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Il miracolo, quand la vierge pleure du sang

Ça vous dit une petite série mystique qui parle aussi de rédemption, de politique et de justice ? Justice de la vie, hein. En recherche d’une nouvelle série à mater, et lassée des toujours mêmes suggestions sur Netflix, je pars fouiller le catalogue Arte. Ah, cool, une dystopie. Me voici donc à mater Anna de Nicolo Ammaniti, une série plutôt bien réalisée. Et voici qu’autre me propose Il miracolo du même Ammaniti. Pas de dystopie ici mais une série follement mystique. Et bah go, alors.

Il miracolo de Nicolo Ammaniti

L’histoire. La vie est compliquée pour Fabrizio Pietromarchi, président du Conseil Italien. Son mariage avec l’impétueuse Sole prend l’eau et il a plongé l’Italie dans l’instabilité en proposant un référendum sur une sortie de l’euro. Alors que ce référendum semblait prendre des allures de plébiscite, il est en train de se transformer en marasme. Alors que Fabrizio est un peu préoccupé, une Vierge qui pleure du sang est retrouvée chez un mafieux. L’apparition de cet objet va bouleverser la vie de Fabrizio et de sa famille mais aussi celles de ceux en contact avec cette Vierge miraculeuse.

Il miracolo, la vierge pleure du sang

La série nous montre dès le premier épisode les péchés des protagonistes. Fabrizio, c’est le péché d’orgueil. Sole, son épouse, c’est la luxure. Le padre Marcello, un prêtre qui a perdu la foi, c’est… le jeu, l’alcool, le sexe. Bref, la série démarre avec des personnages en petite forme, dirons-nous. Et la Vierge va créer de vraies crises de foi chez ceux qui vont la croiser. Examens de conscience, retour de la foi, doute… et stratégie politique car en ces temps de crise, cette Vierge qui pleure du sang peut-elle être un atout pour Fabrizio.

Il miracolo, Fabrizio Pietromarchi

La série va nous proposer plusieurs arcs. Tout d’abord un volet scientifique. A peine la Vierge trouvée, elle va être isolée dans une piscine désaffectée pour comprendre le phénomène. Très rapidement, il est acquis qu’il n’y a pas de truc, la petite statuette produisant des tonnes de sang sans s’arrêter. Les scientifiques, dont Sandra, vont essayer de comprendre à qui pourrait appartenir ce sang via des analyses ADN. Sandra a son propre arc narratif. Elle est une sorte de Sainte qui se sacrifie pour s’occuper d’une mère mourante qui ne l’aime pas. Les scènes de Sandra au chevet de sa mère m’ont vaguement fait penser à la scène de Katia, personne intersexe, qui assiste à la mort de sa mère dans Anna. Mère qui, juste avant de mourir, lui renvoie sa singularité au visage. Sandra est lesbienne, est-ce pour cela que sa mère la rejetait ?

Sandra enquête sur le sang de la Vierge

La série s’attache beaucoup aux rapports parents-enfants également. Dans la famille Pietromarchi, grosse famille bourgeoise romaine, les enfants sont gardés par Olga, une étrange jeune fille qui fait prier les enfants, organise les funérailles d’une corneille trouvée ou tuée par Alma, la fille aînée de la famille Pietromarchi. Elle passe son temps libre à psalmodier des chants vibratoires dans un centre qui a des airs de secte. Mère peu impliquée et en dérive, Sole va traquer Olga, cherchant la moindre occasion de la faire virer tout en tentant, très maladroitement, de reprendre sa place de mère auprès de ses enfants. 

Sole vs Olga dans Il miracolo

La série tourne beaucoup aussi de l’innocence. Comme dans Anna, la série se construit en deux temps : le récit de la situation actuelle et des flash-backs nous introduisant des personnages qui finiront par rejoindre l’arc principal tôt ou tard. Une narration parfois dérangeante car tu te demandes qui sont les gens dont on est en train de te narrer l’histoire. Dans Il miracolo,  on va ainsi suivre l’histoire d’un mariage impliquant notamment des mafieux. Dans ce mariage, il y a un petit garçon, Nicolino, qui semble avoir un trouble mental. Je n’ai pas identifié lequel. Il est très ami avec la fille cadette du mafieux. Quand le drame survient. Alors que la fête bat son plein, Nicolino arrive en portant à bout de bras le cadavre de la petite fille. Oui, Ammaniti n’a pas de pitié pour les enfants.

Nicolino joue avec les autres enfants

Pendant que Fabrizio sombre, on va donc avoir droit à quelques scènes de Salvo, le père de Nicolino, qui est sommé par le mafieux de tuer son fils pour venger la petite fille. A noter que personne n’a eu l’air de s’intéresser au récit de Nicolino, il est jugé coupable, point. Ces scènes sont particulièrement poignantes et je crois que je les ai détestées autant qu’aimées tellement j’avais de la peine pour les personnages.

Nicolino et Salvo

Car c’est un peu le miracle de cette série. Alors que les personnages ont un potentiel d’antipathie fort élevé, leur traitement nous fait développer des sentiments pour eux. Dans le premier épisode, Sole est absolument insupportable. Elle ne veut pas aller à une soirée caritative puis demande à l’assistante de son mari d’échanger sa tenue avec elle car une autre femme porte la même robe qu’elle. Puis va se taper un ténor français dans les toilettes. En parallèle, on voit le padre Marcello boire, jouer et forcer une très jeune fille à le branler. Ouah, des personnages attachants, dis donc. Mais Il miracolo ne parle pas tant d’une Vierge qui pleure du sang que de rédemption et de pardon. 

Le padre Marcello prend le métro

La série aime jouer aussi sur les apparences. Avec Alma, la fille Pietromarchi qui semble avoir quelques tendances psychopathiques. Il miracolo étant attaché à la notion de filiation et d’héritage, on découvre que Sole n’est finalement que la digne fille de sa propre mère et on peut s’attendre à ce qu’Alma glisse sur la même pente. A moins que la petite fille ait droit à son pardon. Pour la version ultime de la petite-fille psychopathe, on aura Angelina dans Anna. A un moment, on a aussi droit à un homme qui pourrait être celui de l’ADN de la Vierge, une sorte de Jésus ? Sauf que je vais pas spolier mais ce Jésus-là, personne ne l’aurait suivi…

Le mafieux récupère la vierge qui pleure

Réalisée par Niccolo Ammaniti qui est également l’auteur du roman Il miracolo, la série propose des plans inspirés. Même si j’ai trouvé Anna, adaptation d’un roman d’Ammaniti par Ammaniti, un peu plus inspirée sur le plan esthétique. Ammaniti a une patte, quelque chose qui marche. Déjà, une actrice fétiche, Elena Lietti, qui joue ici Sole et Maria Grazia, la mère d’Anna, dans la série du même nom. On retrouve une construction similaire avec des flash-backs en introduction d’épisodes apparemment déconnectés de l’arc principal puis une fin d’épisode sur un titre musical faisant partie ou non de la diégèse. D’ailleurs, une de mes seules critiques sur Il miracolo : le mixage sonore assez peu équilibré avec des passages musicaux vraiment tonitruant. Et le fait que Monica Bellucci joue dans la série, certes un minuscule rôle mais pas le sien, alors qu’elle est nommée par ailleurs comme exemple de beauté italienne. Huh ?

Monica Bellucci est la Vierge

Bref, je vais vous conseiller de regarder Il miracolo et Anna parce que j’ai aimé ces séries. Et j’ai envie de retourner en Sicile, lieu de tournage d’Anna, maintenant.

Nina

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