Bonjour, c’est l’heure de regarder une série avec des gens beaux. Et autant vous dire que Les ailes de l’ambition ne va pas déroger à la règle. Si beaucoup de séries turques que j’ai pu regarder gardaient un pied dans la tradition avec un Istanbul très vieille pierre, là, on bascule dans le modernisme. Car on va suivre l’ascension d’une jeune journaliste arrogante et psychopathe, décidée à faire tomber la “vieille” génération. Et autant vous dire que dans Les ailes de l’ambition, y aura pas beaucoup de gentils.
Une étudiante un peu susceptible
L’histoire. Asli est une jeune étudiante en journalisme archi fan de Lale Kuman, une journaliste éditorialiste qui présente une émission d’actualité quotidienne. Mais suite à une interaction peu satisfaisante avec Lale dans les toilettes de sa fac, Asli décide de détruire Lale. Oui, c’est une jeune fille assez peu équilibrée. Elle manipule pour être stagiaire dans l’équipe de Lale et va mener un plan machiavélique pour prendre la place de son idole.
Quelques visages déjà connus
Petit point actrices avant de poursuivre puisque l’on va croiser deux visages connus. Enfin connus si vous avez regardé les mêmes séries que moi. Asli est jouée par Miray Daner qui jouait l’oracle dans The protector et Güsli est jouée par Sifanur Gül qui jouait Esvet dans Le tailleur et Asiye dans Yaratilan. Je dois sans doute regarder trop de séries turques, allez savoir. Bref, sorti de ces deux actrices, je ne connaissais personne mais préparez vous à des gens beaux et surtout beaucoup de glamour, notamment chez les femmes. Niveau look de ces stars de télé, on est à la limite du Diable s’habille en Prada, voyez.
Ruse, machiavélisme et soufflé effondré
Les ailes de l’ambition commence bien. Très bien, même. On découvre une Asli déterminée à faire tomber Lale et qui utilise mille subterfuges pour y arriver. Elle se fait embaucher comme stagiaire par la ruse puis élimine un à un ses camarades pour se faire embaucher. Ca donne envie tout ce machiavélisme. Sauf que. L’écriture du personnage est pour le moins bancale. D’abord présentée comme très intelligente, la série va nous montrer qu’elle est surtout… folle. la saison 02 est un festival sur ce sujet, d’ailleurs. Alors que sur la saison 01, Asli semble avoir un voire deux coups d’avance, elle se fait totalement déborder dans la saison 02. De la même façon, alors que la saison 01 nous la présente comme brillante, on a droit à une scène où elle demande à ses camarades le sens de mots plutôt anodins. Alors peut-être est-ce un effet de traduction mais si un de ses camarades la tacle en mode “tu devrais ouvrir un bouquin de temps en temps”, bon… Certes, les mots qu’elle ne connaît pas vont servir juste après mais y avait plus subtil à faire.
Quand t’es pas sympa aux toilettes
De la même façon, je ne suis pas sûre d’avoir saisie les motivations d’Asli. Ok, elle a eu une interaction désastreuse avec son idole mais… concrètement, est-ce que les toilettes sont un bon endroit pour avoir une interaction avec qui que ce soit ? Suite à ça, Asli va s’allier à Yusuf qui s’amuse à pourrir la chaîne de télé via un pseudo sur Twitter. Asli et lui sont en mode “tous ces gens riches qui ne voient même pas qu’on existe, ohlala”. Oui… sauf que c’est faux. Pour le coup, Lale qui est d’abord vue comme la connasse ultime et froide est en fait plutôt sympa avec ses équipes, leur offrant des trucs, étant proche de son assistante. D’ailleurs, lors d’une confrontation, Lale mettra les mots sur l’attitude de son bourreau “ah, en fait, ton seul talent à toi, c’est d’être méchante”. Ah bah ce doit être ça, l’explication.
Une lutte des classes glamour
Surtout que Lale ne vient pas d’un milieu particulièrement favorisé versus d’autres personnages. La série veut jouer cette dichotomie là. On voit la superbe baraque de Lale. Kenan, le producteur de l’émission, a un appart loft avec vue sur le Bosphore et un bateau dans la marina. Alors ça, c’est la deuxième série où une personne riche a un bateau qui ne quitte jamais le port, je ne suis pas sûre de saisir le symbole. Gül, la rédactrice en cheffe, est fille de diplomate. Güliz, une des stagiaires, est la fille d’un personnage important et devrait choper le job sans difficultés. Alors qu’Asli vit dans un petit appart en sous-sol et n’a plus d’eau chaude car elle ne paie pas ses factures. Dans la saison 02, on aura droit à une confrontation (nulle) sur la possession entre Asli et Lale à base de “l’argent, finalement, c’est surfait et ça ne fait pas le bonheur”. Ok mais du coup, tu veux aller où avec ta lutte des classes glamour, là ?
Y a trop de gens qui t’aiment
Autre point assez classique des fictions turques : le triangle amoureux. Lale est mariée à Selim, un très beau restaurateur. Mais Kenan, le producteur, est son ex. Bon, ça fait dix ans facile qu’ils ne sont plus ensemble puisque Lale a eu le temps de faire deux gosses à Selim mais la série insiste sur l’ambiguité entre eux, Selim redevient jaloux de Kenan. Ca me fait pas mal penser à l’intrigue du Chemin des oliviers où l’héroïne, retrouvant son amour de jeunesse, hésitait entre lui et son mari. Alors que son amour de jeunesse était juste un immense trouduc’ violent mais bon. Je veux bien croire que retrouver un ancien amour te fait douter mais quand tu l’as sous le nez tous les jours pendant dix ans, l’émoi est un peu altéré, non ?
Harcèlement en ligne
Dernier sujet : les réseaux sociaux. Et le harcèlement en ligne, surtout. Asli possède une trentaine de faux comptes qu’elle utilise pour déstabiliser Lale, la traitant de dinosaure. Yusuf a également son compte pour pourrir l’émission. Güsli passe son temps à se prendre en photo pour son compte Instagram. Dans la saison 01, il y a une intrigue à base d’acteur dont on soupçonne la mort car il ne poste plus rien sur Instagram depuis trois heures. Dans la saison 02, on a tout un arc narratif avec une influenceuse harcelée. La série a un côté un peu réac là-dessus avec Asli, représentante de la nouvelle génération qui est tout le temps collée à son téléphone et ne vit qu’à travers les réseaux sociaux et Lale qui fait du journalisme à l’ancienne. On ne commente pas les rumeurs ni l’absence de stories sur Instagram.
Une série bien partie mais…
Bref, malgré un bon départ, la série se met vite à bégayer et on ne comprend pas très bien où elle veut nous amener. Alors qu’Asli semblait être l’héroïne, notre sympathie va à Lale qui subit un peu trop sa vie. On pourrait même résumer la saison 02 à “Asli est folle, attendons qu’elle chute de son trône”. Alors que la série voulait surtout nous raconter qu’on est bien seuls au sommet mais ce fut un échec narratif. Une série à éviter ? Ca dépend. Ca reste divertissant et ça déborde de gens beaux donc ma foi…
