Un matin d’août, je marche tranquillement vers mon bureau, perdue dans mes pensées. Je réfléchissais un peu à mon histoire d’Audrey qui me re-chauffe de plus en plus donc j’ai plein de petites histoires en tête et je me demandais comment je pourrais agencer tout ça pour que ce soit lisible. Et puis une petite révélation a fait son petit chemin dans ma tête : mais on s’en fout en fait. Déjà parce qu’il faut que je me reconnecte au pourquoi j’écris depuis tant d’années : pour le plaisir. Un plaisir solitaire.
L’écriture pour se soulager
Pourquoi je parle de plaisir solitaire ? Pour attirer des lecteurices coquin·es ? Bah non vu qu’ils resteraient cinq secondes sur cet article avant de se barrer car il n’y aura pas de sexe. Par contre, je vais citer une petite série de strips de Melaka qui raconte l’ouverture de son couple. Ca va raccrocher les wagons, un peu de patience. Elle raconte donc qu’elle est frustrée dans son couple et pour se “détendre de la frustration”, elle s’est lancée dans des illustrations érotiques. Et c’est là que j’ai percuté. Non, je ne veux pas écrire pour gérer une quelconque frustration sexuelle. Même si l’écriture a un pouvoir super intéressant là-dessus et peut-être que j’écrirai sur ce sujet à l’occase mais pas aujourd’hui. Bref oui, à la base, mon écriture est un acte de soulagement. De soulagement de mon imagination.
Des histoires en tête depuis des décennies
Pourquoi cette histoire d’Audrey revient régulièrement me titiller ? Parce que c’est un agglomérat de plein de petites histoires que j’ai en tête, collectée au fur et à mesure de mes rencontres. Des trucs que j’ai vécus, des trucs qu’on m’a racontés, des trucs que j’ai imaginés. Ca fait bien dix ans qu’il y a tout ça qui tourne dans ma tête. Mais à chaque fois, je me dis “ouais mais comment organiser ça, comment ce serait intéressant ?”. Spoiler : on s’en fout en fait. Vous savez pourquoi je suis plus rigoureuse sur l’écriture de mes blogs que sur n’importe quoi dans ma vie ? Parce que ça me purge le mental.
Se tripoter l’imagination
C’est ça que je veux dire quand je parle de l’écriture comme plaisir solitaire. C’est littéralement se tripoter l’imagination pour en tirer du plaisir. Quand j’étais au chômage, l’an dernier, j’avais ce petit rituel d’écrire pendant une heure sur des airs de Beethoven, Mozart, Vivaldi, Dvorak et tous leurs amis. J’avais notamment débuté l’écriture d’un roman que j’ai en tête depuis 25 ans, au moins. Et sur le coup, j’étais euphorique d’écrire ce roman. Même si j’avais conscience que c’était peu vendable. Puis j’ai trouvé du boulot et ça a été terminé. De la même façon, mon roman de romance politique, je l’ai stoppé quasi du jour au lendemain quand j’ai pensé au long travail de réécriture. Envolé le plaisir car j’y ai mis un enjeu. Et pas le bon.
Des romans terminés dans le tiroir
D’autant que des romans terminés qui ne seront jamais rien d’autre qu’un fichier dans mon google drive, j’en ai pléthore. J’avais vaguement entrepris la réécriture d’Augura mais j’avais laissé tomber par manque de temps. Et puis, il y a deux autres romans, Uchronia.inc et Et la terre s’ouvrit en deux. Respectivement 265 et 274 pages. Ces deux romans sont nés de la même impulsion : un matin je me suis réveillée avec une idée précise et je me suis sentie obligée de l’écrire. Pour Uchronia, l’idée était un peu vague : j’avais le nom de l’entreprise et le nom de l’héroïne. Pour Et la Terre…, mon idée était un peu plus précise : j’avais le prénom de l’héroïne et les grandes lignes de l’intrigue. Ah oui, un monde rendu infernal par des éruptions volcaniques en chaîne qui ont délivré d’étranges créatures… Bon, après un peu de recherches, j’ai pu constater qu’un hiver volcanique n’avait rien d’infernal et à la réflexion, ça ne pissait pas bien loin mais j’avais cette histoire en tête, je l’ai accouchée et une fois le point final apposé, je suis passée à autre chose.
Allez, on arrête de tergiverser
Alors je crois que je vais me lancer dans cette écriture en mode plaisir solitaire, m’accorder du temps pour me faire plaisir. Faire jaillir mes idées, les sortir de mon imagination sans m’angoisser d’un éventuel après. Déjà en reprenant cette petite habitude d’écrire avec de la musique classique parce que ça me met dans un état de petite transe assez exaltante. Et on va bel et bien partir sur Audrey car il y a de la rédemption au coeur de cette histoire.