Il y a des clichés, tu te demandes sincèrement comment ils peuvent exister vu comme ils puent. Comme celui que je vais vous présenter aujourd’hui et que vous avez certainement croisé. Vous savez, cette scène dans une série ou un film où deux personnages s’embarquent dans une embrouille bizarre ou une tentative de drague audacieuse et très vite, ça vire au “ahah, comment ça va, mon vieux ?” ou “ah mon chéri, comment ça va ?”. Oh genre, ils faisaient semblant de ne pas se connaître alors que si. Ahah… tuez-moi. C’est débile parce que… personne ne ferait ça dans la vie et que c’est juste une introduction nase de personnage.
Supacell, une série pleine de clichés
Cet été, j’ai regardé Supacell. C’était franchement pas terrible. Si ce n’est l’incroyable accumulation de clichés. Comment on peut accumuler autant de clichés en si peu de temps ? Le coup de faire semblant de ne pas se connaître, il y est deux fois. Deux. Pour introduire la meuf du héros et son meilleur pote. Le tout dans le même épisode. On a aussi un coup de feu qui part tout seul et je suppose qu’il doit y avoir un rêve qui te fait croire que ça se passe vraiment mais en fait, non. Ah non, le héros voit sa mort prochaine pour pouvoir y échapper… Ou des flash forwards. Je ne me souviens déjà plus. En fait, la série déborde tellement de clichés qu’on a vérifié avec mon mec qu’elle n’avait pas été rédigée par une IA.
Une histoire de jus d’abricot
Supacell n’est pas la seule série à jouer ce petit “hihi, on fait semblant de ne pas se connaître pour… ?”. Alors pour le coup, dans Supacell, ça n’a vraiment aucun sens, vu que les personnages sont seuls. Idem pour Torque, un film nul que j’ai pas vu mais la revue de Not serious est ici. Mais souvent, les personnages veulent s’amuser des autres. Une scène dans un café parisien. Une femme est assise dans un café, observée sans s’en rendre compte par un joli garçon. Il décide que si elle commande un jus d’abricot, il irait l’aborder. Et c’est précisément ce qu’il se passe. Il l’aborde alors et c’est un incroyable coup de foudre, notre duo finit par quitter le café et… explose de rire. Et oui, en vrai, ils sont mariés ! Ils adorent rejouer cette scène sous le regard médusé des autres clients. Scène d’intro du film La délicatesse. C’était mieux dans le livre.
Chaleur dans l’avion
Un autre ? Kelly Taylor est assise seule dans un avion quand un joli garçon vient lui parler. Au bout de cinq minutes, les voilà qui se roulent une grosse pellasse et vont s’éclipser dans les toilettes. “Ohlala, comme ils ont trop halluciné les gens”. Hé oui, voici Colin, le nouveau petit ami de Kelly qu’elle ramène à LA et qu’on nous introduit ainsi. Trop drôle les amoureux. Sauf qu’on va poser un truc de suite : tout le monde s’en fout. Personne n’a halluciné parce que personne n’a rien vu. Pareil pour le paragraphe précédent : les gens ne savent pas qui vous êtes, ils n’écoutent pas votre conversation et ne font donc pas attention au fait que vous êtes censés ne pas vous connaitre. Surtout que pardon mais Colin, il était pas assis à côté de Kelly au décollage ? Ou alors il a pris deux places pour pouvoir jouer cette petite scène qui n’intéresse personne ? Regardez dans Détresse en plein ciel. L’héroïne embrasse un beau gosse qui disparaît et personne n’a rien vu. Parce que tout le monde s’en fout. Je veux dire, vous en connaissez beaucoup des gens qui scrutent des inconnus pour voir ce qu’il pourrait se tramer entre eux ? A part moi, je veux dire parce que j’adore observer des paires de gens pour essayer de déterminer s’il y a un peu de chaleur entre eux. C’est fou comme je déteste les fictions de romance alors que j’en vois littéralement partout.
On ferait comme si j’étais un méchant violeur, hihi
Ca m’est déjà arrivé de jouer un peu ce je-là avec mon mec genre arriver vers lui et sortir un “Bonjour monsieur, je vous trouve bien beau” ou je ne sais quoi mais ça dure littéralement deux secondes et c’est pas un spectacle pour des lambdas qui n’en auront de toute façon rien à faire. C’est pour ça que ça m’agace ce genre de mise en scène, ça me casse littéralement la suspension consentie de l’incrédulité. Y avait un téléfilm comme ça, qu’il faudrait que je retrouve pour en faire un article. L’héroine est une psy, genre profileuse, et il y a un tueur en série. Un soir, elle rentre chez elle et qui que voilà derrière elle ? Le tueur. Qui semble donc la violer contre le chambranle de la porte jusqu’à ce qu’elle sorte un truc genre “t’es con, tu m’as fait peur”. Je ? Quoi ? Alors là, c’est la version hardcore du “on fait semblant de ne pas se connaître”. Il y avait un épisode de Dr House, comme ça, il me semble où le cambrioleur-violeur est en fait le mari qui fait une attaque. Je me demande s’il n’y a pas la meme connerie dans un Les experts, le Las Vegas, je crois. Alors je ne juge pas les fantasmes de couples, chacun sa came. Par contre, m’imposer une scène de viol pour me sortir un “hihi, c’est pour de faux”, pardon mais je juge fort les fantasmes malsains des mecs qui ont écrit l’épisode. Allez vous palucher sur un hentai ou deux . Vous reviendrez quand vous serez calmés.
Ecrivez des personnages qui pourraient exister
Bref, quand je dis que mon graal narratif, c’est la sincérité, ça veut dire “écrire des scènes qui pourraient se passer dans la vraie vie ». Parce que Jason et Billy qui s’insultent en mode “deux inconnus s’embrouillent avant de se taper dans le dos », je n’en peux plus. Ca n’a aucun sens. A part, éventuellement, se dire en face toutes les saloperies qu’on pense de l’autre sous prétexte de jeu. Je dis pas que c’est facile d’introduire un personnage. Mais cette façon de procéder, définitivement, c’est nul. Et bien trop cliché pour être surprenant en plus.
