Car-ré-ment. Un soir d’hiver, Victor et moi regardons les cartes cinéma car nous planifions de voir je ne sais plus quel film. “Hé, achète notre carte illimitée ! Pour une vingtaine d’euros par mois, tu pourras voir tous les films que tu veux”. Oh, intéressant, c’est rentabilisé en 2 séances à peine ! Sauf que c’est pervers parce qu’avoir deux films bien à l’affiche par mois, c’est tendu… Alors pour pas perdre de l’argent, on ira voir n’importe quoi… et on va tuer le cinéma.

Une spectatrice difficile
Je suis une spectatrice chiante. C’est à dire que sur le papier, il y a peu de films qui m’intéressent. Essentiellement parce que je déteste les récits manichéens où l’on sait dès le début du générique comment ça va finir. Travers que je ne supporte pas en littérature non plus, ce qui me fait bannir dans les deux Arts les romances. Parce que 9 fois sur 10, le monsieur et la madame finissent ensemble dans un monde rose écoeurement sucré et furieusement hétérosexuel. Ou parce que ce nouveau film trop tooooop ressemble aux 15 qui ont été faits avant lui sur le même modèle. Pour que j’accepte de sacrifier 2h de mon temps, car je ne pourrai rien faire d’autre en même temps, et un billet, il va falloir sacrément me motiver.

Payer pour remanger la même soupe
Car je ne vois pas dans le cinéma une activité pour passer le temps. Un peu comme la lecture. Si je veux me faire un jacuzzi du cerveau, je vais lire Closer. Ou, pour en revenir au cinéma, regarder un téléfilm de merde à la télé . Ou une série. Au cinéma, au vu de mon investissement personnel et financier, j’attends d’être amenée dans un spectacle haletant qui m’ébouriffe… Genre un blockbuster ? Non, dans 9 cas sur 10, ce genre de films semble n’être que l’exécution d’un recette sans saveur et surtout sans originalité. Si on en revient à Batman vs Superman. Si on enlève quelques jolis plans, on a quoi ? Un film qui enfile clichés, punchlines, rebondissements incompréhensibles, et scènes vues 30 fois ailleurs. Bref, le taf est fait, le film rentrera dans ses frais car…

Choisir des films pour leur pouvoir divertissant
Les cartes illimitées. Parce qu’on doit aller régulièrement au cinéma pour entrer dans ses frais, on peut même s’instaurer un petit rituel. “Le dimanche, c’est ciné mcDo, hihi !”. Et j’ai remarqué, globalement, que quand tu vas au cinéma parce que faut rentabiliser la carte, le public va aller plutôt voir un truc “qui fait pas réfléchir” qu’un film un peu différent. N’y voyez pas ici un jugement de valeurs de ma part. Quand je dis “public”, c’est parce que, moi, j’ai pas cette carte. Mais quand je suis dans un long courrier, je vais plus regarder Ant Man qu’un film français sur un drame familial à la con. Même si j’avais vraiment aimé Respire de Mélanie Laurent maté dans un Séoul-Paris. Ou des films genre De rouille et d’os qui, je suis certaine, est très bien. Mais je suis rarement d’humeur à regarder des films tire-larmes qu’elle que soit leur qualité.

Choisir le film calibré pour fonctionner
Mais pourtant, je reste à dire que les cartes illimitées tuent la création artistique au cinéma. Parce que mine de rien, vu qu’on va aller plus facilement voir ces films calibrés pour marcher. On ne va pas trop sortir des ornières vu qu’on sait que les gens sont “obligés” de consommer ce type de produits. Et on se retrouve avec une floppée de films nuls avec des critiques mauvaises. Mais qui restent rentables parce que quitte à se traîner au ciné un dimanche matin pour pas perdre de sous avec notre carte illimitée. On va aller voir le dernier film dont on a vu la bande-annonce absolument PARTOUT ces derniers jours. Même si, dans la bande-annonce, on te montre des scènes qui ne sont même pas dans le film (coucou Suicide Squad).

Alors pour sauver le cinéma, on jette les cartes UGC ? Vous en pensez quoi ?