comprends pas qu’on puisse apprécier ça passé l’adolescence. Et les critiques ne sont pas dégueus donc clairement, je ne saisis pas. Ca véhicule quelques clichés problématiques. Les quelques bonnes idées sont gâchées. Mais surtout, j’en ai marre de cette vague de films qui ne fait pas l’effort de raconter correctement une histoire. Je veux dire prenez la série Legends of tomorrow, univers DC également. C’est très souvent n’importe quoi, beaucoup d’épisodes délirants. Mais il y a quand même de l’enjeu. Tu as peur pour les personnages, tu es contente quand ils arrivent à leur fin, tu t’attaches à eux. J’avais apprécié Wonder Woman et Aquaman qui avaient leurs petits moments rigolos. Là, je m’en fiche qu’il y ait une suite ou pas. Je m’en fous de l’univers étendu que ça doit installer. Surtout que bon, Bradley Cooper jouant Jor-El, je suppose que ça peut servir. Idem pour un général mis en avant de façon un peu gratos, la présence de figures mythiques du daily planet… A moins que ce ne soit que pour le fan service ? On en reparle.

*Le ramipril, c’est le médicament que je prends pour ma tension.
Première fois que je lis l’une de tes critiques. Un, j’adore. Deux merci car effectivement même si je ne pars pas du même point de départ vis à vis du personnage de superman que j’apprécie, il faut être clair ce superman est raté. (C’est une purge comme on dit aujourd’hui). Et oui, franchement je suis un mec mais est il possible le de traiter les filles autrement que comme ça ou les personnes d’origine étrangère autrement que par des clichés ?! Je ne comprends pas l’engouement autour de ce film pourtant j’en espérais un peu qqchose. Mais là.. bref merci pour ta critique et n’abuse pas trop du ramipril, Nina.
Ah, ça me rassure, je me demandais vraiment ce que j’avais pu rater vu que tout le monde trouve que c’est super réussi. Perso, ça me rappelle le temps où les comics étaient devenus totalement inoffensifs à cause du Comics Code Authority et ce n’est vraiment pas ma partie préférée. J’espère qu’ils vont pas nous sortir un Batman avec l’insupportable Bat-mite vu que, hé, c’est le silver age, trop bien !