Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

Nine perfect strangers, la série étrangement feel good

C’est toujours difficile de choisir quelle série lancer. Etant en mois d’essai sur Amazon Prime, je décide de piller un peu leur catalogue. Catalogue assez peu lisible vu que tu as plein de films ou de séries qui nécessitent un autre abonnement mais passons. Je cherche toujours en première intention des séries dystopiques, ma grande passion. Si je ne trouve pas, je vais gratter côté séries turques, coréennes, télénovelas… Mais Prime ne propose pas ce type de shows. Je lance d’abord Humans, une histoire d’androïde mais au bout de cinq minutes, je comprends que c’est un remake de Real Humans donc je coupe. Et je tombe par hasard sur Nine perfect strangers avec une histoire de retraite dans un centre étrange. Ah, tiens, c’est peut-être un peu dystopique… Spoiler : non.

Nine perfect strangers

L’histoire. Neuf patients se dirigent vers le centre Tranquillum, un lieu de retraite un peu mystérieux. Parmi les clients : une famille de trois venant faire le deuil du fils disparu, un couple en crise, une écrivaine en fin de carrière qui vient d’être victime d’un catfishing, une ancienne gloire du football qui n’a plus de genoux, un journaliste sous couverture, une femme divorcée en pleine dépression. A peine arrivés, on leur confisque téléphone, gourmandises et voiture. Et les pensionnaires vont vite découvrir qu’ils ne sont pas précisément partis en vacances au spa. Car la responsable de Tranquillum, Masha, a une vision très particulière des soins. Et peut-être un but caché.

Masha chante

Si vous me demandez de qualifier Nine perfect strangers, je vais un peu galérer. Un peu thriller, un peu “parcours de vie”. Franchement, à tout moment, je me demandais “ok, c’est lequel des pensionnaires qui va mourir ?”. Car si au début de la série, les soins ont l’air un peu abusés mais pointus, on va vite découvrir que dans les smoothies “préparés pour chacun selon leurs paramètres phsyiologiques”, il y a un petit supplément champi… Et pas vraiment champignons de Paris. En parallèle, Masha reçoit des sms de menace et semble au bord du Nervous breakdown. Nervous breakdown que chaque pensionnaire va expérimenter vu que les soins les poussent à bout.

Les pensionnaires de Tranquillum enfermés

En regardant la série, j’ai vraiment eu des sentiments très ambivalents. Je suis actuellement dans un état émotif compliqué, certes. Je me remets doucement de la mort de mon chat, je vis mon chômage plus ou moins bien. En bien : je regarde plein de séries, j’écris, je prépare les prochaines vacances, je me bute au sport. En mal : dès que je pense à l’avenir, la recherche d’emploi, j’ai l’impression d’être au bord du précipice et de regarder dans le vide. Précipice non sécurisé par une barrière, ahahah. Voilà, je précise ce point car il est possible que je sois hypersensible à certains sujets, notamment celui de la crise de vie. 

Nine perfect strangers, soirée à danser

Car les personnages que l’on nous présente vont mal et cherchent à se raccrocher à n’importe quelle branche à tout prix. A Tranquillum, on va les confronter à des situations un peu compliquées, les inciter à s’ouvrir petit à petit. Parfois dans des ateliers un peu extrêmes qui vont les mettre en colère, les pousser au désespoir. A chaque fois, on se dit “ah, c’est là qu’un personnage va péter un câble et que quelqu’un va mourir”. Ou tuer quelqu’un. C’était vraiment mon pari de départ : un des participants va péter un câble et en tuer un autre. Ou un encadrant. Ou Masha.

Les pensionnaires du Tranquillum dans une tombe

Masha, parlons-en. J’ai un peu de mal avec ce personnage. Déjà, il est interprété par Nicole Kidman et j’ai l’impression que, contractuellement, quand Nicole Kidman joue dans une série, un personnage doit vanter sa beauté. Plutôt une femme en général genre “ohlala, vous êtes si belle, c’est incroyable”. J’ai vu ça dans Big little lies, dans Un couple parfait et là, encore. Et ça me sort toujours un peu de l’univers du film parce que, je suis désolée, mais Nicole Kidman me terrifie. Ah oui, elle est toujours très bien foutue, la série met sa minceur en avant à quelques occasions lors de scènes un peu sportives. Mais ce visage figé par le Botox. Je sais que je ne devrais pas critiquer le physique d’une actrice, ni même d’un acteur, mais le Botox détruit les visages, notamment féminins, et ça me crispe toujours. J’avais eu le même problème avec Ruth Wilson dans Luther. Alors oui, les visages figés, ça a l’avantage de faire mystérieux mais moi, ça me pousse dans une vallée de l’étrange que je n’aime pas.

Nicole Kidman est Masha dans Nine perfect strangers

Autre souci : pourquoi embaucher une actrice australienne pour jouer une femme russe ? Avec  un accent plus qu’aléatoire. Je pensais initialement que c’était dû à la version française mais vu qu’au début de la saison 02, un personnage interpelle Masha sur son accent intermittent… Je n’arrive pas à savoir si c’était vraiment fait exprès sur la saison 01 ou si c’est une vanne intégrée dans la saison 02 car beaucoup de personnes avaient souligné ce problème. Quoi qu’il en soit : si tu veux que Masha soit russe, prend une actrice russe, je pense qu’il y en a quelques unes sur le marché. Et si tu ne veux pas embaucher d’actrice russe pour cause de boycott des russes en ce moment, t’as qu’à dire que Masha est suédoise. Ca va te permettre d’embaucher Noomi Rapace, par exemple. Ou Néerlandaise et tu as Famke Jenssen. Qui jouait une Russe dans James Bond. Oh damned !

Nicole Kidman dans le rôle d'une femme russe

Bref, le personnage de Masha est très charismatique, tout le monde tombe plus ou moins sous sa coupe. D’ailleurs, il y a un délire sexuel avec ses assistants que j’ai trouvé totalement inutile mais bon, à la limite, pourquoi pas. A un moment, j’étais un peu agacée par ce côté, “Masha est magnétique”, “elle est si mystérieuse” mais si on replace ça dans le cadre d’un gourou de secte, là, de suite, le personnage de Masha prend une autre saveur. Car oui, Tranquillum est une sorte de secte puisque tout est basé sur le vécu du gourou. Masha a failli mourir quelques années plus tôt, touchée par balle dans un parking. Ayant miraculeusement survécu, elle décide de quitter sa vie d’avant, très money, drug, sex & rock n’roll pour cette recherche absolue de soi. 

Et le pire, c’est que ça marche. Pas sans heurt et pas sans cris mais on voit peu à peu les personnages s’ouvrir. Il y a ici un talent d’écriture sur les patients de la clinique. Si je trouve Masha un peu trop unidimensionnelle, les clients sont intéressants. Essentiellement parce qu’au début, on les déteste tous. Vraiment, j’ai lancé la série en me disant “je vais pas aller au bout, ils sont tous horribles”. Dans la famille Marconi, le père est “overloaded” tout le temps. Beaucoup, BEAUCOUP trop enthousiaste. Sa femme est limite neurasthénique. Bon, par contre, Zoé, je l’ai bien aimé dès le départ. Frances, l’écrivaine en bout de course, partait mal. Essentiellement parce qu’elle est incarnée par Melissa McCarthy que j’aime pas trop à cause de Ghostbuster qui m’avait pas mal exaspérée. Là, je la trouve nuancée et j’ai vraiment eu beaucoup de tendresse pour son personnage. Idem pour Jessica qui paraissait être, au tout début, une sorte d’influenceuse ex reine de beauté du lycée donc un nid incroyable de clichés. Mais non, elle devient vite attachante.

Le cast de Nine perfect strangers

Bref, est-ce parce que je suis en pleine tempête émotionnelle que je suis sensible à ces personnages arrivés au bout d’un chemin et qui cherchent à tout prix un nouveau départ ? Que je rêve de ça pour moi ? Une sorte de paix intérieure après les tourments ? Ca fait quand même la deuxième série qui me fait cet effet après Physical et pour les mêmes raisons. Et si j’explorais ça dans un prochain article ?

Nina

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