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Un espion à l’ancienne : une comédie peut-elle faire pleurer ?

Je ne suis pas quelqu’un qui me tient vraiment au courant de l’actualité des séries. Déjà parce que je suis une spectatrice peu assidue. Ma consommation de séries tient plus du hasard et du catalogue Netflix qu’autre chose. Parfois, des excursions sur Arte ou France TV. Donc quand je lance une série, je n’ai souvent que l’affiche et le court résumé. Sachant que sur Netflix, certains résumés ressemblent à “cette série a été nommée à tel truc et y a un acteur un peu connu dedans”. Oui, ok, mais ça parle de quoi ? Du coup, quand on voit une nouvelle série avec des acteurices de The good place et Brooklyn 99, on lance sans hésiter. Et Un espion à l’ancienne était fort prometteur. Mais pourquoi j’ai une boule dans la gorge sur la moitié des épisodes ? 

Un espion à l'ancienne

L’histoire. Il y a un nouveau venu à la maison de retraite ! L’élégant Charles, accompagné de sa fille Emily, vient poser ses bagages dans une résidence cossue pour senior. Sauf  qu’en réalité, Charles est un espion ! Il est embauché par Julie, une détective privée qui a pour mission de découvrir qui a volé un collier précieux à la maison de retraite. Charles part donc mener l’enquête mais il ne va pas tarder à s’attacher aux habitants de la maison de retraite. Au point, parfois d’en oublier sa mission.

Ted, la coqueluche de la résidence senior

Pourquoi avons-nous lancé cette série ? Parce que nous avions en tête d’affiche Ted Danson qui jouait Michael dans The Good place et Stephanie Beatriz aka Rosa dans Brooklyn 99. On a toujours un peu de mal à trouver des séries comiques avec mon mec. Notre came, outre The good place et Brooklyn 99 ? The office, série qui a pu me faire littéralement pleurer de rire, notamment la scène de la fausse alerte incendie. Quelques épisodes de Community ou de Working Moms. The crazy ex girlfriend, aussi. Par contre, on n’a pas réussi à dépasser l’épisode 02 de The unbreakable Kimmy Schmidt, mettant pourtant en scène Ellie Kemper vue dans The office, justement. Ou Superstore. Parce que ça va trop vite, trop caricatural. Je ne m’attache pas aux personnages et j’ai la sensation qu’il y a un fond de méchanceté. Notamment dans Superstore où il y a le personnage de la virile Dina amoureuse en secret du héros. Tu peux écrire un personnage féminin brusque et peu amateur de flonflon sans tomber dans la caricature. Genre Rosa de Brooklyn 99. Boucle bouclée !

On lançait donc Un espion à l’ancienne avec attente. Et les premiers épisodes nous ont servi ! Je commençais même à me dire que la vie dans une résidence senior cossue avait de sacrés avantages et commençais à me renseigner pour adopter un gamin pour qu’il nous paie cette fin de vie. Quand je vous dis que la vie de retraitée, c’est la meilleure ! Et puis la série a pris un tour très réaliste. Une maison de retraite, même cossue, c’est aussi la maladie. Alzheimer, cancers… voire la mort. Des moments qui font piquer les yeux et forment une boule dans la gorge. Parce que cette comédie n’est pas qu’une farce mais une vraie comédie humaine avec des sujets parfois légers mais aussi graves. 

Un espion à l'ancienne

Sur le coup, je me suis dit “hé, une comédie doit juste me faire rire” mais ça se discute. J’en avais parlé à l’époque sur la série Crazy Ex girlfriend qui me mettait vraiment de bonne humeur et me faisait bien marrer mais quelques épisodes sur la maladie du personnage principal m’ont fait mal à l’âme. Notamment la scène où, en pleine crise, elle balance des horreurs à ses amis. J’ai haï cette scène du plus profond de mon coeur. Si je dois revoir cette série, je passerai ce passage. Alors que la fin de The good place m’a fait mouiller les yeux mais c’était une émotion douce, que je pourrais revoir. 

The good place

Déjà, dans les sitcoms des années 90, il y avait quelques épisodes que j’ai détestés. Un exemple : la séparation de Ross et Rachel dans Friends. J’ai détesté cet épisode car il m’a rendue triste en regardant une série qui me faisait vraiment rire. Dans Friends, les personnages traversent des moments difficiles : Ross et Monica perdent leur grand-mère, Monica perd son emploi de façon abrupte puis plonge dans une énorme déprime après sa séparation d’avec Richard. Les parents de Rachel divorcent et son père est victime plus tard d’une attaque… Cependant les sujets graves de Friends étaient généralement balayés dès l’épisode suivant, les personnages finissant par rebondir. Sauf la séparation de Ross et Rachel. J’ai lu quelque part que les deux acteurices avaient été bouleversés de jouer cette scène et en avaient pleuré. Et franchement, je déteste ce passage précisément parce qu’il sonne trop vrai. Parce que le vernis rose bonbon de la comédie vole en éclat et qu’on découvre de la noirceur dessous. Dans le même ordre d’idée, je peux citer la mort du père de Marshall dans How I met your mother, l’épisode où Will et Carlton sont victimes de racisme dans le Prince de Bel Air. J’ai un souvenir précis d’un dialogue entre Carlton et son père. Carlton se demande si les policiers ont eu raison de les arrêter et questionne son père. Il lui répond “moi aussi, je me suis posé la question la première fois que j’ai été arrêté”. Silence glaçant. 

La rupture de Ross et Rachel

Même dans Sauvé par le gong, y a un épisode où Jessie, l’intello forçat de travail devient dépendante aux pilules de caféine. Anecdote : à la base, ça devait être des amphets mais la prod s’est dit que c’était un peu violent dans une production pour ados. Sauvés par le gong, c’était quand même une série assez débile sur le papier, avec des situations ubuesques. Et pourtant, même là, il y avait des moments tristes. Notamment la rupture entre Zack et Kelly. Même si, ok, c’était loin d’être aussi intense que les autres références sus-nommées. Et c’est là que je réalise que ces séries comiques, je m’en souviens surtout pour les notes discordantes, ce moment où les scénaristes ont posé leur nez de clown pour nous rappeler que la vie, ce n’est pas que du rire. 

Sauvés par le gong, Jessie se drogue

Un espion à l’ancienne est une série réussie. Les moments comiques sont vraiment bons, les acteurices impeccables. Ca m’a d’ailleurs fait plaisir de découvrir Stephanie Beatriz dans un rôle radicalement différent et voir qu’elle s’en sortait à merveille. Peut-être que, finalement, j’avais plus besoin de quelque chose qui me touche en plein coeur plutôt qu’une simple comédie superficielle. Ce qui explique d’ailleurs peut-être pourquoi je boude la plupart des sitcoms. Un espion à l’ancienne est l’une de ses (rares) séries que l’on regarde et que l’on oublie pas. Un histoire touchante et inspirée qui m’a, par ailleurs, grave donné envie d’aller à San Francisco. Une série écrite par des gens qui aiment sincèrement leurs personnages et ça, ça change tout. Bref, au cas où vous ne l’auriez pas compris : c’est un immanquable. Mais à regarder à des moments où le moral va.

Nina

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