Mais dans le bon sens du terme, je crois. En vrai, je parle de cette série précisément parce que je n’arrive pas à déterminer ce que j’en pense. Mais dans un sens plutôt positif. Ayant terminé mes périodes d’essai chez Apple et Prime, je retourne donc au bon vieux Netflix. Après avoir maté Les Survivants, je lance el refugio atomico car on dirait un truc un peu dystopique. L’esthétique a l’air cool et c’est une série espagnole. En général, j’aime bien.

De la prison au bunker, dure journée pour Max
L’histoire. Espagne, de nos jours. Max, un jeune homme fils de bonne famille, est amoureux d’Ane depuis sa plus tendre enfance. Alors que ce couple parfait file des jours heureux, c’est l’accident de voiture. Ane est tuée sur le coup, Max incarcéré car il avait consommé alcool et stupéfiants. Trois ans plus tard, Max retretrouve sa liberté. Son père le récupère pour l’amener direct dans un bunker car la situation géopolitique dégénère salement. Effectivement, à peine Max, son père et tout un tas de riches gens, sont enfermés dans le bunker que la guerre nucléaire commence. Les habitants du bunker l’ont bien compris : ils sont sans doute les derniers survivants sur Terre.

Des histoires de famille mais sous terre
Ok, encore une série espagnole qui explore les liens familiaux, j’ai. Autant vous dire qu’on n’aura pas droit à la maestria de Manolo Caro à qui on doit La Casa de las flores et Sagrada Familia. Mais ok, je prends. Dans ce bunker pour ultra-riches, tout fonctionne en unités familiales. Max se retrouve donc enfermé avec son père, sa mère et sa grand-mère. Grand-mère qui se balade avec un patch de morphine dans le cou car elle est atteinte d’un cancer en phase terminale. Ah, intéressant ! Une riche qui survit à l’apocalypse parce qu’elle est riche alors qu’elle est condamnée à plus ou moins court terme. Associé à la famille de Max, on a la famille de Guillermo, un golden boy argentin, héritier de la fortune de son père. Il fait des affaires et possède notamment une écurie de Formule 1. C’est précisé donc ce doit être important. Guillermo est descendu avec sa femme, Mimi et sa fille, Asia. Guillermo et Rafa, le père de Max, sont meilleurs amis. Mais… Guillermo est surtout le père d’Ane. Et forcément, la cohabitation entre ses deux familles, autant amies qu’ennemies, s’annonce des plus épicées.

En cas d’apocalypse, arrêtez d’être assistés pour tout
Les autres réfugiés ? Oh, on s’en fout. Le bunker a été créé par la société Kimera dirigé par la mystérieuse Minerva. C’est elle qui vient annoncer les règles de vie aux pensionnaires. Le bunker a été financé par les ultra-riches. Mais leur petite vie de dominant va devoir se modérer. Ainsi, les repas sont servis sous la forme de buffet. Chacun doit lever son cul pour aller chercher sa pitance. Pourquoi ? Parce que le personnel est forcément limité et que le service n’est pas la priorité. Un point que rappellera Minerva lors de son discours introductif. Si jamais l’apocalypse nucléaire devait arriver, il ne serait plus temps de mégoter. Et justement, qu’est-ce qui arrive un peu après ? Oups.

Une question de privilège
L’intrigue basée sur les riches qui se créent des bunkers pour résister à l’apocalypse, ce n’est pas nouveau. On pense forcément à Fallout, Bunker Palace Hotel ou à la vraie vie avec Zuckerberg qui se crée le sien à Hawaii. C’est vrai qu’envisager d’implanter un bunker sur une île volcanique qui subit régulièrement des séismes, on sent vraiment que ce mec est un génie. Oui, je sais que les bunkers sont conçus pour résister à des tremblements de terre. Mais j’avoue que je l’aurais mis ailleurs. Surtout que choisir un endroit paradisiaque pour s’enterrer, avouez que ça ne manque pas de sel. Ici, d’ailleurs, le sujet n’est pas tant la survie que la question des privilèges sociaux. De gens qui se sentent un peu au-dessus du lot et considèrent mériter de survivre à une apocalypse, juste parce qu’ils sont riches. Intéressant. Sauf que bon, si je prends la moyenne d’âge des habitants du bunker, va pas trop falloir compter sur eux pour repeupler rapidement la terre.

Alerte spoiler…
A partir de là, je vais spoiler. Il y a un plot twist dès la fin de l’épisode 01. Donc si vous voulez voir la série avant de lire mon avis, quittez l’article maintenant. Même si ça ne m’a pas étonnée. Zone spoiler ! En vrai, je regardais et je me disais “hé mais ce serait trop cool qu’en vrai, il y ait un plot twist à base de “mais tout ceci est faux” et… Ah bah c’est le cas”. Hé oui, l’apocalypse est fausse et tout ça n’est qu’un coup monté de Minerva. Pourquoi ? Parce qu’elle n’aime pas les riches. Ok, I feel you Minerva mais… c’est pas un peu léger comme prétexte. Ah attendez, le vrai prétexte émerge. Ah, c’est pour voler 900 millions à Guillermo via un plan très compliqué de rachat de start-up fantôme. Mmm… Tema la gueule des Robins des bois.

Lourdeurs et fulgurances
Mais attendez… Une série espagnole où des gens qui aiment pas les riches se lancent dans une escroquerie à grande échelle pour leur intérêt personnel, ça me dit quelque chose… Oh non. Oh non… Vérifions sur les Internets. “Par les créateurs de la Casa de Papel”. Nooooon ! J’ai détesté cette série. Les personnages étaient stupides, leurs motivations pétés, les scènes de cul gratuites et assez random alors que là… Des motivations pétées, les scènes de cul gratuites. Mais les personnages ne sont pas si cons et ça fait plaisir, un peu. En vérité, c’est là toute l’ambivalence de cette série : elle alterne moments peu inspirés et belles envolées. Il y a notamment une scène de tension amoureuse que j’ai beaucoup aimé, j’aurais pu lui dédier un article. On comprend rapidement dans la série qu’Asia, la soeur de feu Ane, est en fait amoureuse de Max mais elle refuse de l’admettre. Dans une scène où il la confronte, elle lui sort des insanités à base de “je te déteste, je te méprise, tu as tué ma soeur”. Mais ses paroles sont entrecoupées de flashs où elle imagine embrasser Max sur un titre de The irrepressibles. Et comme j’aime bien cette chanson, j’ai vraiment bien apprécié cette scène.

Certains personnages bien écrits
D’ailleurs, le personnage d’Asia fonctionne pas mal. Ses motivations et réactions sont bien expliquées. Le seul truc un peu bizarre, c’est que Max décide de la prendre en alliée après qu’ils se soient insultés. Mais ok, admettons. La coiffure et le maquillage d’Asia me fait penser que c’est la Tokyo de la série, sorte de personnage féminin très fort sur lequel on est censés fantasmer. Et je trouve l’actrice très mignonne et on n’abuse pas des plans en plongée sur elle pour faire ressortir ses yeux et surtout… elle n’est pas insupportablement débile vs Tokyo. Au contraire : à partir du moment où il y a un plan, elle s’y tient et ses seules improvisations servent à limiter un risque qui n’avait pas été identifié. J’ai bien aimé le traitement du personnage de Max, également. Par contre, sa mère, Frida, j’ai pas bien compris le projet. Enfin, si, j’ai parfaitement compris où la série voulait nous amener. “Regardez comme c’est une connasse égoïste”. Mais vu qu’elle change de personnalité toutes les dix minutes…

Les Riches se pensent au-dessus de tout, même de la mort
Un autre personnage intéressant : la grand-mère de Max. Celle qui a le cancer. Elle est l’archétype du riche odieux qui se considère au-dessus de tout. Elle est celle qui refuse d’aller se servir au buffet, pour commencer. Par la suite, quand un personnage tombe très malade, elle lui fait faire n’importe quoi, arguant que elle, ça fait 11 ans qu’elle survit à son cancer alors que son médecin lui avait prédit une mort dans les six mois. Et ça, ça me rappelle un article que j’avais écrit au moment du Covid, quand on était tous bien confinés chez nous tandis que les riches se pensaient naturellement immunisés pour le Covid et faisaient des petits restos clandestins entre eux. Des repas somme toute dégueulasses, ce qui prouve qu’être riche n’est pas synonyme de bon goût. Ce qui illustre parfaitement le fait que, même dans la vraie vie, les riches se pensent au-dessus de tout, y compris dans le domaine de la santé. Eux, ils n’iront pas crever à l’hôpital mais dans une clinique privée qui peut les guérir du cancer et du Covid.

Beaucoup de gens plus ou moins impliqués dans la combine
Passons maintenant à la partie plan machiavélique car j’ai des choses à dire. Dans La casa de Papel, toute la série, du moins les deux premières saisons vu que je suis pas allée plus loin, était construite sur le fait que le plan du Professeur était infaillible car il était suprêmement intelligent. Doublement faux. Le plan était bancal et son créateur avait embauché de parfaits crétins pour l’exécuter. Dans el refugio atomico, pour le coup, le(s?) scénariste(s?) a mieux bossé son sujet et le plan est nettement mieux amené. Même si, forcément, il y a des impensés. Notamment le fait qu’un des bunkerisé sort de prison donc il est super fort à la bagarre et reconnaît un peu trop un univers carcéral quand il en croise un. Le côté grandiose du plan m’a un peu fait rire. Dans La casa de Papel, le gang des braqueurs est composé de neuf membres. Là, entre le personnel du bunker, parfaitement au courant du plan, plus toutes les personnes qui ont participé au projet sans savoir exactement de quoi il retourne, ça fait quand même beaucoup de témoins. Notamment tous les ouvriers du bunker qui ont parfaitement vu le visage de Minerva. Je suis pas experte en plan ni complot mais la règle de base, c’est de limiter les gens au courant de quoi que ce soit.

Le protagoniste principal ne fait pas partie du plan
Un élément que j’ai particulièrement apprécié, c’est l’introduction de la série. C’est pas incroyable en soi, c’est l’histoire de Max qui nous raconte son amour pour Ane et sa vie en prison. Je vais pas forcément m’arrêter dessus. Par contre, ce qui est malin, c’est qu’on ne découvre les autres personnages que vingt ou trente minutes après le début de la série. Alors qu’on pense que tout est à propos de Max, notamment parce que l’héroïne est à fond sur lui, on découvre finalement que le gros poisson, c’était Guillermo. J’ai trouvé que c’était une façon assez subtile de procéder. Surtout qu’au départ, tu crois que la motivation de Minerva, c’est de faire chier des riches. Alors qu’en fait, non, faut juste voler leur thune pour son usage personnel.

Oh zut, j’ai oublié un détail important qui va servir pour l’intrigue
J’accumule les pour et les contres, je termine sur un dernier point : Ciro. Parce que y a un truc, une maladresse d’écriture qui m’a vraiment saoulée. Vers le milieu de la saison 01, on a droit à des flashbacks sur l’enfance de Minerva et Ciro. Ils ont été abandonnés par leur mère et pas adoptés parce qu’ils étaient compliqués à vivre. On comprend qu’ils sont très proches, voire fusionnels. Ok, j’ai. Sauf qu’à un moment, Minerva précise : “un médecin a diagnostiqué que Ciro souffrait en présence des autres mais il a aussi un autre trouble que j’ai oublié”. Non. Juste non. Tu ne peux pas oublier que ton frère souffre de quelque chose à partir du moment où tu nous as dit que vous étiez fusionnels. Oui, j’ai bien compris que tu le dis pas parce que ça fera un rebondissement pour la saison 02. Mais ça, je ne peux pas l’accepter. Surtout que la série insiste un peu lourdement sur le manque de stabilité mentale de Ciro. Qui doit être psychopathe, un truc du genre. Ce que j’accepterais encore moins parce que personne n’oublie l’étiquette “psychopathe”.

Pas mal de points positifs, quand même
Bref, pour terminer, en positif : l’esthétique. J’ai adoré. Le bunker, les couleurs bleues et oranges, les tenues. Le fait de séparer les couleurs des personnages selon leur camp même si, ok, c’est un peu manichéen. J’ai bien aimé la relation entre Max et Asia même si, elle, manque parfois de subtilité. J’ai été troublée par le fait que Mimi, la femme de Guillermo ressemble tellement à sa fille Ane que je me suis sincèrement demandé si ce n’était pas la même actrice. Ce qui aurait été parfaitement dégueu. J’ai remarqué que dans les histoires espagnoles, on finit toujours sur des relations familiales de type matriarches et je ne sais pas quoi faire de ça. J’ai pas bien aimé l’arc de Julia, j’ai apprécié le passage à Bangkok. Les gens sont beaux, ça fait plaisir.

Je sais pas quel est mon camp
Du coup, est-ce que j’ai aimé la saison 01 : oui. Est-ce que j’ai peur de la saison 02 qui va évidemment arriver vu toutes les portes restées ouvertes : oui, encore plus. Parce que plus on avançait dans la saison 01, plus je grinçais des dents sur quelques éléments. Notamment la paire Minerva-Ciro, vraiment, je sens que ça va partir en vrille. Au sens écriture du terme. Sans doute dans la série aussi. Mais en vrai, ce que j’ai le plus aimé, c’est qu’à la fin de la série, j’étais incapable de dire pour quel camp j’étais. Sans doute celui de Max et Asia sauf que ce camp-là, c’est potentiellement le camp des riches et je peux pas les blairer. Notamment Frida et Guillermo. Mais j’ai pas envie que Minerva et Ciro gagnent même si, certaines de leurs victoires m’ont fait plaisir. C’est la confusion. Mais pour le coup, une confusion que j’ai aimé et c’est cool.