Si je devais citer un point commun à toutes les fictions turques que j’ai pu regarder, outre la beauté de ses acteurices et la présence récurrente de Cagatay Ulusoy, ce sont les mises en avant de paysages et de vestiges. Je ne connais pas la Turquie. Mon seul passage là-bas se résumant à deux heures à chiller dans un port en attendant le départ du bateau de croisière. Mais je rêve d’y aller parce qu’entre les vieilles pierres et les paysages naturel de fou, je sais que je vais adorer. Et les séries turques savent le potentiel touristique du pays. Par exemple, dans la série Atiye, on va se balader de sites archéologiques en sites archéologiques à la recherche d’une légende millénaire.
Dessiner un symbole millénaire
L’histoire. Atiye est une artiste peinte qui représente toujours les mêmes symboles, sans savoir leur signification. Elle est fiancée au bel Ozan. Tout irait pour le mieux si elle n’avait pas la vision étrange d’une vieille dame qui semble l’appeler. Un jour, en regardant les infos, elle apprend qu’un archéologue vient de trouver une grotte mystérieuse sur le site de Göbekli Tepe. Sur les murs de cette grotte, les symboles qu’Atiye dessine depuis sa jeunesse. Notre héroïne saute donc dans sa voiture et fonce vers Göbekli Tepe. Et vers son destin…
Y croire ou ne pas y croire
Atiye nous propose une première saison en ascenseur, je dirais : ça monte et ça descend. En gros : Atye va avancer sur les chemins du mystère. Mais à chaque fois, elle sera ramenée en arrière par des médecins lui diagnostiquant une schizophrénie paranoïaque. Elle renonce régulièrement à ses croyances pour y replonger tête la première dès qu’elle a un nouvel élément lui prouvant qu’elle n’est pas si folle. La première saison va tambour battant. Le mystère s’épaissit au fur et à mesure de l’intrigue, rendant parfois le tout assez confus. Je ne suis certes pas la spectatrice la plus attentive, faisant souvent autre chose en même temps. Mais il me semble que pas mal de questions resteront sans réponses. Et encore, la saison 01 est de loin la meilleure et la mieux construite.
Complots et mystères au programme
On va avoir en gros deux histoires parallèles : la progression d’Atiye dans les mystères l’entourant et le mystérieux groupe qui veut l’amener à un point précis à un moment pour… mmm. Confus. Il y a pas mal d’histoires de complots, de complices cachés qui surgissent à tous les coins de rue. Atiye et Erhan, l’archéologue qui va l’aider, sont au coeur de différents complots, toujours sous la menace d’on ne sait trop qui. Pour le coup, on va être sur des classiques retournements de situation à base de “mais tu étais avec eux depuis le début ?”. Pourquoi pas. Peu surprenant mais je l’accepte.
Le lien entre les générations
Il y a également quelques intrigues parallèles dont l’histoire de la soeur d’Atye, Cansu, amoureuse en secret du bel Ozan et mal aimée par sa mère. Car au-delà de l’histoire mystique, Atye tourne énormément autour des relations entre les générations. Atye et Cansu ont une relation plutôt froide avec leur mère, chacune pour des raisons différentes que l’on découvrira tout au long du récit. Ozan a perdu sa mère qui s’est suicidée et est totalement méprisé par son père qui va même le battre à coup de ceinturon dans une scène assez malaisante. Erhan a perdu toute sa famille jeune et a choisi de poursuivre les recherches archéologiques de son père. La saison 03 nous proposera une scène onirique où quatre générations de femmes communieront ensemble pour percer le secret… La transmission générationnel est au coeur de la série.
Une histoire de féminité
De même que la dualité homme-femme, ici vus comme complémentaires. Je spoile un peu ici donc si vous voulez voir la série, skip skip. Atye est devenue une sorte d’archétype de la femme, Eve, Isis, Marie-Madeleine… en quête perpétuelle de sa moitié, leur amour devant sauver le monde. La féminité est au coeur du récit, notamment via la maternité. Dans la saison 02, Atye se retrouve dans un monde parallèle où les femmes ne peuvent plus avoir d’enfants, la grossesse les tuant inexorablement. Ambiance Les fils de l’Homme. Atye sauvera ce monde, à priori, via sa propre maternité, redonnant espoir aux Humains de cette timeline là.
Des raccourcis et peu de respect de sa propre histoire
Après, Atye est un incroyable patchworks de croyances un peu compliquées à suivre. On va avoir droit à certaines légendes turques comme Shahmeran ou une histoire de protecteur mais tout ça est tellement confus. Et c’est le principal problème d’Atye. Si j’ai réussi à isoler des thèmes, il faut comprendre que tout ceci est noyé dans un préchi-précha imbitable à base de prophéties incompréhensibles, de mondes parallèles. Où les choses changent sans qu’on sache trop comment ni pourquoi. Des personnages ressuscitent de façon un peu abusée. Le début de la saison 03 est franchement incompréhensible. J’ai cru que nous étions dans un nouveau monde parallèle mais à priori, non, c’est la timeline originale. Sauf que deux personnes mortes ne le sont plus. Ok mais du coup, pourquoi un personnage a fait de la prison pour un meurtre qu’il n’a plus commis ? Pareil, la saison 01 démarre par une scène qui est censée être expliquée plus tard. C’est vaguement expliqué en début de saison 03 mais… j’ai pas compris. Malhonnête sur 20, cette histoire.
Des acteurices soit trop, soit pas assez
Mais le principal défaut de la série selon moi, c’est le jeu d’actrice de Beren Saat. Elle a l’incroyable défaut de toujours sortir de de son personnage. Elle a toujours un sourire un peu sarcastique, y compris à des moments où il n’y a aucune raison de sourire. Ca et le fait qu’elle a toujours l’air de se réveiller et de flotter entre rêve et réalité. Ce qui pourrait avoir du sens au vu de l’histoire mais non, ce n’est pas volontaire. Remarque un peu similaire pour Melisa Senolsun qui joue Cansu. Le jeu peu engagé des deux actrices crée un étrange décalage avec les acteurs masculins qui, eux, sont à fond. Limite trop. On notera qu’Ozan est interprété par Metin Akdülger qui joue Omer dans Merci et au suivant. Les relations entre les personnages ne sont pas toujours bien écrites d’ailleurs. Autant sur la saison 01, ça roule à peu près sauf la dynamique Cansu-Ozan mais la saison 03… La relation entre Erhan et Aden est juste… inexistante. Et ça m’a gênée pour accepter la conclusion de la série.
Une série qui peut quand même se regarder
“Ah mais du coup, Atye, c’est nul, faut pas regarder”. Ca dépend. Outre la beauté des gens, même si Erhan illustre à la perfection le cas du “un mec barbu ultra sexy devenu moche une fois rasé”, nous avons droit à quelques plans sur la Turquie qui m’a fait regarder si c’est possible d’y aller en train pour un Turkish tour. Pas trop car ça nous fait 54h en passant par Paris, Vienne, Bucarest, Halkali et arrivée à Istanbul. Vivement la retraite pour que je puisse faire ce genre de trajets. C’est vraiment magnifique et la saison 01 fonctionne pas mal, même si on sent sur le cliffhanger final qu’ils avaient un peu oublié la scène d’intro qu’on était censées comprendre à la fin. Les saisons 02 et 03, surtout la 03, sont plus dispensables. Ca m’a fait penser à Minuit au Pera Palace où la saison 01 était plutôt sympa alors que la saison 02 rajoutait de la complexité pour rien. Ou Qui a tué Sara, télénovela où la saison 03 racontait franchement n’importe quoi pour faire durer un suspense dont tout le monde se moquait.
A mater en pleine digestion de Noël
Mais puisqu’on arrive aux jours où on va trop manger et qu’on va glander sur nos écrans en se jurant qu’on ne mangera plus jamais autant, Atye reste un choix sympa.