Qu’est-ce qu’un bon livre ? On pourrait lister mille qualités et détails qui font d’un ouvrage un bon roman mais pour moi, simple lectrice, il y en a un qui veut tout dire : la difficulté à le lâcher. Ou plutôt cette volonté de le reprendre à la moindre occasion. Et ça peut même arriver avec des livres que je ne trouve pas si ouf. Mmm, c’est quoi donc, le pouvoir d’attraction de ces livres que je ne lâche pas ?
Picorer des romans à toute heure
Il y a quelques mois, j’ai pris un abonnement à Nextory en plus de celui que j’ai à Audible. Le dimanche cuisine-livres audio, c’est sacré et ça me coûte moins cher d’avoir ce double abonnement plutôt que de me racheter des livres audio en plus de mon abonnement. Et le catalogue est sensiblement différent. En prime, sur Nextory, j’ai droit à des Ebooks. Je me suis donc amusée à m’inventer des “lectures du temps perdu”. A savoir des livres que je lis soit en attendant que le café coule au bureau, soit aux toilettes. Plutôt aux toilettes du bureau parce qu’à la maison, j’y lis mes BD. Too much information… Bref, ça, c’est la théorie.
Mes lectures en fonction de ce qui me séduit le plus
Parce qu’en pratique, ça ne marche pas de manière si fluide et tranchée. En théorie, je lis trois livres en même temps. Un papier, à lire avant le coucher, un sur liseuse dans le tram et un sur mon smartphone. Plus des BD. Mais, selon l’intérêt que je ressens pour l’un ou pour l’autre, il peut y avoir des variations. Ainsi, début juillet, j’ai commencé sur ma liseuse Sans nouvelles de Gurb, un livre surréaliste espagnol assez court. Rigolo au début mais qui devient rapidement lourd et répétitif. Et puis ma liseuse n’a plus eu de batterie… Et puis il fallait que j’achète des ebooks car je n’arrive plus à charger ceux que j’avais sur mon pc. Bref Gurb attendra, je vais plutôt lire mes romans sur Nextory. Une série de trois bonnes pioches. Glace de Christine Féret-Fleury, A la lumière du petit matin d’Agnès Martin-Lugand et Ainsi gèlent les bulles de savon de Marie Vareille. Non seulement je les lisais dans le tram mais aussi à la fin de ma pause dej quand mes collègues jouaient au baby-foot. Ce qui ne devrait plus vraiment arriver vu qu’il va nous rester deux joueurs… A une époque, ils étaient six. Aux toilettes, chez moi, il fallait que la BD soit bonne. Vertigeo et Mécanique Céleste ont eu mes faveurs (surtout le volume 1), Clear ou Les Chevaliers du Zodiaque, moins. Je picorais quelques pages au petit déjeuner et il m’est même arrivé de lire quelques pages pendant le travail, quand je chopais mon téléphone entre deux dossiers. La lecture plutôt que de glander sur Insta, c’est oui.
Une bonne habitude ou juste des romans bien ficelés ?
Sauf que. Je me suis un temps demandé si cette frénésie de lecture n’était pas juste lié à une habitude. Une bonne habitude en soi. Alors que je rédigeais le texte de ma conférence Tedx sur comment j’ai abandonné les vilains réseaux sociaux pour la lecture, j’ai terminé Ainsi gèlent les bulles de savon; J’ai commencé un nouveau roman et… Aux toilettes chez moi, j’ai repris et terminé la lecture de Clear. Il m’arrivait même de ne pas ouvrir mon appli pour… aller sur les réseaux sociaux. Oh damned, ma méthode miraculeuse a échoué. L’explication est simple : ce roman ne m’intrigue pas. Je m’en fous tellement qu’à un moment, un personnage parle de Leonor. Oh non, encore un personnage… Ah non, c’est l’héroïne. Ca me fait penser à Un monde après l’autre de Jodi Taylor où je m’obstinais à croire que l’héroïne s’appelait Madeleine alors qu’elle s’appelait Lucy. Je veux pas me la jouer donneuse de leçon ou quoi mais quand ton audience ne retient pas le prénom de ton personnage principal, c’est quand même mauvais signe.
Un roman que je ne recommanderais pas… mais que j’ai pas lâché, finalement
Ce qui est curieux, c’est que j’ai lu avec rigueur et attention A la lueur du petit matin. A choisir entre ce roman et Bluesky, Instagram ou des vidéos extraites de séries des années 90 diffusées en réel sur Facebook (…), je préférais lire. Pourtant, je savais très bien où allait le roman. J’attendais juste un rebondissement et arrivée à 95% du livre, je savais que ça allait faire plop. Je ne trouvais pas l’héroïne hyper sympathique, surtout qu’elle ne respectait pas du tout l’intimité d’un autre personnage. Peut-être alors que j’aimais juste me plonger dans cette vie de meuf qui tient son petit gîte dans le sud et que ça m’envoie du rêve. Mais du coup, moi qui ne voyais pas trop l’intérêt de recommander ce livre, je vois les choses différemment. Oui, dans l’absolu, un roman de rédemption un peu niais sur une meuf bourgeoise assez égocentrique et qui surprend peu, c’est pas l’idéal. Mais ça peut convenir à quelqu’un qui a besoin d’air dans sa vie. Je crois même que ça peut être un très bon roman de rupture. Vous savez, quand vous êtes un peu bloqué·e dans votre vie et que vous avez besoin de lire l’histoire de quelqu’un qui passe la seconde. J’avais eu ça avec Les yeux jaunes du crocodile de Katerine Pancol. Bon, moi, j’étais en bad à cause de mon chômage mais c’était ce même élan. Parfois, la vie c’est nul mais paraît que ça peut s’améliorer.
Aucune recette magique ?
Bref, je ne saisis pas l’ingrédient magique qui me fait m’obséder d’un livre. Pourquoi il y a ces livres que je ne lâche pas et ceux que j’oublie dans un coin ? Un peu comme quand on tombe en amour finalement. On ne sait pas bien le pourquoi de nos sentiments pour cette personne-là. Mais peu importe, tant qu’on a l’exaltation, cette envie de grignoter des pages à la moindre occasion. Et le fait qu’il n’y ait pas de recette magique est une bonne nouvelle en soi. Ca laisse un peu de place à la poésie, à la magie d’une audience si captivée qu’elle met à profit chaque minute libre pour lire. Je vous jure que ça vaut tous les réels tirés de Friends. Quoi que si c’est sous-titré en anglais, ça peut aider à parfaire son vocabulaire…
Un commentaire sur “Ces livres que je ne lâche pas”