Du moins une. Ayant acheté un nouvel ordinateur puisque j’ai rendu mon mac à mes désormais ex employeurs, je retente une connexion à Apple tv, service auquel je n’arrivais plus à accéder depuis un bon moment. Surprise, ça marche ! Je mets donc fin à mon abonnement mais ayant encore une semaine d’abonnement disponible, je décide de me lancer dans une nouvelle série. Et là, je tombe sur Physical, une série sur une meuf qui tombe en amour avec l’aérobic. Trop bien. Sauf que j’avais pas bien compris le synopsis, je crois.

Quand l’aérobic est ta lumière au bout du tunnel
L’histoire : Sheila est un meuf perdue dans sa vie. Mère au foyer, elle ne supporte plus son mari, un prof d’université fraîchement viré qui décide de se lancer en politique. Persuadée d’avoir une vie totalement merdique, elle se réfugie dans des crises de boulimie. Le hic : elle a dilapidé les économies du foyer pour s’adonner à son vice et son mari veut s’en servir pour sa campagne. Désespérée, elle suit une inconnue qui l’obsède et qui se révèle être une prof d’aérobic. Après un premier cours compliqué durant lequel Sheila s’évanouit, elle attrape le virus de l’aérobic. Ce sport va changer sa vie.

Ah mais ça parle pas tant d’aérobic, finalement…
L’histoire se passe dans les années 80, époque faste de l’aérobic. Qui tarde à revenir, je trouve, alors que c’est franchement un sport fun. Si, c’est fun. J’ai une petite passion pour l’aérobic… et l’esthétique des 80s. A moins que ce ne soit la nostalgie, allez savoir. Bref, je lançais cette série en mode “hihi, ça va être rigolo”. Et bien pas du tout. Je croyais que c’était une success story, comment une mère au foyer devient une star du petit écran. Alors que c’est l’histoire d’une femme en proie à de graves addictions et victime de sa voix intérieure cruelle. Well…

Une pure histoire de rédemption
Et j’ai adoré. Je ne suis pas certaine que cette série parle à tout le monde, franchement. Pas tant pour le côté aérobic. Ca aurait pu être n’importe quoi d’autre comme la confection de cookies, le macramé ou le surf. C’est une pure histoire de rédemption. Alors déjà, je suis très sensible aux fiction de rédemption, surtout quand je regarde ça alors que moi-même, je suis plutôt au fond du trou. Exemple quand je suis au chômage. Ou tout du moins en crise pro. Par exemple, pendant mon mois d’arrêt maladie en avril, une amie bien intentionnée m’a prêtée “Pisse mémé” de Catie Baur où un groupe d’amies, profitant de l’héritage de deux d’entres elles, lancent un salon de thé. Le souci que j’ai dans ces fictions, c’est le côté “va falloir attendre que la providence te donne un coup de pouce”. Mais ça fait du bien de rêver un peu. Après tout, si les galères arrivent, pourquoi pas les coups de chance ?

Une héroïne antipathique de prime abord
Et Physical est une étrange bouffée d’espoir. Bon, il faut s’accrocher. Et je dois avouer que, de prime abord, Sheila est une sombre connasse méchante et égoïste. Car la vraie star du show, celle qui prend toute la place ou presque, c’est la voix intérieure de Sheila. Et elle est effroyable. J’ai parlé de mes voix intérieures récemment sous d’autres cieux, notamment de la voix dénigrante. Celle qui ne rate jamais une occasion de t’insulter. Jamais. Et bien, celle de Sheila est pire. D’ailleurs, au début, je trouvais abusé toutes les scènes où la voix de Sheila la traite de grosse vache alors que Rose Byrne, l’actrice qui l’incarne, est très mince. Je me disais “non mais vous auriez dû prendre une autre actrice à ce moment-là”. Sauf que…

Un double maléfique direct dans la tête
La voix intérieure de Sheila n’est pas tant ses pensées les plus sombres qu’un espèce de doppleganger. On le comprend assez facilement par le regard que les autres personnages ont sur elle. Par exemple, la prof d’aérobic, Bunny, se fait éclipser par Sheila et se demande “c’est parce qu’elle est plus mince ?”. De la même façon, on va comprendre l’obsession de Sheila pour l’ultra-minceur, le berceau de sa boulimie ultra vénère. D’ailleurs, point trigger warning, précisé en début de chaque épisode : la série regorge de scènes de hyperphagie. Pas particulièrement voyeuristes en soi mais j’avoue que rien que l’idée de quantité de nourriture avalée par Sheila, je sentais mon système digestif bouder. Alors que moi, j’ai jamais avalé trois cheese-burger, trois grandes frites et un milk-shake au chocolat d’un coup.

C’est l’histoire d’une addict avant tout
En fait, cette série ne parle pas tant d’aérobic que de lutte contre ses démons. Elle parle d’addictions, de lutte contre soi, de secrets. On découvre les stratagèmes de Sheila pour (très mal) gérer son rapport à la nourriture, ses routines de craquage. Sheila est une menteuse compulsive mais elle est poussée par l’angoisse générée entre l’image idyllique qu’elle veut renvoyer et celle qu’elle est vraiment. La petite voix l’illustre en permanence, parfois de façon un peu trop littérale. Sheila est addict et obsessionnelle. Sa seule façon de se débarrasser de son addiction est de la remplacer par une autre. Quand quelque chose l’obsède, ça vire parfois au délire psychique. Sa volonté d’être la femme parfaite la pousse à mentir en permanence, à manipuler.

Une connasse à qui on s’attache
En fait, cette série n’est pas forcément très importante. Mais elle m’a fascinée. Pour deux raisons essentielles. La première, c’est que j’ai l’impression que quelqu’un a pris mes travers et a poussé tous les putters à fond. J’assiste alors à un spectacle quasi absurde qui me fait relativiser. Déjà, moi, mes crises d’hyperphagie ressemblent généralement à “oh non, j’ai mangé tout le paquet de gâteau”. La quantité de nourriture ingérée par Sheila dans ses crises me paraît limite impossible à avaler. Et ensuite ma voix méchante est moins méchante. Du coup les (mes)aventures de Sheila ont des vertus cathartiques. Mais surtout, cette série a réussi l’exploit de me rendre Sheila sympathique. Parce que même si c’est une effroyable personne de prime abord, elle agit pour des raisons que l’on peut comprendre et reste cohérente tout du long.

Finalement, je suis moins pire
Bref, tout ça pour dire que j’ai envie de me remettre à l’aérobic, que je déteste moins ma voix méchante et que je relativise si j’éclate le paquet de gâteaux. Mais surtout… J’ai pas pu voir les cinq derniers épisodes et vu que j’ai pas envie de donner des sous à Apple qui a bloqué mon accès pendant 1 mois et demi sur mes 3 mois à 4,99 €, je suppose qu’on va reprendre de vieilles habitudes… Parce que j’aimerais quand même savoir où en est Sheila parce que la dernière fois que je l’ai vue, elle était en plein nervous breakdown…