Bonjour, je ne suis pas allée au cinéma dans les années 90 et je rattrape mon retard. Du coup, je regarde ces films à 44 ans plutôt que 13 et j’écris des chroniques avec des titres bien ronflants. Ca faisait des années que mon Adoré voulait me faire découvrir Wayne’s world, un de ses films d’adolescence préféré auquel j’étais relativement passée au travers. Même si j’avais deux de mes copines qui s’étaient prises de passion pour ce film et disaient toujours “Wayne’s world, Wayne’s world, mégateuf, excellent”. Et je connaissais la scène de l’avion. Pour le reste… Et ça tombe bien, le ciné associatif de mon quartier propose une soirée à thème avec la diffusion du fameux film. Ok, on enfourche nos vélos et on y va.
Deux petits gars au coeur du système
L’histoire. Wayne et Garth sont deux adulescents, terme que l’on n’utilisait pas quand le film est sorti, qui enregistrent une petite émission de télé dans le sous-sol de la maison de Wayne. Un soir, Benjamin, sorte de golden boy du marketing, découvre leur show par hasard et veut à tout prix les signer pour diffuser leur émission sur une plus grande chaine. Parce qu’il trouve l’émission bien ? Non, juste parce qu’elle plait aux jeunes et il y voit l’occasion d’y faire 150 placements de produits. Il va donc à la rencontre de nos deux amis et, comme on peut l’imaginer, ça ne va pas très bien se passer pour Wayne et Garth. D’abord enthousiastes, ils vont se rendre compte que Benjamin a quelques idées mercantiles derrière la tête.
Un scénario convenu mais…
Un histoire convenue ? Si on rajoute à l’équation une jolie demoiselle, d’abord love interest de Wayne, qui se retrouve à son tour convoitée par Benjamin… C’est vrai que tout ça parait convenu. On est dans un schéma classique d’une histoire Rise, fall & redemption. Wayne est sur une pente ascendante, il perd tout, il retrouve ses valeurs pour essayer de tout récupérer à la fin du film. Est-ce qu’il y arrivera ? Ce sera au spectateur de décider puisque le film nous propose littéralement plusieurs fins. Comme Un conte parfait, dans un autre genre. Ca me titille un peu cette histoire de multiple fins, je me note de me pencher dessus un autre jour. Idée d’article !
Une origine qui fait un peu peur
Mais prendre Wayne’s world sous le prisme de son histoire, c’est passer à coté de son essence. A la base, Wayne’s world est un sketch du famoso Saturday Night Live qui a eu une influence importante sur le cinéma humoristique américain. Qui continue d’en avoir, d’ailleurs. Quand je regarde un film, ou une série, américaine et que je vois un personnage écrit un peu bizarrement, dont j’ai du mal à capter le principe, et autour duquel on en fait des caisses, je sais qu’il sort du SNL. Ca explique aussi certains engouements que je ne captais pas. Genre Bill Murray, je ne saisissais pas l’espèce d’aura qu’il y avait autour de lui. Ce coté “ouah, tout le monde l’adore”. Oui, ok, c’était sympa Un jour sans fin ou Ghostbuster, même si son personnage est un immense trou du cul avec les femmes… Les années 80… Et bien SNL. Bref, Wayne’s world est ce genre de film tiré d’un sketch ultra populaire et en général, ça donne de mauvais films parce que… c’est compliqué de tirer 1h30 d’histoire d’une vanne de 3 mn. Je parle de toi, Brice de Nice.
Briser le quatrième mur en toute légèreté
Sauf que Wayne’s world quitte rapidement la narration premier degré pour devenir un concept, brisant régulièrement le quatrième mur et s’amusant de pas mal de procédés narratifs. J’adore ce genre de procédés à partir du moment où c’est bien fait. J’en avais parlé il y a fort longtemps à propos du livre Les Yeux de Baptiste-Slimane Berhoun et d’un fusil de Tchekhov. Ou à propos de la BD Rev. Ici, on va retrouver pas mal de vannes dans le genre. A un moment, Wayne et Garth vont obtenir des informations importantes de la part d’un vigile et s’étonner que le dit vigile soit aussi bien renseigné. Effectivement, les infos données serviront pour la suite et on ré appuie ce point. Ce n’est pas évident à gérer, ce genre de vanne sur l’art narratif, ça peut vite devenir très lourd. Mais ici, l’équilibre est bon. D’abord parce qu’on n’appuie pas dessus pendant une heure mais aussi parce que le film ne se prend pas au sérieux.
La caméra, un personnage à part entière
De la meme façon, Wayne’s world brise régulièrement le quatrième mur en faisant pénétrer la caméra dans la diégese du film. De temps en temps, Wayne ou Garth s’adressent directement à nous, nous parlant face caméra. Les règles à son sujet sont éditées clairement par Wayne : seuls Garth et lui ont le droit de lui parler. Mais le film s’affranchit de toute règle vis-à-vis d’elle. Elle rentre et sort de la diégèse selon les besoins de la narration.
Des personnages à bon fond
Car c’est finalement ça, Wayne’s world. 1h30 de trouvailles, de vannes, de gimmicks qui ont profondément marqué la pop culture comme la dream girl. Ou qui a repopularisé Bohemian Rhapsody. Un film à sketches mais des sketches qui fonctionnent avec des personnages souvent maladroits mais foncièrement gentils. Je crois que ça me manque. J’avais ressenti la même chose pour Clueless. Est-ce que ça ne dit pas quelque chose de notre société, la disparition de ces personnages qui, malgré toutes leurs imperfections, sont touchants car ils ne veulent nuire à personne ? Voire sont dans une entraide un peu naturelle ?
Une VF aux petits oignons
Concernant ce film, je dois faire un point sur la VF. Parce que c’est VF est de grande qualité, aussi culte que le film et surtout… Elle a été écrite par Chabat et Farrugia des Nuls. Attendez Wayne’s world, 1992. La cité de la Peur, autre film à sketch qui casse pas mal les codes de la narration, 1994. Alors je ne dis pas que l’influence est directe, les Nuls citant plutôt les ZAZ et effectivement… Mais j’aime croire que le doublage de Wayne’s world a joué un role dans la naissance dans la Cité de la peur qui doit être le film français que j’ai le plus vu et revu de ma vie. Avec éventuellement les Bronzés font du ski mais ça n’a rien à voir avec l’article.
On continue de se cultiver ?
Bref, tout ça m’a un peu donné envie de revoir Y a-t-il un pilote dans l’avion ?. J’espère que, comme pour les Hot shots, le plaisir sera toujours le même. Et de me lancer dans la découverte d’un film culte des années 90 mais là, de suite, j’ai pas décidé lequel.