Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

La passion du roman rédemption

Ah que j’aime parler du fait d’écrire des romans alors qu’en ce moment, je ne le fais pas du tout. Pourtant, ça fourmille dans mes doigts, je sens la fleur de l’inspiration prête à éclore. Reste que je n’ai pas encore décidé sur quelle histoire j’allais me lancer et que ce n’est pas encore intégré à ma routine. Ca viendra. Quoi qu’il en soit, le roman qui me chatouille le plus d’écrire en ce moment, c’est la reprise de mon projet Audrey. En gros, l’histoire d’une meuf de 27 ans qui se fait larguer et qui vit ça comme l’effondrement de son monde. Après les larmes, elle va se relever. Le vrai roman rédemption. Et plus que l’histoire d’Audrey, c’est ça que j’aime écrire : des personnages qui chutent et se relèvent.

La chute permet la rédemption, femme roulée en boule au sol

Dans ma vie, j’ai eu des mauvaises passes. Comme tout le monde, oui. L’ère 2010-2011 avait été pas mal compliquée à gérer. Pour la faire courte : mi 2010, je quitte un job qui m’a fait découvrir le burn-out et le lexomil pour un job avec ma première manager toxique. Fin 2010, en quelques semaines, je perds mon job, mon mec et ma meilleure amie. Personne n’est mort mais tout ça s’est goupillé en quelques semaines. J’ai poursuivi 2011 avec un été en béquilles et la mort de ma grand-mère le 24 décembre. C’était tout elle, ça, de gâcher la joie. 2012 avait été un peu tendax jusqu’à novembre, je dirais. Donc bon, je suis sortie de ce tourbillon un peu éreintée. Avec le recul, je sais que cette rupture de début 2011 était une bonne chose pour moi, je n’étais pas heureuse dans cette relation. Et évidemment, se faire sortir d’un job toxique est toujours une bonne nouvelle. Mais ça, je le dis 13 ans plus tard, facile.

Surmonter les épreuves de la vie avec de la glace

A cette époque-là, j’ai imaginé plusieurs récits autour de ça. Ca commençait souvent de la même façon. L’héroïne s’en prend plein la gueule et soudain, elle renverse la table en hurlant. Essentiellement dans sa tête, comme cette scène de Medium déjà citée parce que ça m’a profondément marquée. Elle pète un câble dans sa tête sur la musique de Bittersweet symphony. Puis pour Audrey, j’ai cherché une “chanson de rupture” qu’elle pourrait écouter. Vous savez, cette chanson que l’on écoute en boucle pour pleurer en mode “mais pourquoiiiii il m’a quittée ? Pourquoi personne ne m’aiiiiime ?”. Là encore, pour une raison que j’ignore, une chanson s’est imposée à moi : Wrecking ball. De Miley Cyrus, oui. Vraiment, quand j’imagine la rédemption d’Audrey, c’est forcément cette chanson qui me vient en tête. Une évidence.  Surtout que l’explosion du refrain après un petit couplet lancinant illustre parfaitement le sentiment que j’ai envie de raconter.

La rédemption, c'est de tout casser. Miley casse tout dans son clip Wrecking ball

Je l’ai déjà dit sur les comédies romantiques qui sont une histoire de mue, j’aime les personnages qui se réveillent à un moment et évoluent dans leur vie. Pendant des années, j’ai affirmé que je n’étais jamais aussi bonne que dans le rebond. Plus la vie me bousculait, plus je me rétablissais avec grâce. Dans ta gueule, la vie. Tu croyais que tu allais me faire chuter définitivement ? Non, non, non. Une force de caractère ? Plutôt de l’orgueil bien placé, pour une fois. De la colère, aussi. Vous savez, ce sentiment qu’on ne mérite pas tant de déveine et qu’on va prouver au monde, à l’univers ou à qui vous voulez qu’on vaut mieux que ça. Entamer sa rédemption. Et à la fin, on ne finira peut-être pas avec le prince charmant ou le meilleur job du monde mais on sera en paix avec nous-mêmes. La meilleure happy end. Je me choisis moi.

Femme qui marche dans la rue, heureuse et souriante

Les romans rédemption font du bien. Certains trouveront ça niais. Moi-même, je ne suis pas fan de ce trope dans les comédies romantiques parce qu’on sait très bien comment ça va se terminer. L’héroïne pleure parce que son mec vient de partir mais tkt, le prochain qui passe dans la rue sera le bon. Tu l’enverras bouler quand il te tendra un mouchoir mais à la fin, tu l’aimeras. Alors que mon roman Audrey, le but n’est pas tant de raconter ça vu que j’ai pas encore décidé avec qui elle terminerait. Oui, elle, elle va terminer avec quelqu’un. Alors que si je fais entrer ses copines dans la danse, là, la happy end n’est pas garantie pour tout le monde. Mais ce genre de roman fait du bien parce qu’il nous rappelle que les larmes finissent par se tarir, que les loses ne sont pas éternelles. C’est pour ça que dans ces grands moments de déroute, dans ma vie, je me suis dit “ok, meuf, c’est le moment, prends ta plume”. Un peu comme la chanteuse Rose qui a écrit tout un album sur une rupture ou Rosalie Vaillancourt qui a fait un sketch autour des lentilles oubliées de son ex et l’apprentissage de la vie solo comme la construction d’une table. Ce sketch sera adapté dans mon roman parce que j’en aime la chute.

Rosalie Vaillancourt construit une table toute seule

Le roman de rédemption, c’est cet art délicat de transformer la merde en or. Partir d’une situation difficile, voire très difficile, et raconter comment son personnage se relève. Parfois, c’est “juste” une rupture ou un licenciement. Des épreuves mais personne n’est mort. D’autres fois, justement, quelqu’un meurt comme dans Les gens heureux lisent et boivent du café ou La délicatesse. J’ai d’ailleurs commencé un nouveau roman d’Agnès Martin-Lugand et… je sais pas si c’est le hasard mais l’héroïne est trauma par le suicide de ses parents. Ah, pour sûr, il y a des situations dont il est plus difficile de se relever… Je me sens moins radicale pour mes histoires de rédemption.

Veuve triste pleure à l'église

Bref,  j’ai envie d’écrire un truc un peu sympa, un peu joli. Dans la série de transformer la merde en or, j’ai cherché comme transposer ma vie professionnelle en sorte de roman parfait à adapter en téléfilm. Genre la meuf rencontre un mec avec qui ça se passe bien. Tout n’est pas parfait mais elle sort d’une longue suite de relations toxiques donc un mec juste normal, gentil et rigolo, elle est aux anges. Mais un jour, il change radicalement et devient odieux. Quelle est cette croquette ? Alors au début, j’avais imaginé l’histoire du jumeau maléfique genre : y avait vraiment un mec bien et un tout pourri. Aka la boîte qui nous a racheté, tu saisis le parallèle ? J’étais super motivée par mon histoire de jumeau maléfique mais je me suis souvenue que c’était mot pour mot le pitch d’une des intrigues de Sunset Beach donc… D’ailleurs, est-ce que quelqu’un va se décider à mettre Sunset Beach disponible quelque part ? J’ai besoin de revoir ce truc. Bref, je sais pas trop comment écrire mon histoire “c’est mon histoire pro mais je fais genre que c’est un thriller façon téléfilm”. Ou alors j’écris un roman sur une héroïne qui était dans une chouette boîte avant un rachat et qui imagine écrire un roman avec un jumeau maléfique pour rentabiliser sa lose.

Ben et Derek dans Sunset Beach

Oui, sans doute qu’il faudra parler un jour de la mise en abyme de nos vies dans ce que l’on écrit. 

Nina

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